Le CHM fait le point

Vendredi 29, les instances dirigeantes du CHM tenaient une conférence de presse afin de faire un point sur les divers dossiers du moment : Covid-19 bien évidemment, mais aussi rapport de la CRC et moyens supplémentaires déployés durant la crise. Des moyens que l’hôpital aimerait voir pérenniser.

L’une des institutions majeures du territoire, le Centre hospitalier de Mayotte (CHM), tenait vendredi 29 une conférence de presse en présence notamment de Catherine Barbezieux, sa directrice, et d’Issa Issa Abdou, son président. En pleine crise sanitaire, l’idée de celle-ci était d’aborder les grands sujets du moment. Parmi eux, l’épidémie de Covid-19 qui continue de sévir sur le territoire, bien évidemment, mais aussi le rapport publié la semaine dernière par la Chambre régionale des comptes (CRC) de la Réunion-Mayotte, ou encore l’arrivée de moyens supplémentaires durant la crise, que l’établissement de santé aimerait voir se pérenniser. Revue.

Covid-19 : sur le pied de guerre

Soutien d’envergure dans le cadre de la crise du Covid-19, malgré les quelques complications d’installation qu’il a connue, le service de santé des armées a pris ses marques au CHM. En amenant avec lui des spécialités comme des radiologues, un hygiéniste, des oto-rhino-laryngologistes, etc., « il nous permet d’envisager un avenir plus serein », s’est réjoui la directrice, Catherine Barbezieux. D’autant plus que si les équipes arrivées sont autonomes, quelques membres du contingent devraient venir au sein du CHM pour épauler ses équipes.

Le module militaire servira en premier lieu à prendre en charge des patients en post-réanimation, un service qui n’existe pas classiquement au CHM. En d’autres mots : un service intermédiaire de soins intensifs et continus permettant aux malades de regagner des forces avant de rejoindre un service nécessitant moins de surveillance. « C’est un renfort important qui vient compléter notre offre de soins » et qui « permet d’alléger nos services », se sont félicités les responsables. Quatre patients devaient ainsi, vendredi, rejoindre ce module.

De manière plus générale, en termes de lits disponibles en réanimation, « 26 sont opérationnels, avec une extension de six lits supplémentaires, et la possibilité de monter à 50 si nécessaire. »

Enfin, Catherine Barbezieux a mis un terme à la rumeur : non, il n’y a pas eu pénurie de tests. « Nous avons des réactifs, nous avions simplement suspendu des prélèvements à domicile à cause de certaines difficultés avec les équipes. Après avoir fait un bilan, nous les réactivons. »

Moyens aériens : un vrai plus

C’est une avancée majeure en termes d’interventions : la mise en service, le 14 mai dernier, d’un hélicoptère dédié aux transports d’urgence sur le territoire. Avec 23 vols comptabilisés au 29 mai, l’équipement est d’ores et déjà qualifié « d’extrêmement important » par Christophe Caralp, chef du pôle Ursec (pour urgences, réanimation – Samu/Smur, évacuation sanitaire et caisson hyperbare/chambre mortuaire). Et pour cause, il permet un gain de temps déterminant dans les interventions urgentes, particulièrement sur une île où le trafic routier est régulièrement encombré : « 55 minutes [d’intervention] quand il faut aller dans le sud, par exemple, contre 2h à 2h30 par la route », illustrait ainsi le responsable, parlant d’un « gain de temps réel pour les patients. »

Autre avantage à cet hélicoptère : la possibilité d’amener rapidement au pied d’un avion les patients devant être évasanés en urgence. Entre le CHM et l’aéroport, le vol dure en effet 7 minutes seulement là où, habituellement, il faut compter le déplacement en ambulance de l’hôpital à la barge, le temps de traversée de celle-ci, et le trajet routier jusqu’à l’aéroport. Bref : une organisation complexe et longue. Autant de raisons qui font que les autorités du CHM espère voir cette solution héliportée se pérenniser : « le projet, accéléré par la crise, était déjà en réflexion auparavant. C’est un véritable avantage pour Mayotte. »

