Les chauffeurs de taxi sont également embourbés dans la complexité des différents dispositifs proposés au niveau national et départemental. Depuis le début du confinement, ils revendiquent des mesures claires et précises qui définiraient les conditions qui s’appliquent à leur métier durant la crise. Mais pour le moment, la coopérative des chauffeurs de taxi et la préfecture semblent s’être mises d’accord uniquement sur la question sanitaire. “Il ne doit y avoir que deux passagers sur une banquette. Chacun doit être à l’extrémité côté fenêtre afin de respecter la distance d’un mètre”, explique Denis Schoumacher, directeur de la coopérative Taxi Vanille 976. Ce qui signifie que les chauffeurs roulent à perte puisque les autres places ne doivent pas être occupées. S’il a été envisagé dans un premier temps d’augmenter les tarifs, cette idée a rapidement été évincée. “Nous nous sommes rendu compte que cela allait plus desservir les chauffeurs déclarés au profit des taxis clandestins”, précise le directeur de la coopérative. C’est donc tout naturellement que dans un premier temps, les taximen se sont tournés vers le fonds de solidarité nationale, mais la procédure est très complexe et les chauffeurs de taxis mahorais ne peuvent pas y prétendre. “Nous avons alors essayé de solliciter l’aide proposée par le conseil départemental, mais il s’avère qu’ils demandent exactement les mêmes documents, nous sommes une nouvelle fois bloqués et ne pouvons y prétendre”, affirme Denis Schoumacher. Chaque entreprise doit justifier une perte de son chiffre d’affaires d’au moins 50 %, et elle doit être à jour dans ses cotisations fiscales et sociales. Mais selon le directeur de la coopérative des taxis, “depuis 2018 les chauffeurs de taxi ne sont pas à jour dans leurs cotisations et il leur est quasi impossible de justifier la perte de revenu”. Une complexité déplorée par Salama Ramia, la directrice du développement économique à la chambre des métiers et de l’artisanat. “Nous pensions que les dispositifs mis en place par le conseil départemental allaient être plus souples, mais ce n’est pas le cas. Pour le moment aucun dossier que j’ai étudié n’est éligible à ces aides.” En effet, elle explique que pour pouvoir bénéficier des 2.000 euros annoncés par le département, il faut dans un premier temps obtenir les 1500 euros octroyés au niveau national. Le département a alors proposé une aide de 1.000 euros pour toutes les entreprises qui ne peuvent bénéficier de ces deux premières aides, mais là encore le parcours est semé d’embuches. “Ils demandent des documents qui sont difficiles à obtenir pour les commerçants ou artisans. Notamment l’attestation fiscale qui prouve qu’ils sont à jour au niveau du fisc alors qu’on sait très bien qu’elles ne le sont pas, car ce sont des personnes en difficulté,” dénonce Salama Ramia. Les artisans pourraient à la place donner une attestation sociale fournie par la Caisse de sécurité sociale, mais pour le moment rien n’est sûr. “Honnêtement si la situation reste comme ça, presque aucune entreprise ne pourra bénéficier des aides départementales”, prévient la directrice du développement économique à la chambre des métiers et de l’artisanat. Quant au directeur de la coopérative des taxis : “le conseil départemental ne sait pas comment fonctionnent les petites entreprises mahoraises. C’est quand même un petit peu embêtant…”, regrette-t-il.
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