Le directeur général du centre hospitalier de Mayotte (CHM), Jean-Mathieu Defour, a présenté ses vœux pour l’année 2024, ce jeudi midi. Remerciant l’implication de tout le personnel de l’hôpital, il a rappelé les avancées et les projets de cette année.
Applaudissements, remerciements envers le personnel mobilisé, les différents discours de vœux pour l’année 2024 portent le même message : face aux crises, « l’hôpital a su continuer de prendre en charge ses patients », affirme ici le directeur du centre hospitalier de Mayotte (CHM), Jean-Mathieu Defour. À ses côtés ce jeudi 18 janvier, le secrétaire général de la préfecture de Mayotte, Sabry Hani, le nouveau président de la commission médicale d’établissement, Soumeth Abasse, et le vice-président du conseil de surveillance de l’hôpital, se sont également exprimés devant un auditoire composé de soignants, de représentants du personnel et des usagers, de l’Agence régionale de santé (ARS) et de l’Université de Mayotte.
Opération Wambushu, insécurité et caillassages des bus, pénurie d’eau… « On peut comprendre le personnel qui a utilisé ses droits de retrait », déclare le directeur qui évoque les difficultés de recrutement que traverse l’hôpital, engendrant la fermeture de maternités à M’ramadoudou et Dzoumogné. « Malgré tout, le CHM fonctionne, les services parfois en mode dégradé. » Preuve à l’appui : « l’attente aux urgences est en moyenne de quatre heures, mais trouvez-moi des urgences qui font moins en métropole ».
En 2023, un service de cardiologie [N.D.L.R : la dernière cardiologue de l’hôpital est rentrée en métropole] et une fédération médicale interhospitalière pour l’ophtalmologie avec le CHU Cochin ont été créés, le site de Petite-Terre s’est dotée d’une hélisurface… Le président de la commission médicale d’établissement réitère : « L’hôpital est resté debout. »
Restructuration du CHM
L’année 2024 devrait, elle, être placée sous le signe « du bruit et de la poussière », prévient Jean-Mathieu Defour. Livraison totale de la néonatalogie, travaux dans les services d’urgence et de maternité, extension du centre hospitalier de Petite-Terre sont prévus pour restructurer le CHM. Les travaux sont soutenus à hauteur de 242 millions d’euros par le gouvernement comme l’a annoncé l’ancienne première ministre, Élisabeth Borne, lors de sa visite à Mayotte. Aux alentours de 2028, des premiers coups de pioche pourraient même commencer à Combani pour la construction du second hôpital.
« Ce sont des projets qu’on espère être attractifs », détaille Jean-Mathieu Defour, à qui il manque 50 infirmiers en néonatalogie, 90 sage-femmes en maternités et plus de 150 médecins au CHM. « Quand je rencontre les étudiants en médecine à Paris, ils me disent « ok, on va venir à Mayotte mais sous certaines conditions » : des services de spécialité, d’avoir des lieux pour faire de la recherche (lire encadré) et de trouver des logements, de quoi vivre correctement sur l’île. » À ce titre, le CHM propose un logement et des véhicules de fonction durant les premières semaines.
« Le télétravail peut se faire pour l’administratif, mais encore faut-il des médecins de l’autre côté. Je crois davantage au fait de conventionner les hôpitaux pour mettre en place des fédérations médicales interhospitalières afin d’avoir des postes d’assistants partagés entre le CHU et l’hôpital. » Autrement dit, des médecins payés par le CHM et l’ARS qui alternent six mois en CHU pour se former et six mois au CHM. « Ça, c’est très attractif », estime-t-il.
En attendant, même si le manque d’effectifs demeure, le directeur annonce une sortie du plan blanc dans « quelques semaines » pour repartir sur des bases « normales ». « Car de toute façon à Mayotte, on est toujours en crise. Elle est devenue un mode de fonctionnement naturel pour le CHM. »
Des parcours d’étude en médecine en réflexion
Si une licence accès santé existe déjà à Mayotte, Abal-Kassim Cheik Ahamed, président de l’Université de Mayotte, informe que des réflexions sont en cours avec le centre hospitalier de Mayotte (CHM) et l’Agence régionale de Santé (ARS) pour créer d’autres formations. Parmi elles : l’intégration d’un parcours d’accès spécifique santé (Pass) à l’Université (nom donné à la première année de médecine) qui nécessiterait l’intervention de praticiens avec une nouvelle casquette de professeur. Le but étant également de développer le champ de la recherche, notamment à propos des spécificités à Mayotte et « peut-être apporter des réponses concernant des maladies ».
« Mais on ne se réveille pas en sortant du lycée en se disant je souhaite faire des études de médecine », note celui qui souhaite mettre en place, dans tous les lycées, un premier diplôme accessible dès la Seconde. En somme, « tous les acteurs sont mobilisés, mais il n’y a pas encore d’énergie commune », conclut-il, insistant sur l’importance de ces discussions pour « construire des fondations solides et crédibles. »