La campagne de vaccination contre le choléra fait un passage par Ongojou

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A Ongojou, les habitants ont pu avoir accès à de la vaccination préventive contre le choléra, ces mercredi et jeudi.

Sans aucun cas répertorié depuis le 12 juillet, Mayotte connaît un répit dans la propagation du choléra. Afin qu’il perdure, l’Agence régionale de santé (ARS) de Mayotte s’est lancée dans une grande campagne de vaccination préventive dans les quartiers les plus précaires, les plus touchés généralement par la bactérie. Reportage à Ongojou, ce jeudi matin.

« [Mercredi] matin, personne ne voulait venir. On les a convaincus en parlant de médicaments, pas de vaccins », raconte Nasfati, médiatrice de Mlezi Maoré et elle-même originaire du quartier d’Ongojou où la campagne de vaccination s’est implantée pour deux jours. Ce jeudi matin, la peur a disparu chez les adultes et les enfants qui attendent devant les deux barnums installés à proximité des maisons dont la large majorité sont faites en tôles. D’un côté, les associatifs, Croix-Rouge et Mlezi Maoré, accueillent les candidats aux vaccins pour prendre les noms et les contacts. De l’autre, des médecins de la réserve sanitaire et des employés de l’Agence régionale de santé distribuent les doses sous la forme d’un gobelet rempli d’une poudre mélangée à de l’eau. La moue faite par les enfants trahit un goût pas forcément agréable, même si du sucre est ajouté pour eux.

Les doses uniques garantissent une protection contre le choléra, une bactérie qui se transmet par les selles et est donc souvent liée à une mauvaise hygiène des mains ou la présence de matières fécales dans l’eau. A Mayotte, 221 cas ont été recensés depuis le 18 mars, mais aucun cas n’a été détecté depuis trois semaines. « On est ici sur de la prévention. On n’est plus sur du réactif. Vous avez bien compris qu’on n’a plus de cas depuis le 12 juillet, donc maintenant on amplifie la vaccination préventive », note le nouveau directeur de l’Agence régionale de santé (ARS) de Mayotte, Sergio Albarello. Ce quartier n’a pas été ciblé par hasard, même si aucun cas n’y a été recensé, les conditions d’hygiène et la promiscuité des cases rendent le risque plus grand pour les habitants. Il s’agit là de « toucher au plus près les populations vulnérables », explique l’ancien médecin-chef de l’Élysée. Au même moment, d’autres équipes sont réparties près du stade d’Ongojou, deux points à Kahani et Combani pour réaliser le même type d’opérations (voir encadré).

Des équipes mobiles

Plus loin, trois médecins et infirmiers rechargent leurs sacs et leur petite glacière. Contrairement à leurs collègues, ils se déplacent dans les ruelles pour aller voir les plus fragiles repérés par les médiateurs. Ils n’emportent qu’une dizaine de doses, expliquant que celles-ci finissent par périmer « si elles ne sont pas consommées dans les douze heures ». Derrière la mosquée du quartier, une dizaine de femmes et d’enfants attendent le passage de l’équipe médicale. Les plus âgées ne peuvent pas se rendre jusqu’aux stands. Sur le pas des maisons, elles répondent donc aux questions. La réserve médicale vérifie si elles ont ressenti ou non des symptômes, si elles viennent de manger ou prennent des médicaments pour d’autres pathologies. L’un des deux vaccins est ainsi « adapté pour les femmes enceintes, les femmes allaitantes ou les personnes immunodéprimées », détaille Marine Degornet, coordinatrice de l’ARS.

L’ambiance est à la rigolade. Afin de combler l’impatience des plus petits, une membre de l’équipe dessine une tête sur des gants gonflés. Pour ceux qui peuvent se déplacer, on leur conseille de passer quand même au stand des associations pour récupérer un kit d’hygiène qui permet d’assainir l’eau. Il comprend notamment un seau et des tablettes Aquatabs. Sur ce site, 500 vaccins ont pu être distribués la veille. Mais ce n’est pas toujours aussi facile. Il est parfois arrivé que des personnes refusent le vaccin et fassent preuve de défiance, surtout depuis le coronavirus. « Le fait que ce soit par voie orale et pas une piqûre les rassurent déjà », juge un docteur.

Pour les autres, « ils disent qu’ils iront à l’hôpital s’ils sont malades », indique Nasfati, mégaphone à la main, en accompagnant le retour des médecins pour une nouvelle recharge.

Un objectif de 40.000 vaccinés d’ici fin août

Fin juillet, le territoire comptait 20.000 vaccinés. En un mois et grâce à des renforts de la réserve sanitaire, 10.000 ont pu l’être. « Avec l’accès à l’eau, ce sont les deux piliers de la lutte contre le choléra », rappelle Sergio Arbarello, le nouveau directeur de l’ARS. Il compte accélérer l’allure pour atteindre son objectif de 40.000 d’ici « fin août-début septembre ». Le stock a été en tout cas prévu en conséquence, assure-t-il. « On a les vaccins. Si on a mis un objectif de 40.000, c’est qu’on s’est donné les moyens de pouvoir le faire avec les vaccins et le personnel suffisant », estime-t-il, confiant.