Jean-Mathieu Defour : « Mener à bien la construction du nouvel hôpital et la restructuration de l’actuel »

Depuis le 19 avril, le centre hospitalier de Mayotte (CHM) compte un nouveau directeur général en la personne de Jean-Mathieu Defour. Arrivé récemment de Bastia (Haute-Corse), il a œuvré sur plusieurs restructurations et la création d’un nouvel hôpital. Deux missions qu’il est chargé de remplir à nouveau sur l’île.

Flash Infos : De quelle manière ce poste [N.D.L.R. Christophe Blanchard assure l’intérim depuis un an] vous a été proposé ?

Jean-Mathieu Defour : Cela a été décidé en janvier. On m’a demandé de mener à bien la construction du nouvel hôpital et la restructuration de celui de Mamoudzou. Ce que j’ai déjà fait en Guyane et à Bastia. Ils ne m’ont pas pris pour mes beaux yeux.

FI : Vous êtes sur place depuis une quinzaine de jours maintenant. Quelles sont, selon vous, les priorités ?

J-M. D. : Le plus urgent est d’assurer la continuité des soins. Il faut également que le personnel ait de bonnes conditions de travail. Et la troisième priorité est de lancer les travaux de restructuration dès cette année.

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L’objectif du directeur est d’assurer la restructuration du site de Mamoudzou et la construction du celui de Combani.

FI : Qu’en est-il de ce chantier justement ?

J-M. D. : La semaine dernière, nous avons eu la visite du Cnis (conseil national des investissements en santé). C’est la procédure sur les chantiers de plus de 150 millions d’euros (N.D.L.R. 120 millions d’euros ici). Ce groupe d’experts écrit un rapport, attendu pour juillet, qui doit ensuite être validé par un comité de pilotage. Vingt millions d’euros sont déjà engagés, dont trois chantiers sont prévus cette année. Il y a la psychiatrie pour quatre millions d’euros, la gynécologie avec 1.9 million et le service de néonatalité pour 500.000 euros.

FI : Votre prédécesseur a déjà avancé sur ce dossier. Est-ce qu’il va y être associé ?

J-M. D. : Oui, Christophe Blanchard, en plus de ses fonctions, assure la direction des opérations. Un ingénieur doit arriver cet été pour l’épauler. Il y a un médecin et un conducteur des travaux qui sont déjà mobilisés sur cette mission. Et j’ai demandé au directeur des soins qu’un cadre de santé les rejoignent.

FI : En tant qu’ex-directeur d’un hôpital en Guyane, quelles difficultés avez-vous rencontré sur un tel projet ?

J-M. D. : Bien sûr, il y a l’insularité. Vous savez que les matériaux sont plus compliqués à acheminer. Il faut aussi trouver les entreprises qui peuvent se positionner. Mais contrairement à la Guyane où il fallait construire un nouveau à la place de l’ancien, là, nous devons construire un hôpital neuf et rénover l’actuel par ce que nous appelons des opérations à tiroir.

FI : Quel est l’objectif d’un tel projet sur le long terme ?

J-M. D. : Ce n’est pas une petite opération. En restructurant, l’hôpital doit durer vingt ans de plus.

FI : Vous avez pu vous rendre dans l’hôpital. Qu’avez-vous constaté ?

J-M. D. : Au-delà des projets, il y a un vrai sujet sur l’entretien et la maintenance des locaux. J’étais surpris par les dégradations. Il y a beaucoup de travaux à prévoir.

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Ancien infirmier, Jean-Mathieu Defour a été directeur général des hôpitaux de Saint-Laurent-du-Maroni (Guyane) et de Bastia.

FI : Vous pensez à un service en particulier ?

J-M. D. : Il y en a plusieurs. Mais vous pouvez regarder les urgences tout simplement, qui est pourtant la porte entrée de l’hôpital. Il faut que le personnel puisse travailler dans de bonnes conditions. J’y suis très attaché, sans doute à cause de mon passé en tant qu’infirmier. Cependant, il n’y a que du négatif. En termes d’équipement, je trouve qu’il n’y a pas à rougir par rapport aux établissements de métropole. Je pense aux services de réanimation, maternité, radiologie ou au laboratoire.

FI : Le recrutement sur un territoire comme Mayotte reste un problème. Vous avez sans doute déjà connu ça en Guyane.

J-M. D. : C’est vrai, il y a un manque de médecins et de sage-femmes. Mais sur ce dernier point, ce n’est pas spécifique à Mayotte, c’est le cas sur tout le territoire national. Elles sont très mobiles, donc elles ont la possibilité de pouvoir prendre de l’expérience où elles le veulent. Et ici, nous connaissons en plus une suractivité. En ce moment, nous avons des renforts de la réserve sanitaire, mais nous ne pouvons pas compter que sur elle. C’est pour ça qu’il faut renforcer notre attractivité.

FI : Avez-vous des moyens d’y remédier ?

J-M. D. : Nous sommes en train de mettre en place une cellule de recrutement. Elle fera un travail de chasseurs de tête et facilitera les conditions d’installation. Je sais que le logement est toujours un problème ici. Je vais travailler aussi avec les partenaires sociaux, nous devons éviter les micro-conflits en amont. Pour attirer, il faut que les gens s’y plaisent, et pour ça, il faut de bonnes conditions de travail.

FI : L’un de vos objectifs est la construction du second site à Combani. Où en êtes-vous ?

J-M. D. : Nous sommes encore en phase d’études. Les premiers coups de pioche sont prévus en 2025.

 

Un ancien infirmier à la tête du CHM

À 57 ans, le nouveau directeur général a un parcours atypique. « J’ai été dix ans infirmier. J’ai même été aide-soignant en maison de retraite », raconte-il. Il est notamment passé par les Hospices civiles de Lyon, avant de suivre une formation de directeur d’hôpital. Un métier qu’il a d’abord exercé dans le Sud-Ouest. Il y a été directeur général du centre hospitalier Ariège-Couserans.

Il a de plus de l’expérience en Outre-mer (voir par ailleurs), puisqu’il a été directeur général de l’hôpital de Saint-Laurent-du-Maroni, en Guyane. Comme à Mayotte, il a supervisé la construction d’un nouvel hôpital qui a vu le jour en 2018. Bastia, où il y avait « une restructuration lourde » à effectuer, a finalement été son expérience la plus courte avec deux ans et demi.

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