« L’accès à des structures de soins doit être garanti pour tout le monde »

Présente à Mayotte du 21 au 26 mai, le docteur Florence Rigal est venue soutenir ses équipes sur l’île. La présidente de l’ONG Médecins du monde s’alarme des atteintes au droit à la santé en lien avec l’opération Wuambushu, en cours depuis plus d’un mois maintenant.

lacces-a-des-structures-de-soins-doit-etre-garanti-pour-tout-le-monde
Les six salariés et la quarantaine de bénévoles interviennent davantage dans le nord du département de Mayotte, à Longoni et Dzoumogné.

Flash Infos : Est-ce votre première venue à Mayotte ?

Docteur Florence Rigal : Oui, c’est ma première fois. En Outre-mer, je suis allé auparavant en Guyane [elle a été élue présidente de Médecins du monde en juin 2022]. Je me suis déplacée à cause de la crise actuelle et de son retentissement sur la situation sanitaire. On suit ça à distance d’habitude. Là, c’était important de voir à quoi les équipes sont confrontées.

F.I. : Qu’est-ce qui vous a frappé concernant la situation sanitaire sur l’île ?

Dr F.R. : Elle est préoccupante. Au niveau des structures, il y a des manques bien sûr. Il y a trois à cinq fois moins de médecins qu’en métropole. Aujourd’hui, la question est donc comment on fait en sorte que tout le monde puisse accéder aux soins.

F.I. : Comment Médecins du monde et les autres organisations médicales tentent de limiter les risques ?

Dr F.R. : L’ONG intervient en France depuis 1986. Il y a en tout 55 programmes qui y sont développés. On est présents à Mayotte depuis 2009, plutôt dans le nord du département, à Longoni et Dzoumogné, via un travail de médiation et d’accompagnement. Une attention est portée sur les femmes enceintes et les mineurs.

Quelle incidence a l’opération Wuambushu sur vos activités ?

Dr F.R. : Nos équipes avaient des inquiétudes avant l’opération, puisqu’elles ne croisaient plus une partie des patients. Ils n’osent plus sortir de peur de se faire arrêter. Pour donner un exemple, on a une file active d’habitude de 170 personnes, elle est de 80 personnes en ce moment. Cela veut dire que les autres refusent d’aller se faire soigner. On retrouve de l’hypertension, des pathologies chroniques, des maladies qui nécessitent pourtant un suivi. Ça joue aussi sur les effectifs, en plus des six salariés, une quarantaine de bénévoles les aident. Certains ne veulent plus sortir, quatre ont d’ailleurs été expulsés.

F.I. : La crispation politique autour de l’immigration rend-elle le travail plus compliqué avec les élus et l’État ?

Dr F.R. : Nous n’avons pas rencontré le préfet de Mayotte. En revanche, on a eu un rendez-vous avec l’Agence régionale de santé. On leur a demandé de faire passer un message en tant qu’autorités sanitaires sur l’île. Il est primordial qu’il y ait un accès aux soins. On a aussi rencontré les soignants, qui nous ont fait part de leurs difficultés.

F.I. : Comme des professionnels de santé sur l’île, vous vous êtes inquiété du blocage des dispensaires. En quoi est-ce aussi important ?

Dr F.R. : L’accès à des structures de soins fait partie des fondamentaux de Médecins du monde. C’est une chose qui fait sens. Il doit être garanti pour tout le monde et sans conditions. Ce n’est acceptable que des patients ne puissent pas accéder à un centre de soins pendant trois semaines. J’ai appris que les blocages étaient terminés ces derniers jours.

 F.I. : Mayotte est aussi confronté à la crise de l’eau. En quoi, peut-elle aggraver la situation sanitaire ?

Dr F.R. : Bien sûr. 30% de la population n’a pas accès à l’eau potable. C’est évidemment quelque chose pour être en bonne santé. La crise de l’eau peut aggraver les tensions sur place. Il faut que cela reste organisé.

🕔 Brèves

abonnement gratuite Mayottehebdo Abonnez-vous gratuitement à Mayotte hebdo


Recevez Mayotte hebdo gratuitement chaque semaine dans votre boite email

À la Une

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1105

Le journal des jeunes