Alors que la peste continue de frapper Madagascar, des interrogations quant à un risque de propagation de la maladie à Mayotte subsistent dans l’esprit de nombreux Mahorais. Pourtant la direction de la veille et sécurité sanitaire de l’ARS (agence régionale de santé) Océan indien se veut rassurante. Le risque est “très faible”.
Le phénomène est récurrent et beaucoup de monde a tendance à l’oublier. Chaque année à cette période, la grande île est touchée par une épidémie de peste pulmonaire plus ou moins importante. Mais cette fois-ci en 2017, la maladie est plus virulente que les années précédentes. Depuis son déclenchement fin septembre, la peste a fait une quarantaine de morts à Madagascar. Face au risque de contagion au reste de la région du canal de Mozambique, nous avons contacté le directeur de la cellule de l’institut de veille sanitaire en région océan indien, le docteur François Chièze. L’occasion de faire le point sur la situation.
Flash Infos : Quelles sont les mesures prises localement pour prévenir une propagation de la maladie à Mayotte ?
François Chièze : Il faut d’abord rappeler que le déclenchement de la maladie est extrêmement brutal et se manifeste par une toux bruyante et une grosse fièvre. Il est donc facile de repérer les cas infectés. Par conséquent, le déplacement de la personne a peu de chance de se faire. Le risque de propagation est très faible. Néanmoins, certaines personnes peuvent avoir été au contact de personnes malades sachant que la maladie se transmet par voie respiratoire. Ainsi, des moyens supplémentaires dans les ports et aéroports sont mis en place afin d’informer les voyageurs sur la maladie. Les médecins de l’île ont été informés sur les mesures à prendre en prophylaxie (ensemble de moyens médicaux mis en œuvre pour empêcher l’apparition, l’aggravation ou l’extension des maladies, NDLR). Le contrôle sanitaire aux frontières au port et l’aéroport ont été renforcés.
FI : L’épidémie actuelle est-elle déjà sortie du territoire malgache ?
FC : Non. Elle reste concentrée sur les hauts plateaux malgaches. Un Seychellois est néanmoins décédé après avoir été en contact à Madagascar avec des personnes infectées. À ce jour, dans l’histoire aucun cas de peste n’a été importé à Mayotte ou la Réunion.
FI : Comment soigne-t-on ou prévient-on la maladie ?
FC : Il existe un vaccin, mais aujourd’hui il est plus toxique qu’efficace donc on ne l’utilise pas. Il y a à ce jour 5 antibiotiques différents qui fonctionnent à 100 % pour traiter des malades atteints de la peste. Il existe aussi des traitements préventifs pour des personnes qui pensent avoir été en contact avec des personnes contaminées. L’OMS (Organisation mondiale de la Santé) a augmenté ses stocks d’antibiotiques. Elle peut traiter 5 000 personnes et peut même augmenter sa capacité d’intervention auprès de 100 000 personnes. Les traitements et tests à Madagascar sont gratuits.
FI : Quels sont les moyens humains en place à Mayotte pour prévenir toute contagion ?
FC : Nous avons actuellement une équipe de dix personnes (infirmiers, médecins et spécialistes sanitaires) au sein de notre agence à Mayotte qui intervient au port et à l’aéroport, les points d’entrées sur le territoire. À l’heure actuelle, tous les professionnels de l’accueil médical ou non sont formés pour prévenir tout risque.
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