« Les bienfaits du sport sur la santé mentale sont innombrables »

Dans le cadre des « Semaines d’information sur la santé mentale », le centre hospitalier de Mayotte (CHM), avec l’Agence régionale de Santé (ARS), a organisé une conférence sur le rapport entre le bien être corporel et physique. Pour mieux comprendre le lien, mais aussi pour adopter les bons réflexes.

« Se prendre la tête », « en avoir plein le dos », « rester sans voix ». Toutes ces expressions quotidiennes de la langue française reflètent les liens entre le corps et l’esprit, le physique et le psychique. Elles sont prises pour exemple lors de la conférence sur la santé mentale et le sport, qui s’est tenue toute la journée du mercredi 23 octobre au sein de l’hémicycle Younoussa-Bamana à Mamoudzou. « Quand on pense aux bienfaits du sport sur la santé, on pense surtout à ceux physiques. Mais on pense moins aux bienfaits sur la santé mentale, alors qu’ils sont innombrables », souligne la docteure Virginie Briard, pédopsychiatre au centre hospitalier de Mayotte (CHM). L’activité physique permet la libération naturelle de molécules, les endorphines, qui procurent un sentiment de plaisir et de bien-être. « Et personne n’a d’excuse », martèle la professionnelle de santé, rappelant que le sport peut être adapté aux personnalités et aux particularités de chacun.

Problème de sédentarité

En France, 70 % des adolescents de 15 ans pratiquent du sport (données d’une étude de 2023 de l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire). Un chiffre en augmentation par rapport aux années précédentes. Et la promotion du sport est d’ailleurs la grande cause nationale de 2024, impulsée par la tenue des Jeux olympiques et paralympiques. La campagne les « Semaines d’information sur la santé mentale » (SISM) a fait de la mobilité son thème pour cette année. « Nous n’avons pas choisi le thème, qui est national, mais je le trouve particulièrement adapté à Mayotte », estime la pédopsychiatre, qui pointe une problématique de sédentarité sur l’île, et des complications liée au diabète et aux maladies cardiovasculaires. « La culture du sport est de plus en plus présente, avec les jeunes qui pratiquent à l’école. Mais avec l’insécurité, le manque d’infrastructures et le paysage accidenté de l’île, tout se fait en voiture même si c’est à dix minutes à pied », constate Virginie Briard. Elle veut que l’événement permette de rappeler que « notre corps va bien aussi parce que notre mental suit ».

Modération et régularité

C’est une problématique qu’elle aborde lors de ses consultations et au sein du centre médico-psychologique pour enfants et adolescents (CMPEA) et via l’unité mobile de pédopsychiatrie (UMPP), créée en 2023. Ramener la thématique de la santé mentale et la lier au sport, c’est aussi discuter du terme en lui-même. L’infirmier Philippe Portet tient à souligner que sa définition est récente, et qu’elle n’inclut pas forcément une maladie ou un trouble. Il s’appuie sur la définition de l’organisation mondiale de la santé (OMS), « un état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel face aux difficultés normales de la vie ». Il questionne le nouvel équilibre à trouver entre sport et santé mentale, « nos grands-parents et nos arrière-grands-parents marchaient plus que nous. Face à nos nouveaux modes de vie, plus sédentaires, il faut trouver un équilibre. Le sport d’aujourd’hui n’est pas le sport d’hier ». Natation, yoga, courses à pied, tir à l’arc… Tous les sports sont bons pour en tirer des bienfaits comme la sociabilisation, le dépassement de soi, un meilleur sommeil, « mais seulement s’ils sont pratiqués de manière modérée et régulière ». Lui et sa collègue Echata Ibrahim n’occultent pas les quelques effets négatifs du sport, qui ont trait surtout aux sportifs de haut-niveau, comme la dépendance à la pratique ou tout simplement la chute. Mais il tient à rassurer l’audience. « À partir du moment où il y a une activité, il y a des dangers. Même en prenant sa douche, on peut tomber », ironise l’infirmier.

La santé mentale, « l’affaire de tous »

Anissati écoute avec attention les professionnels échanger. Professeure dans le secondaire, elle assiste à la conférence pour savoir comment agir « en tant qu’enseignante, mais aussi maman de deux enfants ». Pour elle, « la santé mentale est l’affaire de tous, pas seulement des gens malades ». Si, bien sûr, les professionnels autour de la table rappellent régulièrement que le sport n’est pas le remède miracle à une dépression qui touche 20 % de la population mahoraise selon les chiffres de 2019, il aide à accompagner leurs patients dans leurs soins. « Par exemple, on va encourager à faire de la boxe pour extérioriser un débordement de colère. C’est sans risque pour la personne et pour autrui », explique Sandra Fougeras, psychologue au CMPEA. « On les pousse à faire du sport, mais ce n’est pas toujours faisable. Beaucoup vont seulement en cours et rentrent à la maison. Leurs parents ne les laissent pas forcément sortir, par peur. Alors on essaie aussi de sensibiliser la famille », poursuit la jeune femme. Elle et sa collègue Sarah Gawinowski envisagent de lancer des groupes de danses, de yoga, de médiation pour amener les adolescents à compléter leurs suivis au CMPEA.

Fraîchement arrivée sur l’île, je suis journaliste à Mayotte Hebdo et Flash Infos. Passionnée par les actualités internationales et jeunesses, je suis touche-à-tout. Mon allure lente et maladroite à scooter vous permettra de me repérer aisément.

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