Pour son point bi-hebdomadaire, l’ARS a pour la première fois communiqué sur les zones géographiques dans lesquelles s’est propagé le Coronavirus. Si dans certaines, comme Mamoudzou et Petite-Terre, des clusters professionnels étaient déjà pressentis, la situation de Bandrelé fait l’objet d’une vigilance accrue.
Pas de répit pour l’ARS. C’est peu ou prou le message qu’a voulu faire passer Dominique Voynet lors de son point presse bi-hebdomadaire : “Tous les jours apportent des nouveaux cas, et c’est un boulot monstre pour identifier les cas contacts. Donc, non, je ne dirais pas que la situation est sous contrôle”, a insisté la directrice de l’autorité sanitaire, alors que Mayotte entame sa troisième semaine de confinement. Lundi 6 avril, 164 personnes avaient été testées positives au Covid-19, dont trois en réanimation, 17 hospitalisées et 14 étaient sorties de l’hôpital après un séjour d’observation. L’ARS reste donc sur ses gardes, d’autant plus qu’un nouveau cluster, identifié dans la zone de Bandrelé, pourrait justifier un passage au stade 3 de l’épidémie, si davantage d’habitants venaient à tomber malades.
Depuis l’introduction du virus sur le territoire, l’ARS ne communiquait pas sur les zones géographiques dans lesquelles on recensait les premiers cas. “S’il n’y en avait que deux dans un lieu identifié, nous ne voulions pas qu’ils soient traqués par les habitants, nous attendions qu’il y en ait plus”, a justifié Dominique Voynet, avec un certain pragmatisme. C’est désormais le cas et pour la première fois depuis l’introduction du virus sur l’île hippocampe, trois zones géographiques principales ont été identifiées : le chef-lieu, Mamoudzou, assez logiquement puisqu’il concentre la population la plus dense et sans que “la situation n’y soit particulièrement préoccupante” ; Petite-Terre, pressentie en raison de la propagation du virus dans un cluster professionnel, des agents de retour de métropole ayant contaminé leurs collègues ; et enfin Bandrelé où une “vingtaine de cas, peut-être 24” ont été recensés dans “trois ou quatre villages différents”.
Un premier centre d’isolement a ouvert ses portes
Est-ce le signe d’une diffusion locale du virus sur le territoire ? Pour l’instant, il n’y a pas lieu de s’alarmer outre mesure, a tempéré l’ancienne ministre. “Je me suis posée la question aujourd’hui du passage au stade 3, mais franchement, ça ne se diffuse pas, c’est bien circonscrit”, a-t-elle poursuivi, tout en reconnaissant que “la situation de Bandrelé est sur le fil, et nous avons deux à trois jours maximum pour éviter que cela ne se diffuse”. L’ARS mène donc un travail d’orfèvre pour tenter d’identifier l’origine commune entre les différents malades. L’enquête oscille entre la campagne électorale, un cabinet médical, et des obsèques… ce qui rappelle d’ailleurs l’enjeu sanitaire qui pèse sur les rites funéraires. Point positif : beaucoup des cas identifiés appartiennent à des mêmes familles. “Si nous avions six malades, dans six familles différentes par exemple, l’analyse ne serait pas la même”, a expliqué Dominique Voynet. En attendant, la commune fait “l’objet de tous nos soins, car nous savons que les bangas et la proximité y sont importantes”. En coordination avec la mairie, l’ARS a donc renforcé les moyens pour éviter la circulation du virus sur la commune, tant sur l’accès à l’alimentation et à l’eau que sur la diffusion des bons gestes.
Car le risque d’une propagation dans les bangas est réel. Et il s’agit là du scénario le plus sombre : quatre foyers sur dix vivent dans des logements en tôle, souvent sans accès à l’eau courante et où l’application des gestes barrières relève du mirage. L’ARS et les communes réfléchissent donc depuis le début de l’épidémie à des mesures pour héberger des personnes pour qui le confinement ne serait pas possible. Et c’est désormais chose faite, a annoncé Dominique Voynet ce lundi : un centre a
ouvert, au sein de l’internat de Tsararano, et pourra accueillir au maximum 50 personnes, même si “nous espérons ne pas avoir à le remplir”. Le centre visera uniquement à héberger des personnes “covid +” qui ne peuvent pas s’isoler, ou risquent de contaminer des personnes fragiles dans leur entourage et il n’y sera pas prodigué de soins hospitaliers. Il reviendra aux médecins du CHM de proposer à des patients identifiés cette solution d’hébergement.
Des masques en nombre suffisant, et pas de gaspillage
Deux navires devaient débarquer ce week-end à Mayotte. Mais le porte-hélicoptère Mistral, arrivé samedi dans les eaux du lagon, a surtout apporté des renforts pour le Détachement de la Légion étrangère à Mayotte (DLEM). “Le Champlain, en revanche, a plein de choses pour nous”, a noté Dominique Voynet, qui est toutefois restée vague sur le contenu de ses cales : a priori de l’oxygène et des masques. Ce que l’on sait toutefois : 90 tonnes de matériel doit être envoyé de Paris à La Réunion, et ¼ de ce fret doit transiter jusqu’à Mayotte, surtout grâce au pont aérien, et à raison de deux avions par semaine. On ne saura pas en revanche, combien de masques arriveront finalement sur l’île, mais “il en y a assez pour les soignants”, a balayé la directrice. Quant aux autres réserves nécessaires, en protections, gants, gel hydroalcoolique et médicaments : “on a du matériel, mais on ne le gaspille pas. Car nous pourrions manquer de certains médicaments si l’épidémie prenait de l’ampleur”.
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