Les personnels de santé en première ligne

Afin de pallier le manque de médecins à Mayotte, une session de formation des infirmiers et puéricultrices de la Protection maternelle et infantile (PMI) a été mise en place à la Direction de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DJSCS). L’ambition est de permettre aux personnels de santé d’effectuer des vaccinations sans la présence d’un médecin afin d’améliorer la couverture vaccinale sur le territoire.

Il s’agit d’un « sujet plus qu’important à Mayotte« , a affirmé Issa Issa Abdou, vice-président du conseil départemental en charge du social et président du conseil de surveillance du CHM, lundi matin dans les locaux de la DJSCS. La couverture vaccinale des enfants est insuffisante dans le 101ème département et plusieurs cas de maladies graves ou mortelles auraient pu être évités par ce biais. C’est le cas notamment de l’épidémie de coqueluche débutée en 2017, qui avait entraîné la mort de deux nourrissons. À ce jour, de nombreux enfants ne sont toujours pas correctement protégés contre les maladies infantiles à Mayotte, au risque d’entraîner une recrudescence d’épidémies.

Afin de pallier le manque de médecins et de développer la couverture vaccinale sur l’île, les infirmiers se sont vus attribuer la prise en charge des vaccinations. Le conseil départemental, l’ARS OI et la DJSCS organisent donc depuis lundi une semaine de formation pour aboutir à une autonomie « pleine et entière » – sur prescription médicale – des professionnels de santé vis-à-vis de la vaccination. « De nombreux pays fonctionnent déjà de cette manière. En métropole, il y a des centres de vaccination qui fonctionnent comme cela avec une délégation de tâches entre les médecins et les infirmiers, mais ce dispositif nécessite que les infirmiers soient formés« , a assuré lundi Daniel Floret, professeur de pédiatrie et vice-président de la commission de la Haute autorité de la santé de la vaccination.

Daniel Floret, professeur de pédiatrie et vice-président de la commission de la Haute autorité de la santé de la vaccination. 

Une centaine de médecins pour 100.000 habitants

Pour former et suppléer les personnels de santé dans cette mission, une réserve sanitaire est mobilisée sur le territoire depuis le 6 avril et jusqu’en septembre prochain. « Une rotation – toutes les trois semaines – sera réalisée, permettant de relancer le service de la PMI. Les professionnels venant de métropole renforceront les structures existantes, au moins pendant la période de formation« , indique le conseiller médical de l’ARS OI.

Selon Daniel Floret, l’insuffisance de personnels est due en grande partie à l’insuffisance de personnels sur le territoire mais également au fait que les structures qui assurent la vaccination, et notamment la PMI, ne sont pas « forcément opérationnelles » à l’heure actuelle. En effet, tandis que la métropole compte une moyenne de 400 médecins pour 100.000 habitants, le 101ème département ne dénombre qu’une centaine de médecins pour la même densité d’habitants. « C’est donc plus qu’un désert médical« , a déploré Issa Issa Abdou.

Une situation que le taux de naissances sur l’île aux parfums – le plus élevé d’Europe avec 800 naissances par mois – rend encore plus difficile à gérer. « Nous n’avons pas forcément de personnels pour couvrir, de manière absolue, ces 800 naissances« , a regretté Abdon Goudjo, conseiller médical à l’Agence régionale de santé océan Indien (ARS OI).

Une session de formation des infirmiers et puéricultrices de la Protection maternelle et infantile (PMI) avait lieu, lundi matin, dans les locaux de la DJSCS.

Une prépa médecine à Mayotte ?

À ces constats s’ajoutent quelques défaillances techniques qui auraient été constatées au sein de l’administration centrale de la PMI assurant la prise en charge des enfants. « Il y a eu une dégradation du service depuis ces quatre dernières années avec un manque de personnels renouvelés. Il va falloir qu’ils [les responsables de la PMI, ndlr] trouvent des moyens de le rendre plus attractif afin d’attirer les professionnels. Actuellement, c’est une des difficultés du département« .

Afin d’y remédier, le Département a pour projet d’ouvrir une classe préparatoire en médecine en septembre prochain. »Nous avons déjà organisé des réunions et nous allons continuer entre l’ARS et le rectorat. C’est un pari qui est en train de prendre forme. Nous devons préparer l’avenir, notre avenir« , a annoncé le vice-président du conseil départemental en charge du social lundi. À Mayotte, le numerus clausus – nombre restreint d’étudiants à pouvoir accéder à la deuxième année de médecine – exclut de fait les étudiants mahorais. « Nous allons miser sur nos jeunes Mahorais et sur leur amour pour Mayotte. Nous souhaitons former de futurs médecins mahorais qui resteront à Mayotte pour construire le futur« .  

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