Le président du conseil de surveillance du centre hospitalier de Mayotte, Dhinouraine M’Colo Mainty, a convoqué quelques élus de l’île, ce lundi, afin de discuter de la situation critique dans laquelle se trouve le service des urgences de l’hôpital de Mamoudzou. Tous estiment que la prise en charge des malades s’est dégradée ces derniers jours à cause de certains médecins qui mènent une guerre contre leur direction.
« Depuis une semaine, il y a des médecins qui font du chichi », lance d’emblée Dhinouraine M’Colo Mainty. Le ton de cette réunion d’urgence est annoncé. Le premier adjoint au maire de Mamoudzou ne mâche pas ses mots et ne cache pas son agacement face à ses praticiens qui selon lui, « sont la raison pour laquelle on attend des heures aux urgences avant d’être pris en charge. » Mais alors qu’est-ce qui justifie ce blocage ? Celui qui est le président du conseil de surveillance du CHM indique qu’«un certain nombre de gens ne font pas leur travail comme il faut. En clair, ils n’effectuent pas toutes leurs heures ». Ce diagnostic vient d’un audit qui a été réalisé en interne au sein de l’hôpital et il souligne qu’une partie des médecins urgentistes ne font pas le tiers de leur temps de travail. « Au lieu de travailler, ils sont chez eux ou à la plage », précise ironiquement l’élu. Conséquence, la direction de l’hôpital veut y remédier et demande aux principaux concernés de rembourser le trop-perçu de salaire ou d’effectuer ces heures manquées. Il s’agit d’une dizaine de médecins sur une cinquantaine, mais cela suffit à paralyser les urgences de la commune chef-lieu. De plus, ces professionnels de santé en colère « passent leur temps à dénigrer l’hôpital qui les emploie et les nourrit. Ils mènent une campagne pour que leurs confrères ne viennent pas travailler à Mayotte », continue le premier adjoint. Ce qui va à l’encontre de la politique de l’hôpital qui tente par tous les moyens de recruter des soignants.
Revenir à la raison ou être sanctionné
Les élus n’ont pas la compétence de sanctionner ces professionnels de santé, alors ils leur demandent simplement de « revenir à la raison ». Car « si nous sommes incapables de gérer la situation, on sera sous tutelle de La Réunion et personne ne veut cela », avertit le président du conseil de surveillance du CHM. Le cas de l’hôpital de Mayotte est suffisamment grave, et à cause de cette nouvelle crise, « nous risquons d’assister à des drames », ajoute le sénateur Thani Mohamed Soilihi.
Les élus n’ont aucune marge de manœuvre quant au fonctionnement de l’hôpital, et « même le directeur ne peut pas vraiment prendre de sanction car les procédures sont trop longues, ça nous handicaperait plus qu’autre chose », continue celui à l’origine de la réunion d’urgence. Ils sont cependant ouverts à toute discussion et sont prêts à rencontrer ceux qui posent problèmes. « Nous demandons à tous ces médecins de respecter le serment d’Hippocrate et de se mettre au travail », insiste Ben Issa Ousseni, le président du conseil départemental de Mayotte.
Malgré ce coup de gueule collectif, les élus reconnaissent qu’il s’agit d’une minorité et que « l’immense majorité des praticiens ne comptent pas leurs heures ». L’appel à la raison est lancé, mais si les accusés campent sur leur position, la direction de l’hôpital n’aura d’autre choix que de prendre des mesures plus drastiques à leur encontre.
Toutes les maternités ouvertes en septembre ?
Des maternités périphériques sont fermées depuis quelques semaines, par manque de professionnels. Il s’agit de celles de Dzoumogné et Mramadoudou. Les services du CHM envoient donc les futures mères vers les maternités restantes, Mamoudzou, Pamandzi et Kahani. Dhinouraine M’Colo Mainty affirme que cette situation est due aux congés et aux arrêts maladies du personnel. Mais il assure qu’« au mois de septembre tout reviendra dans l’ordre, c’est une certitude ».