« La e-santé c’est bien, mais avec un médecin, c’est mieux »

Le manque de médecins à Mayotte a peut-être trouvé son remède. C’est ce à quoi aspire lassociation Ensemble pour votre santé, en proposant un nouveau dispositif de téléconsultation accompagnée, qui tient dans un sac à dos.

Et si la télémédecine venait à bout du problème de pénurie de praticiens sur l’île ? C’est en tout cas une partie de solution qui est proposée par l’association Ensemble pour votre santé (EVPS), qui s’est donné pour but de développer la téléconsultation sur le territoire mahorais. Alors que depuis la pandémie de Covid-19, cette pratique est devenue courante, elle s’est aussi montrée efficace pour pallier au manque de médecin et aux longues périodes d’attente avant d’obtenir un rendez-vous. Mais comme le souligne le docteur Martine Eutrope, qui a créé l’association en 2019 : « La e-santé c’est bien, mais avec un médecin, c’est mieux ».

C’est pour assurer une meilleure prise en charge des patients que l’association vient de présenter le prototype d’un sac à dos qu’elle a conçu spécialement pour les téléconsultations. Sûrement une première en France. D’un poids de huit kilogrammes, le sac contient, entre autres, de quoi faire des électrocardiogrammes, un otoscope (ce qui permet de voir l’intérieur de l’oreille) et de quoi ausculter. Mais surtout, un ordinateur connecté qui permet d’avoir un médecin en direct. L’infirmière en visite à domicile, aidée d’un assistant de téléconsultation, peut donc être les mains du médecin, qui grâce à une bonne résolution d’écran et à un casque peut examiner le patient a distance. « De nombreux médecins de métropole de notre réseau sont disponibles pour assurer ces consultations, y compris des spécialistes », ajoute le docteur Eutrope.

« Ce sont les infirmières qui nous ont suggéré l’idée »

Ce projet, financé par l’Agence régionale de santé (ARS), a connu de multiples rebondissements. L’EVPS avait d’abord présenté ce dispositif sous forme de malle rigide à roulette, qui se trainait comme une valise. « Seulement, les infirmières nous ont fait remarqué que ce n’était pas pratique pour aller dans les bangas », souligne la médecin. Puis, l’année dernière, il a pris la forme d’une mallette, dont le modèle était basé sur les anciennes mallettes de médecin. Seulement, le personnel soignant avait peur de passer pour des transporteurs de fonds avec. « C’est pour cela qu’on avait émis des réserves, on a jugé que ça pouvait être dangereux », explique El Habib Ismael, vice-président de l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) Infirmiers Océan Indien.

« Cela va casser l’isolement »

« Ce sont les IDE (infirmiers diplômés d’État) qui nous ont suggéré l’idée du sac à dos », précise le docteur Martine Eutrope lors de sa présentation. Avec ce nouveau modèle, El Habib Ismael estime que les IDE sont prêts à se lancer dans les téléconsultations. « On s’occupe de personnes grabataires, qui n’ont pas vu de médecin depuis dix ans, cela va casser cet isolement et nous aider à être le relais entre le patient et le médecin », estime-t-il.

Ce dispositif s’ajoute aux stations fixes de téléconsultation avec examen clinique de l’association. Douze de ces sacs à dos ont été financés par l’ARS et sont en cours de fabrication. Ils devraient arriver d’ici novembre. D’une valeur de 10.000 à 15.000 euros, cet outil sera prêté gratuitement au personnel médical le désirant. « C’est un projet particulièrement innovant, cela va nous apporter et à nous, et au patient », conclut El Habib Ismael.

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