L’offre de soins à Mayotte prend son envol avec l’avion sanitaire et l’Héli-SMUR

Les évacuations sanitaires rythment le quotidien du centre hospitalier de Mayotte. C’est donc tout naturellement que l’agence régionale de santé a signé un contrat de cinq ans pour pérenniser sa collaboration avec l’avion et l’hélicoptère sanitaires. Les deux appareils, présentés ce mercredi à la presse, sont devenus indispensables pour sauver des vies.

764. C’est le nombre de patients évacués grâce à l’avion sanitaire entre janvier et juillet 2021. Un chiffre qui démontre l’importance de cet appareil pour l’hôpital de Mayotte. « Nous avons presque oublié comment ça se passait avant », déclare Dominque Voynet, la directrice de l’agence régionale de santé du territoire. L’oiseau volant a été mis en service le 25 mai 2020, en pleine crise sanitaire, à une période critique pour le CHM qui était débordé. L’appareil, un Embraer 145 du groupe Regourd Aviation, a su depuis se rendre indispensable. Équipé de deux civières, il est prêt à décoller à tout moment pour emmener les malades à La Réunion. « L’avion a sauvé des vies ! Il a permis à des personnes en situation précaire d’accéder dans des délais raisonnables à des soins adaptés à la gravité de leur situation réduisant le risque de graves séquelles, mais aussi de libérer des lits à l’hôpital et d’alléger le fardeau des équipes », cite pour exemple l’ancienne ministre.

L’avion sanitaire n’est pas le seul a avoir fait son entrée dans le système de santé mahorais. L’ARS s’est également dotée d’un hélicoptère, plus précisément un Héli-SMUR qui a également toute son importance. « Il est équipé de bouteilles d’oxygène, d’un respirateur, de pouce seringue, comme une ambulance. Cet appareil est spécifique, on ne peut pas faire de transport de passagers, c’est uniquement pour les transferts médicaux d’urgence », indique Benoit Varlet, pilote Héli-SMUR 976 et chef de base dlilagon Mayotte. L’hélicoptère mis à disposition permet surtout de gagner du temps. S’il faut compter plusieurs heures pour transporter par voie terrestre un patient jusqu’à l’hôpital de Mamoudzou, l’engin permet de le faire en seulement quelques minutes par les airs.

Un contrat à six millions d’euros par an

Les deux appareils permettent de sauver des vies, mais tout cela a un coût. S’agissant de l’avion, « il a fallu convaincre le ministère des solidarités et de la santé, car c’est une affaire de six millions d’euros par an », révèle la directrice de l’ARS. Et cela pour une durée de cinq années puisqu’après un an de service, l’agence conforte ce nouveau système d’évacuation sanitaire en renouvelant le contrat qui le lie à l’avion sanitaire. « Nous sommes équipés en termes de maintenance localement puisque nous avons une base secondaire technique à Mayotte que nous allons encore étoffer. Tout est mis en place pour une opération longue durée », précise Alain Regourd, le président du groupe Regourd Aviation, présent sur le territoire à l’occasion de cette présentation.

Cette collaboration restera marquée dans l’histoire de l’agence régionale de santé de l’île puisque Mayotte est le premier département à être équipé d’un tel appareil pour des évacuations sanitaires. « Les autres départements d’Outre-mer et la Corse nous regardent avec beaucoup d’envie et le ministère regarde de très près ce qu’il se passe ici », assure avec fierté Dominique Voynet. La pérennisation de l’avion sanitaire peut être considéré comme une volonté de l’ARS de ne pas vouloir développer le système de santé mahorais, mais sa directrice s’en défend. « Notre objectif est de renforcer l’offre de soins à Mayotte, d’offrir davantage de spécialités, et de lits d’accueil d’urgence, de réanimation, et de réponses à des spécialités. Le deuxième hôpital va nous y aider. Nous ne sommes pas en train de baisser les bras, nous sommes au contraire en train de passer dans une phase très active dans cet investissement de l’hôpital », rassure Dominique Voynet. En ce sens, une équipe d’experts nommée par le ministre de la santé viendra la semaine prochaine pour sélectionner le terrain sur lequel se trouvera le deuxième hôpital. L’établissement sera opérationnel dans une dizaine d’années, alors l’avion et l’hélicoptère sanitaire feront partie du paysage aérien mahorais pour un petit bout de temps.

Romain Guille est un journaliste avec plus de 10 ans d'expérience dans le domaine, ayant travaillé pour plusieurs publications en France métropolitaine et à Mayotte comme L'Observateur, Mayotte Hebdo et Flash Infos, où il a acquis une expertise dans la production de contenu engageant et informatif pour une variété de publics.

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