La semaine de sensibilisation et de prévention sur les IST et MST, notamment sur le Sida, continue. Ce mardi, les étudiants du BTS SP3S du lycée polyvalent de Dembéni ont dédié toute une matinée à cette cause. Ils ont convié les lycéens de l’établissement à des ateliers et à une pièce de théâtre entièrement consacrés à la maladie. Les élèves ont participé massivement, mais ils restent encore mal informés.
Effacer les idées reçues et mieux informer les adolescents. Voilà l’objectif des étudiants en BTS SP3S, service et prestation des secteurs sanitaires et sociales, du lycée de Dembéni. En cette journée mondiale de lutte contre le Sida, ils ne pouvaient pas passer à côté de cette mission qu’ils jugent cruciale. « On a remarqué qu’à Mayotte les jeunes sont mal informés ou pas du tout informés. On leur dit que la maladie n’existe pas chez nous, on veut combattre cela », explique Chamsia Boina Hassani, étudiante en BTS SP3S. La matinée a été rythmée par des ateliers questions-réponses qui a permis de constater que les élèves ont encore beaucoup à apprendre. Mais le moment tant attendu était la pièce de théâtre.
À travers cet art, les étudiants ont parlé ouvertement de dépistage, de relations sexuelles, de maladies et d’infections sexuellement transmissibles. Les comédiens en herbe ont reçu l’effet escompté puisque le public a été réceptif et a ri tout le long de la pièce. Message reçu 5 sur 5 ! « J’ai compris qu’il faut se protéger quand on a des relations sexuelles. Et si on prend des risques, il faut aller voir un médecin », indique Hachmiya Houmadi, élève en terminale au lycée de Dembéni. « Moi je ne pensais pas que le Sida pouvait avoir des conséquences aussi graves. J’ai saisi l’importance de se protéger maintenant », ajoute son voisin, Farel Mohamed, élève en seconde. Les jeunes ont pris la question très au sérieux et se sont montrés curieux. L’objectif principal est dont atteint pour les organisateurs de la matinée de prévention et de sensibilisation du Sida.
Un sujet encore tabou au sein des familles mahoraises
Si la grande majorité des jeunes sont dans l’ignorance, c’est également à cause de la société dans laquelle ils évoluent. À Mayotte, les questions liées à la sexualité sont complètement tabous. Parler de VIH, d’IST, ou encore de dépistage avec leurs familles est une chose inconcevable pour eux. « Nos parents n’osent pas aborder le sujet, et si je prends l’initiative de le faire, ma famille va penser que j’ai envie d’avoir des relations sexuelles. Alors je préfère ne pas en parler tout simplement », explique Hachmiya, l’élève de terminale. « Et puis de toute façon même si on a le courage d’en parler avec nos parents, ils passent rapidement à autre chose », raconte Oumaya, sa camarade.
Pourtant, ces jeunes ont des interrogations qui restent souvent sans réponses. Certains se tournent alors vers leurs amis, qui ont un peu plus d’expérience. « Je peux en parler uniquement avec mes amis. Ils me disent ce qu’ils ont appris à l’école ou par eux-mêmes », avoue Farel Mohamed. Malheureusement, c’est souvent ainsi que se transmettent les fausses ou les mauvaises informations qui peuvent être aussi fatales que la maladie en elle-même.
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