Josiane Henry, la mère retraitée des 650 infirmiers mahorais diplômés

À 68 ans, Josiane Henry tire sa révérence et prend sa retraite après 35 ans de bons et loyaux services au sein du centre hospitalier de Mayotte. Une carrière pleine dédiée à la formation des professionnels de santé locaux et à la direction des soins.

« Ca a été une aventure passionnante ! » Officiellement retraitée depuis la fin de semaine dernière, Josiane Henry troque une carrière longue de 35 ans au centre hospitalier pour un repos bien mérité. « Lors de mon arrivée en octobre 1979, je pensais venir pour deux ans », sourit la provinciale du Berry, au moment de jeter un coup d’oeil dans le rétroviseur. Âgée alors de 26 ans, elle débarque avec son mari, Jean-Claude, et son bébé sous le bras. « Mayotte commençait son chemin singulier après le référendum de décembre 1976 », retrace-t-elle. « Chaque semaine, il y avait quelque chose de nouveau. »

En charge de l’encadrement des soins sur le site de Mamoudzou le matin et de la formation des infirmiers locaux l’après-midi, elle se confronte à la dure réalité de cette toute récente collectivité territoriale, située à 8.000 kilomètres de la métropole. « Des conditions de vie très rustiques, eau courante et électricité encore rares, deux routes et des pistes, très peu de maisons en dur, sauf les mosquées et les administrations. » Le niveau scolaire de sa première salve d’étudiants varie du CM2 à la 4ème… Chaque sortie de promotion coïncide avec l’ouverture de nouveaux dispensaires. « Nous participions activement à la construction du service de santé », souligne Josiane Henry, entourée de Mariata, Fatima, Habibou, Oussene Saidy jeudi dernier à l’occasion de son pot de départ . Quatre des cent premiers infirmiers formés entre 1977 et 1991. « Une bonne moitié sont déjà à la retraite. »

Une coupure de sept ans

L’année suivante marque le lancement de l’école d’aides-soignants suivie de l’école d’auxiliaires de puériculture en 2016, débouchant toutes les deux sur des diplômes nationaux. Une première étude d’implantation d’un institut de formation en soins infirmiers se réalise en 1996. « J’ai rempli le premier dossier », se remémore-t-elle. Puis vient l’heure de procéder à une coupure. « Il fallait au bout de 16 ans que j’aille voir ce qu’il se passe en hôpital public. » Josiane Henry part à l’école nationale de santé publique de Rennes avant de devenir directrice des soins au centre hospitalier départemental Félix Guyon de Bellepierre à La Réunion pendant cinq ans. « Je voulais vivre cette expérience avant de rentrer. »

À son retour en 2003, Josiane Henry occupe un poste à la direction des soins, comme adjointe pendant sept ans puis en tant que coordinatrice générale durant trois années. Une décennie durant laquelle elle travaille d’arrache-pied pour faire monter l’établissement en compétences. En 2013, elle revient à son premier amour : la formation des professionnels de santé. Elle reprend la coordination de l’IFSI (officiellement ouvert en 2001 et devenu universitaire en 2009), de l’IFAS et de l’IFAP. « En vingt ans, nous avons diplômé 550 infirmiers d’État auxquels il faut ajouter les 100 du début. Je me suis régalée ! »

Un dossier de partenariat noué en 2018 avec les IFSI Croix-Rouge de Nîmes et de Toulouse permet d’y envoyer 15 étudiants. Un autre voit le jour en septembre dernier avec l’IFSI Croix-Rouge de Quétigny en Bourgogne Franche Comté. « Nous en formons 35 infirmiers chez nous et 30 en métropole », se réjouit Josiane Henry. Un quota qui ne cesse d’augmenter au vu des besoins exponentiels dans le 101ème département ! « J’ai l’impression d’avoir posé la première pierre de quelque chose de grand. L’IFSI a pour avenir de s’installer dans le second hôpital à Combani. Aujourd’hui, ce n’est encore que l’embryon de ce qu’il sera demain. » C’est le cœur lourd, mais le sentiment du devoir accompli que cette bâtisseuse acharnée passe le flambeau à Carine Piotrowski.

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