L’Institut médico-professionnel de Mayotte, « une première pierre »

L’Institut médico-professionnel (IMPro), qui accueille des jeunes depuis août, a été inauguré mardi 10 décembre en présence de plusieurs officiels, à Doujani. S’il prend en charge douze jeunes, le chemin est encore long pour permettre l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap mental.

Avec des grands sourires et des « bonjour » chantants, les jeunes de l’Institut médico-professionnel (IMPro) accueillent chaleureusement ceux venus assister à l’inauguration de l’établissement. Ils sont douze porteurs de handicap mental à être pris en charge, depuis le mois d’août, par la structure de l’association Mlezi Maore, dans le quartier de Doujani, à M’tsapéré dans la commune de Mamoudzou. Et, ce mardi 10 décembre, l’inauguration a fait se déplacer le recteur de l’académie de Mayotte, Jacques Mikulovic, l’adjointe au maire en charge des politiques sociales et du handicap, Zoulfati Madi, le directeur général de l’association, Hugues Makengo, le président du Groupe SOS (dont elle dépend), Jean-Marc Borello, et Sergio Albarello, le directeur général de l’Agence Régionale de Santé (ARS) de Mayotte, qui finance l’IMPro. Car c’est un événement dans l’univers de la prise en charge des personnes porteuses de handicap : il s’agit du premier IMPro de l’île. Si les jeunes sont très fiers de présenter leur quotidien, tous ceux présents se félicitent de l’ouverture de l’établissement. L’occasion pour les représentants et officiels de (re)découvrir le fonctionnement de la structure, divisée en trois pôles : pôle entretien, géré par Hermine Le Corff, le pôle cuisine encadré par Ludovic Boilet et le pôle jardinage avec Justin Plaideau. Le but, favoriser l’insertion professionnelle de ces jeunes, porteurs d’une déficience intellectuelle moyenne à sévère.

« Ça ne peut pas être suffisant »

Lors de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées mi-novembre, l’institut avait déjà ouvert ses portes aux curieux. Il compte toujours 100 % de taux d’occupation, mais aussi de présence. Au compteur, déjà quatre stages pour ce semestre et deux à venir pour 2025. Si ses bénéficiaires apprennent des compétences purement techniques, comme passer le balai ou confectionner des gâteaux, « ce n’est pas que de la technicité », tient à souligner Barbara Denjean, à la tête du pôle Handicap de Mlezi. « Il faut travailler la transversalité pour qu’ils puissent être dans n’importe quel environnement et se comporter comme tout travailleur. « J’arrive à l’heure, je remplis mes engagements. Je suis capable d’être dans l’échange, je déjeune le midi et je nettoie ma table ». » Une opportunité pour ces douze jeunes qui, pour la plupart, viennent d’instituts médico-éducatif (IME). « C’est vraiment une innovation sur le territoire », se félicite Hugues Makengo. Oui, mais « ça ne peut pas être suffisant […] les besoins sont dix fois supérieurs, si ce n’est plus », déplore le directeur général de l’association. Il se veut tout de même optimiste, et estime « qu’une fois que tous les acteurs publics se mettront d’accord sur la question du handicap, plus globalement, pour nous autres, opérateurs, ça sera plus simple ». Une vision que partage Sergio Albarello, « on construit. Il y a beaucoup de choses à mettre en place, c’est une première pierre. Un effort collectif doit être porté. C’est aussi à travers les entreprises que le projet va vivre. Demain, elles vont proposer de plus en plus de temps de stages et en proposant de plus en plus de stages, nous allons pouvoir prendre de plus en plus d’enfants et de jeunes adultes ». Mais pour ce faire, le volet sensibilisation est primordial, « c’est aussi à travers ces stages que les regards vont changer ».

« Mais on n’en est pas encore là, on démarre », précise la chargée du pôle handicap de l’association. Néanmoins, des perspectives d’évolution se dessinent.  Le Cap emploi, un réseau de spécialistes de la relation handicap-emploi, devrait arriver à France-Travail Mayotte au premier trimestre 2025. De même, l’ARS a voté son budget ce matin « avec la trajectoire qui avait été prévue initialement », annonce Sergio Albarello. Un appel à projet a été émis par l’agence pour la construction d’établissements et services d’accompagnement par le travail (ESAT), qui permet à une personne handicapée de travailler dans un milieu fermé.

Fraîchement arrivée sur l’île, je suis journaliste à Mayotte Hebdo et Flash Infos. Passionnée par les actualités internationales et jeunesses, je suis touche-à-tout. Mon allure lente et maladroite à scooter vous permettra de me repérer aisément.

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