Depuis fin novembre 2020, le service de réanimation est informatisé via le logiciel Grimoires. Un nouvel outil qui centralise toutes les données des patients, qui simplifie la prise en charge et qui apporte un confort supplémentaire aux personnels soignants. Non seulement, cela permet de diviser par dix l’erreur humaine mais aussi d’être un facteur d’attractivité.
« Nous passons d’une caravelle d’Air France des années 80 à un 787 flambant neuf. » De l’aveu de son chef de service, Renaud Blondé, la réanimation rentre dans « le XXIème siècle » en se dotant du logiciel Grimoires. Un outil informatique financé à hauteur de 200.000 euros par l’agence régionale de santé océan Indien et installé le 24 novembre dernier, qui met définitivement fin à l’ère du papier, sur lequel étaient rédigées à la main, quotidiennement, les 400 données les plus importantes de chaque patient. Un moyen aussi de « diviser par dix » l’erreur humaine, qui peut forcément se payer cash. « Nous ne savons pas si cela nous a permis de sauver des vies durant la seconde vague, mais en tout cas, cela a été plus facile à gérer pour les personnels soignants au vu de la charge de travail très élevée », confie-t-il devant son écran, les yeux rivés sur les datas de la quinzaine d’hospitalisés en ce moment.
Car oui, ce qui change avec cette technologie, déployée dans seulement un quart des services de réanimation métropolitains et ultramarins, c’est la capacité d’avoir « une vision globale de tous les malades ». En d’autres termes, de pouvoir suivre en temps réel « tous les paramètres de chaque scope (moniteur de surveillance) ». Et ainsi de connaître l’état de santé des patients qui sont intubés, qui sont sous respirateur, qui ont une machine de dialyse ou d’hémofiltration, qui reçoivent des antibiotiques ou qui ont une assistance circulatoire… « Auparavant, nous étions obligés de faire des aller-retour dans chaque chambre pour avoir cette information. Maintenant, nous pouvons y avoir accès depuis n’importe quel bureau de la réanimation », se réjouit Renaud Blondé, convaincu que cette nouvelle méthode de travail apporte davantage de sérénité. Toutefois, cela ne proscrit en aucun cas la communication entre les médecins et les infirmiers, bien au contraire. « Nous allons toujours transmettre les consignes oralement. L’informatique nous laisse simplement une trace écrite. »
Des procédures dégradées en cas de panne
« Tout est sécurisé entre la prescription et l’administration », assure Christophe Heuberger, le directeur général de la société Terenui, éditrice du logiciel. Mais est-ce réellement fiable en cas de panne de courant, un phénomène auquel est régulièrement assujetti le 101ème département ? « Nous avons des procédures dégradées », prévient-il. « Imaginez que tout s’éteigne : nous avons des ordinateurs branchés sur des onduleurs, qui ne sont pas reliés au serveur et qui mettent à jour toutes les minutes les 8.000 données. » Il suffit alors d’imprimer une version papier. Dans le but d’éviter d’injecter deux fois un médicament « sensible » en cas de confusion !
Enfin, l’informatisation est également un facteur d’attractivité pour le personnel. Si la réanimation possède une équipe jeune et complète depuis plus de cinq ans, elle n’aurait alors aucun mal à recruter de nouveaux soignants en cas d’ouverture de postes supplémentaires. « Nous pourrions évoquer le confort de ce nouvel outil pour fidéliser quelques infirmières alors que beaucoup ont rendu leur tablier après la première vague. » Pas de doute, le service mahorais joue bel et bien dans la cour des grands, alors même que le logiciel n’est actuellement déployé qu’à 30%. « Nous allons connecter deux nouveaux appareils », s’enthousiasme Renaud Blondé, conscient de cette opportunité pour le territoire.