L’association pour adultes et jeunes handicapés (APAJH) et le centre communal d’action sociale de Mamoudzou ont signé vendredi dernier une convention visant à faciliter l’insertion professionnelle des personnes prises en charge par l’APAJH. Un partenariat sur trois ans qui fait partie des grands projets de l’association à Mayotte.
Nul doute qu’il reste encore beaucoup à faire pour les personnes en situation de handicap en France, et particulièrement à Mayotte où les préjugés leur mènent la vie dure. Alors afin de faciliter leur quotidien et leur permettre une meilleure insertion professionnelle, le centre communal d’action sociale de Mamoudzou et la fédération APAJH ont signé une convention pour une durée de trois ans. Le but ? Créer un partenariat entre la plateforme de parcours renforcés d’accès à la professionnalisation (PPRAP) et le CCAS de la ville chef-lieu pour faciliter la collaboration entre les deux structures. La PPRAP, qui se trouve à l’espace Corralium à Kaweni mais qui sera prochainement déplacée au centre Kinga, existe depuis bientôt un an. Elle fait de l’insertion pour les personnes en situation de handicap qui sont capables de travailler.
« À Mayotte, nous avons du mal à insérer ce public parce que même si ces personnes ont des compétences, nous avons des préjugés et avons du mal à les accepter. La plateforme sert à sensibiliser et à mobiliser les partenaires pour qu’ils aillent chercher des compétences », précise Soumaïla Soula Madi, directeur du pôle adulte de la fédération APAJH Mayotte. La convention engage donc le CCAS de Mamoudzou à rendre plus fluide les démarches administratives des stagiaires de la PPRAP. Cela passe en premier lieu par une mise à disposition de moyens de locomotion pour une meilleure mobilité. « Nous devons également les aider à construire les dossiers d’aides, ou encore à recenser sur le terrain les personnes qui sont en situation de vulnérabilité, fusionner des listes entre le CCAS et l’APAJH pour que nous puissions les accompagner », détaille Zaïtouni Abdallah, vice-présidente du CCAS de Mamoudzou. Cette convention ne concerne que le public de la commune chef-lieu qui représente néanmoins « 70% des personnes accompagnées », souligne Soumaïla Soula Madi.
De grands projets pour Mayotte
La fédération APAJH existe en France depuis bientôt soixante ans, mais elle n’est arrivée à Mayotte que depuis le début de la départementalisation. Et a commencé à créer des structures uniquement depuis trois ans. Le retard à rattraper est donc colossal, alors l’APAJH multiplie les projets sur le territoire. Elle veut signer d’autres conventions avec les autres communes de l’île. « Plus nous aurons de points d’accroche sur le terrain, plus les choses avanceront facilement. Nous avons commencé à discuter avec plusieurs municipalités », indique Jean-Louis Garcia, président de l’APAJH qui est actuellement en visite à Mayotte. À l’exemple de la ville de Bandrélé qui devra également établir un partenariat avec la fédération. « À la rentrée prochaine à Bandrélé, nous allons ouvrir une unité d’enseignement élémentaire pour les enfants autistes et pour cela, nous avons besoin de la ville pour qu’elle puisse ouvrir une classe », souligne-t-il encore.
Lors de la signature de la convention à la mairie de Mamoudzou, les représentants de l’APAJH ont également annoncé la création d’une entreprise adaptée avant la fin de l’année 2021. « C’est un intermédiaire entre le monde ordinaire de production et le monde protégé des ESAT (établissements et services d’aide par le travail). Les travailleurs qui seront dans cette entreprise auront droit à un contrat de travail ordinaire, sauf que l’État aidera au poste », éclaire le président de l’APAJH. L’État va compenser les structures qui embaucheront ces personnes en situation de handicap car il considère qu’elles ne peu-vent pas travailler aussi vite que les autres et apporter la même part de productivité. Pour rendre les choses plus faciles et sécuriser les travailleurs, la fédération a cherché des partenaires pour rendre une prestation de services. « Nous allons travailler avec l’agence régionale de santé de Mayotte. Nous allons former une petite équipe qui participera à la démoustication. Le deuxième partenaire est le CHM qui a accepté d’intégrer une équipe dans le cadre de l’hospitalisation à domicile. Elle viendra en renfort pour faire le ménage, les courses, aider les patients, etc », déclare Jean-Louis Garcia. L’APAJH prévoit de mettre en route l’entreprise adaptée avec une quinzaine de personnes, mais elle ambitionne déjà de doubler les effectifs l’année prochaine car ce ne sont pas les aides qui manquent. « Tous les ans arrivent à Mayotte des aides au poste et comme il n’y a pas de porteur de projet d’entreprise adaptée, à la fin de l’année les aides retournent à Paris », déplore le président de l’APAJH. Ce dernier promet de rattraper le retard cumulé dans le départe-ment. « Il faut donner plus à ceux qui en ont le moins et donner moins à ceux qui en ont le plus », affirme-t-il. Une manière pour lui d’assurer l’égalité républicaine. Il ne reste plus qu’à voir de quelle manière cette vision s’articulera à Mayotte.