Le retour à l’emploi, l’autre épreuve après le cancer

Pour lancer Octobre rose, l’association mahoraise de lutte contre le cancer (Amalca) a organisé des tables rondes sur le retour et le maintien à l’emploi après le cancer, ce vendredi à l’Université de Mayotte, à Dembéni. Anciennes malades et professionnels étaient réunis pour échanger sur les difficultés que représente la reprise de l’activité tant pour les uns que pour les autres.

Après l’épreuve de la maladie, une autre attend bien souvent les femmes, celle du retour et du maintien à l’emploi. Elles peuvent se sentir démunies et seules faces à leur employeur. C’est arrivé à Sarah Sanda. « Au cinquième mois de ma grossesse, j’ai appris que j’avais un cancer du sein », explique-t-elle. Évacuée à La Réunion pour être soignée, loin de ses deux autres enfants, elle est contrainte de prendre un congé longue maladie. Mais après une année loin de son travail, son employeur, le rectorat la contacte. « Il m’appelle pour me demander quand je reprends et me dire qu’ils vont me passer en demi-salaire », évoque l’enseignante de 39 ans. A ce moment-là, en pleine chimiothérapie, elle vit cette annonce comme une violence. Le retour au travail n’a pas été plus aisé. « J’ai été déclarée apte à reprendre alors que je ne l’étais pas, je n’ai pas eu non plus de visite de pré-reprise », raconte-t-elle.

Dû à ce manque d’accompagnement, de retour à son métier d’enseignante, elle fait une dépression. Finalement, à cause de la fatigue qu’elle ressent, elle demande un mi-temps thérapeutique. « Il y a un vrai manque de communication à Mayotte vis-à-vis des malades », estime-t-elle. Ce vendredi, l’enseignante de petite-section a témoigné lors d’une table-ronde organisée à l’université de Dembéni à l’initiative de l’association mahoraise de lutte contre le cancer (Amalca) à l’occasion d’Octobre rose. Comme Sarah Sanda, 30 % des patients se disent plus fatigués après le parcours de soins et près de 60 % se disent plus fatigables qu’avant.

« Confrontée à un grand vide »

Plusieurs professionnels : infirmière, psychologue, directeur de ressources humaines, chargée des conditions de vie au travail à France Travail étaient présents pour évoquer les enjeux du retour à l’emploi. Une conférence qui a permis à tous les acteurs d’exprimer les difficultés auxquelles ils font face sur ce sujet. Du côté des entreprises, l’accompagnement psychologique du salarié se heurte généralement au cadre administratif. « On a des procédures à respecter qui obligent à déclarer à tel moment en fin de droit une personne malade et à l’obliger à reprendre le travail », témoigne une salariée aux ressources humaines. Tous s’accordent pour dire que très peu de choses sont mises en place à Mayotte. « J’ai voulu savoir comment on accompagne le retour au travail au rectorat après une longue maladie et je me suis confrontée à un grand vide », relate Isabelle Chagnard, infirmière conseillère au rectorat, arrivée à Mayotte à la rentrée.

Pour faciliter la reprise d’activité, l’association Amalca porte le projet d’une charte pour aider les anciens malades, les entreprises et institutions à proposer le meilleur retour à l’emploi possible. « Nous allons réunir ces différents acteurs et leur demander sur quoi ils sont prêts à s’engager », annonce Nadjlat Attoumani, présidente de l’association Amalca, elle-même rescapée d’un cancer du sein. Ce document aidera le plus grand nombre à connaître les démarches à suivre si elles sont concernées par ces questions.

Journaliste à Mayotte Hebdo et à Flash Infos Mayotte depuis juin 2024. Société, éducation et politique sont mes sujets de prédilection. Le reste du temps, j’explore la magnifique nature de Mayotte.

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