Les chiffres de la santé à Mayotte, sans langue de bois

Invité hier par le Conseil économique, social et environnemental de Mayotte à échanger sur les questions de santé, le directeur général de l’Agence de santé Océan Indien (ARS OI) a parlé « sans langue de bois ». Il a reconnu que la situation était « insatisfaisante » et a explicité la position de l’ARS sur un certain nombre de questions sensibles, dont celle de l’immigration. 

Les échanges furent vifs bien que cordiaux hier au sein du Conseil départemental entre les membres du Conseil économique, social et environnemental de Mayotte (Cesem) et le directeur général de l’Agence de santé Océan Indien (ARS OI), François Maury, ainsi qu’avec le directeur de la délégation de l’île de Mayotte de l’ARS, Xavier Montserrat. Et pour cause : invités par le Cesem à présenter le Plan régional de santé (PRS) 2018-2027, les deux directeurs n’ont pas pratiqué la langue de bois.

« Je ne me satisfais pas de la situation », a reconnu en préambule François Maury qui a explicité : « Le mode d’organisation et les moyens sont présents mais pas suffisants ». Le directeur général a évoqué un CHM mis « presque à genoux » entre 2015 et 2017 en raison d’une augmentation très importante du nombre d’accouchements sur cette période (+45%) et d’une fréquentation de l’hôpital en général ayant elle aussi explosé (+25%). 

Le directeur de la délégation de l’île de Mayotte a lui aussi parlé sans ambages : « 90% de mon temps est passé sur la gestion de crises (…) très aigües, dans un contexte d’extrême vulnérabilité ». Rappelant l’insuffisance de médecins sur le territoire – 216 médecins en tout dont 20 médecins généralistes en libéral (source : STATISS Océan Indien 2016)  –, Xavier Montserrat a provoqué une sincère indignation parmi les membres du Cesem lorsqu’il a révélé le coût annuel des dépenses de santé par habitant par an à Mayotte : 900 euros, contre 3000 euros à La Réunion et 3300 euros en métropole.

« Arrêtons d’être jaloux de La Réunion »

« On ne comprend pas qu’on maintienne depuis tant d’années de telles différences entre Mayotte et les autres territoires de France », s’offusque Abdou Soimadou Dahalani, président du Cesem. « Arrêtons d’être jaloux de La Réunion », a répondu François Maury. « La Réunion a eu son propre développement, son propre rythme » et est département depuis plus longtemps que Mayotte, a encore ajouté le directeur général. Il a enjoint les Mahorais de cesser les comparaisons et de se concentrer plutôt sur la mise en œuvre d’un développement qui serait propre au 101ème département français. 

Problématique inévitable, l’immigration – dont le Cesem a souligné le poids économique pour les assurés sociaux et l’effet important de saturation sur le système de santé de Mayotte –, a maintes fois été évoquée lors des échanges. « Je ne rentre pas dans ces débats (…) Quelqu’un qui a besoin de soins doit être pris en charge dans le cadre de la réglementation », a déclaré fermement François Maury. Le directeur général a également expliqué que le CHM de Mayotte était le seul hôpital de France – avec celui de Saint-Pierre et Miquelon – à fonctionner avec une dotation globale et non un remboursement à l’acte, même si l’objectif à terme était de « tendre vers la tarification à l’activité ». En d’autres termes, alors que les autres hôpitaux de France obtiennent des moyens financiers en fonction de leur activité, le CHM compose avec une dotation globale de financement. Mais cette dotation globale demeure « insuffisante », a admis  François Maury. Enfin, le directeur général a  indiqué que les questions de compensation financière liée au poids économique des soins apportés aux étrangers seraient étudiées dans le cadre du schéma régional de santé (SRS). 

 

Mayotte choisie pour expérimenter la vaccination par les infirmiers

Mayotte est un des trois territoires de France à avoir été choisi pour tester le système de dérogation d’un certain nombre d’actes médicaux, comme l’administration d’un vaccin par un infirmier, a annoncé hier François Maury.

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