Maladies cardiovasculaires : forte prévalence du diabète et de l’hypertension artérielle

Lancée fin 2018 par Santé Publique France, en collaboration avec l’agence régionale de santé, l’étude de santé « Unono Wa Maore » a été la première enquête menée à Mayotte permettant d’établir une photographie de l’état de santé de la population. La publication des résultats permet d’apporter un éclairage tout particulier sur la prévalence des affections chroniques dans le 101ème département, et en particulier, le diabète et l’hypertension artérielle.

« Elle apporte un éclairage sur l’état de santé de la population. » Laëtitia Huiart, la directrice scientifique de Santé Publique France, ne tarit pas d’éloge sur l’étude « inédite » intitulée Unono Wa Maore, réalisée entre le 24 novembre et le 14 juin 2019 auprès de 7.641 habitants vivant à Mayotte, depuis au moins trois mois au moment de l’enquête. Avec 91% de réponses positives, l’experte juge le taux de participation comme « exceptionnellement élevé », ce qui prouve à ses yeux qu’il y a « un intérêt et une attente de la population » sur les maladies chroniques dans le 101ème département.

Et le premier enseignement de cette photographie s’avère relativement inquiétant. « Le risque cardiovasculaire peut être particulièrement préoccupant… » La prévalence du diabète est estimée à plus de 12% chez les personnes âgées de 18 à 69 ans, tandis que celle de l’hypertension artérielle s’élève à 38.4%, avec une évolution inquiétante chez les femmes (+12% entre 2008 et 2019). « Plus d’un adulte sur trois est hypertendu », alerte Youssouf Hassani, le responsable de la cellule Santé Publique France à Mayotte. « En raison de la faible littératie, il y a une méconnaissance du diagnostic. » Par ailleurs, 55.9% des 15 ans et plus sont en surpoids ou obèses.

Malnutrition et dénutrition infantile

Ce dernier fait coexiste avec des situations de malnutrition aiguë chez les enfants : 7.1% des 3-5 ans recensés présentent une maigreur modérée à sévère alors que 21.6% des 5-14 ans affichent une prévalence de la maigreur. « L’insécurité alimentaire peut s’expliquer pour des raisons matérielles, économiques ou sociales, et varie selon le lieu de naissance. » En réponse à ce constat, l’agence régionale de santé propose un dispositif de prise en charge et d’accompagnement de ces mineurs depuis 2019.

« Nous avons besoin de ces données pour conduire nos actions et réduire les inégalités », insiste Olivier Brahic, le directeur général de l’ARS. Ses recommandations ? La prévention bien évidemment ! D’où la signature en décembre dernier du programme mahorais, alimentation, activité physique, santé (PMAAPS) avec la préfecture, le conseil départemental et la caisse de sécurité sociale de Mayotte. Fort d’un budget d’1.3 million d’euros, ce plan vient en complément de celui déjà lancé trois ans plus tôt qui a permis de former 375 professionnels de santé et de sensibiliser 2.200 personnes aux enjeux d’équilibre alimentaire et de pratique d’une activité physique.

Dépistage grandeur nature

Toujours dans la même lignée, le successeur de Dominique Voynet souhaite monter une vaste opération de dépistage durant dix jours au mois de septembre sur l’ensemble du territoire. Son idée ? « Créer un électrochoc au sein de la population », prévient-il. « Nous devons toucher les personnes qui ne connaissent pas leur statut pour les amener dans le système de santé. » Pour d’inverser toute cette tendance, Olivier Brahic compte s’appuyer sur le plan régional de santé, qui définit les actions à réaliser au profit des Mahorais pour les cinq prochaines années. « Nous avons commencé à faire un état des lieux et à brainstormer. Une chose est sure, la question des maladies cardiovasculaires sera une priorité. »

 

L’attractivité des professionnels de santé en ligne de mire

Olivier Brahic souhaite se pencher sérieusement sur l’attractivité des professionnels de santé. « Nous devons anticiper et identifier les profils pour les années à venir en vue de la construction du second hôpital », indique le directeur général de l’ARS. Pour y arriver, il veut mettre en place une instance avec les collectivités, le conseil départemental et la préfecture pour identifier les freins à leur installation. « Il y a aussi l’enjeu de mieux faire connaître le territoire à l’échelle nationale. Nous devons arrêter avec le Mayotte bashing ! »

 

Une convention entre l’ARS et Santé Publique France

À l’occasion de la présentation des résultats de l’étude, Olivier Brahic et Laëtitia Huiart ont paraphé une convention ayant pour objet de définir les conditions de mise en œuvre des missions de Santé Publique France auprès de l’agence régionale de santé et de préciser les modalités de fonctionnement de la cellule régionale de l’agence nationale à Mayotte.

En appui à l’ARS, Santé Publique France Mayotte exerce ainsi une veille et une fonction d’alerte sur les menaces sanitaires, produit l’analyse régionale des données issues des systèmes de veille et de surveillance régionalisés de Santé Publique France et conduit des enquêtes épidémiologiques sur le fondement de protocoles scientifiquement validés.

La signature de cette convention, pour cinq ans renouvelables, rappelle l’importance des expertises complémentaires de l’ARS et Santé Publique France dans un objectif commun : développer et promouvoir un environnement favorable à la santé de la population mahoraise.

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