Évacuations sanitaires toujours avec l’utilisation depuis la semaine dernière d’un Embraer-145, exclusivement dédié aux vols sanitaires vers La Réunion. Depuis son premier vol et à la date du 29, l’avion avait déjà effectué quatre rotations vers l’île Bourbon, permettant d’évasaner 18 patients. Une flexibilité bien plus forte que lorsque le CHM dépend des vols commerciaux et que le CHM aimerait, là aussi, voir se prolonger sur le long terme. Prévu pour rester deux à trois mois sur le territoire, jusqu’à la fin de la crise sanitaire, « nous allons essayer de le rendre disponible 24h/24h », mais aussi de « démontrer son utilité » durant ce temps-là, confiait Christophe Caralp dans l’espoir que l’appareil reste positionné à Dzaoudzi, même après le Covid-19.

Et ses avantages ne résident pas, pour le CHM, uniquement dans sa facilité d’évacuation : en permettant une continuité directe avec le CHU de La Réunion pour certains cas, l’avion « permettrait d’encourager la venue de spécialités médicales absentes sur le territoire, car le patient peut, grâce à lui, être pris en charge sur toute la chaîne. C’est quelque chose de déterminant pour les praticiens. » Le président du CHM, Issa Issa Abdou, entend ainsi soutenir cette possibilité, d’autant que le projet gazier du Mozambique pourrait, dès son lancement, s’appuyer sur le CHM pour d’éventuelles évacuations sanitaires.

Rapport de la CRC

Publié la semaine dernière, le rapport de la Chambre régionale des comptes (CRC), a conforté le CHM dans son rôle. « Il nous a fait plaisir même si des choses restent à améliorer. Cet hôpital le mérite bien » a réagit la directrice, mettant en avant le travail effectué au quotidien. Elle est rejointe en ce sens par le président du CHM, Issa Issa Abdou qui estime « que ce rapport tombe vraiment bien pour le personnel soignant, qui s’est montré à la hauteur pendant le Covid-19. »

Il n’en demeure pas moins que quelques points ont été soulignés par la CRC, tels que la sur-rémunération outre-mer des personnels contractuels, alors que cette majoration n’est normalement prévue que pour les agents titulaires. Une remarque plus qu’un reproche, défendue par la directrice, expliquant que « Nous avons pris le pari de la maintenir, car l’arrêter serait dramatique en termes d’attractivité. »

Attractivité toujours avec des contrats désormais de deux ans pour les praticiens, au lieu de quatre auparavant. Une mesure qui semble contribuer à régler la problématique des services sous tension. « Pour la première fois, nous avons plus d’entrées que de départs. » a défendu la direction, mettant avant le fait qu’un engagement de deux ans était « plus rassurant qu’un engagement de quatre ans. » Une remarque appuyée par le chef du pôle Ursec, qui constate que « nous pouvons aujourd’hui sélectionner les candidatures, ce qui n’était absolument pas le cas il y a encore quelques années. » La visibilité en termes d’effectifs aux services des urgences est ainsi aujourd’hui, par exemple, de deux ans.

Du mieux, donc, que complète un autre constat : « beaucoup de candidatures veulent s’inscrire dans la durée car il y a une véritable dynamique, un véritable projet au CHM, et les praticiens le voient. »

Des projets maintenus

S’il avait été ouvert, l’hôpital de Petite-Terre aurait confortablement facilité la gestion de crise. Pour autant, malgré le retard accumulé par la crise sociale de 2018, la défaillance d’une des entreprises travaillant dessus, et l’épidémie de Covid-19, son ouverture est toujours envisagée en novembre, prochain. « Lorsque la crise sanitaire est arrivée, nous étions en train de passer un appel d’offres pour remplacer cette entreprise et finaliser l’hôpital. Cela a été interrompu mais la démarche devrait bientôt reprendre », a assuré la directrice.

Par ailleurs, cette dernière s’est réjouie de l’attribution d’une enveloppe de 1,7 million d’euros destinée à la formation d’agents peu qualifiés. De quoi, espère-t-elle, diminuer le turn-over que connaît le CHM, y compris à ce niveau de qualification.

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