Le directeur général du centre hospitalier de Mayotte depuis mai 2022, Jean-Mathieu Defour, a abordé sans langue de bois les difficultés de la structure et les projets à venir, lors de la cérémonie des vœux du CHM, ce mercredi, au sein de l’hôpital.
La restructuration de Mamoudzou continue
Grand volet cette année, les sites de Mamoudzou et de Pamandzi continuent leur transformation. Une extension de la maternité va ainsi être effectuée, un bâtiment de consultations externes va être construit, ainsi que deux autres pour les urgences et la pédiatrie. Enfin, à Pamanzdi, l’extension de l’hôpital va permettre d’accueillir un service de psychiatrie « temporairement ». La restructuration du CHM fait partie d’un plan estimé à 120 millions d’euros. Côté équipement médical, un renouvellement à hauteur de 17 millions d’euros a été opéré.
Le second hôpital à Combani
Le futur établissement, dont les travaux commenceront en 2025, a été rapidement évoqué. Jean-Mathieu Defour, directeur général du CHM, a confirmé que « les activités seront partagées entre les deux sites », sans préciser toutefois lesquelles. Ayant déjà contribué à la création d’un nouvel hôpital en Guyane, il sait dans quoi il met les pieds et qu’il devra y consacrer beaucoup de son temps.
Son état des lieux
« J’ai trouvé une communauté hospitalière, réunissant personnel médical et non médical, au bord de l’épuisement », a reconnu le directeur, en préambule de son discours. « A Mamoudzou, les conditions de travail sont particulièrement dégradées. » Il cite ainsi les problèmes de transport et l’insécurité qui touchent les équipes. « La population a grandi, le nombre de patients a grandi, pas trop l’hôpital. » Opposé à un fonctionnement vertical, « où toutes les décisions sont prises en haut », il préfère s’appuyer sur des directeurs de pôles.
Les difficultés de recrutement
Ça reste le gros point noir du CHM, le recrutement se fait en nombre, mais le turnover important pénalise les équipes. « On renouvelle la moitié de nos équipes chaque année », déplore le directeur. Une agence de recrutement, la première du genre, a même été créée pour ça. « En état de finalisation », elle est déjà en action depuis novembre 2022, confirme Mathieu Guyot, le directeur adjoint du CHM en charge du projet. « Là où on a bien avancé, c’est le paramédical, notamment les infirmières spécialisées, les manip radios, préparateurs en pharmacie », poursuit-il. Pour les sage-femmes et les médecins, l’équipe de douze personnes, pour l’instant, n’a pas encore « tout mis en place ». « Un médecin ne vient pas comme ça, il faut d’abord lui présenter un projet médical », fait observer le directeur adjoint.
De nouveaux services créés
Et l’agence pourrait être mise à contribution dans la création de nouveaux services. L’agence régionale de santé a été sollicitée pour la création d’un service de cardiologie interventionnelle et un autre de néphrologie (spécialité médicale des reins). Le directeur général souhaite également faire revenir des services ayant disparu, comme la neurologie. « Il n’y a plus de neurologues sur l’île », fait-il remarquer. Et pour moins dépendre de La Réunion, où la cancérologie est déjà surchargée, « on cherche à recruter des cancérologues ».
Une équipe renforcée à La Réunion
Dans le même temps, Jean-Mathieu Defour souhaite faire « un plan d’amélioration de la prise en charge de patients » sur l’île Bourbon, avec les établissements réunionnais et des partenaires associatifs. En effet, des patients évasanés n’ayant jamais quitté le territoire rencontrent parfois des difficultés une fois arrivés sur place. « On a responsabilité morale envers nos patients », concède-t-il.