Professeur de physique en temps normal, Jérôme Mathey est un bricoleur à ses heures perdues. Il confectionne des masques en 3D qu’il compte distribuer aux personnes dans le besoin à Tsingoni, en attendant de pouvoir en produire à plus grande échelle. Autre mission solidaire : la réalisation d’un mégaphone accroché sur un drone pour diffuser des messages de confinement dans les quartiers inaccessibles de Mamoudzou.
Après Angus MacGyver, voici Jérôme Mathey. À Mayotte depuis dix ans, il jongle entre son métier de professeur de physique et son activité de robotique et de drone, mêlant l’électronique et l’impression 3D. Et alors que la propagation du Covid-19 inquiète les plus hautes autorités et la population mahoraise, il décide de mettre son expertise à profit de la communauté et ainsi apporter sa pierre à l’édifice. Tout simplement en confectionnant des masques de manière originale… Avec une imprimante et des filaments ! « J’ai un stock de dix kilos de plastique, il m’en faut cinquante grammes pour en réaliser un », souligne-t-il. Si le délai de fabrication s’élevait à quatre heures il y a encore quelques jours, une récente mise à jour lui a permis de réduire de moitié la durée de conception. Et à quoi ressemblent ces précieux sésames ? « C’est un bandeau que l’on pose sur le front avec un écran transparent, à l’image d’un masque de débroussailleuse. »
Seule ombre au tableau : sa faible capacité de production. Il n’a actuellement que cinq masques en sa possession. « J’ai proposé mes services sur Internet pendant une semaine mais je n’ai eu aucun retour. Les réseaux sociaux sont submergés et les informations circulent extrêmement vite », pointe-t-il du doigt, alors que son ami polynésien Raitiny Rey a reçu une commande de 10.000 masques. Néanmoins, Jérôme Mathey ne désespère pas que le vent tourne et a surtout conscience que la demande est forte, notamment chez « les forces de l’ordre », dit-il. « À minima, je les distribuerai à ceux qui en ont besoin à Tsingoni, comme les policiers municipaux et les commerçants. » Et en attendant de réunir sous forme de collectif des individus dans la même situation que lui pour augmenter le volume, il continue de prendre la température auprès des entreprises spécialisées dans l’impression 3D, l’instar de 3Découpe qu’il devait rencontrer samedi après-midi. Autre bonne nouvelle : « Le groupement des entreprises mahoraises des technologies de l’information et de la communication vient de me confirmer que la chambre d’industrie et de commerce avait une imprimante. Je vais également contacter le délégué au numérique du rectorat car les professeurs de technologie ont du matériel similaire dans leurs établissements. »
Des opérations aériennes pour la ville de Mamoudzou
Mais ce n’est pas la seule corde à son arc. Jérôme Mathey a eu l’agréable surprise d’être contacté par la ville de Mamoudzou pour un projet tout aussi intéressant. « Des personnes de la municipalité savent que je suis un opérateur en règle au niveau du drone », dévoile-t-il. Sa mission ? Créer un haut-parleur à fixer sur l’objet volant dans l’optique de diffuser des messages de confinement sur la commune, notamment dans les quartiers moins accessibles (Cavani et Kawéni) où les regroupements de personnes sont légions. À ce jour, quelques détails restent encore à régler pour recevoir l’autorisation de voler. « J’ai échangé à ce sujet, vendredi, avec l’aviation civile et la préfecture pour cadrer l’opération. » En cas de réponse positive, le go serait donné dès cette semaine. « On est parti sur un volume d’une trentaine d’heures, qui sera révisé en fonction de la réalité du terrain », confie l’enseignant. En cette période confinement, toutes les initiatives individuelles et collectives sont bonnes à prendre pour réduire au maximum l’impact de Coronavirus sur Mayotte, sachant que le pic épidémiologique doit faire son apparition d’ici quelques jours…
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