Une nouvelle structure dédiée à la protection maternelle et infantile est sortie de terre à Combani. Un signal positif pour la prise en charge des enfants et pour la politique familiale du 101ème département. Toujours confrontée à de lourds défis.
Les souliers vernis et les broderies des salouvas défilent sur les lignes blanches immaculées du nouveau parking. Il n’est pas encore 9h et une petite foule d’élus et d’agents de la protection maternelle et infantile (PMI) se presse contre les murs oranges vifs du bâtiment flambant neuf, en quête d’un peu d’ombre. En cette matinée du vendredi 4 décembre, il ne manque plus que les têtes d’affiche pour lancer tambours battants l’inauguration de la nouvelle PMI de Combani. “Le préfet ne va pas tarder, je pense”, glisse un homme en costume en allant jeter un œil stressé par-dessus le portail.
En attendant Colombet, les potins vont bon train. “Je suis déçue, avec toute cette place ils auraient pu mettre plus de bureaux, un deuxième niveau ! Au prix du mètre carré…”, rouspète une femme derrière son masque et ses lunettes de soleil. “Ils n’avaient peut-être pas le budget ?”, hasarde un autre. “Ce n’est pas une question de budget, ils n’ont pas pensé la chose ! On n’arrive même pas à tout consommer, c’est pour ça qu’ils construisent plein de PMI”, cancanent-ils à tour de rôle.
Il faut dire que le conseil départemental n’a en effet pas lésiné sur les moyens. “La PMI, gratuite et ouverte à tous, n’a cessé de se développer jusqu’à nos jours et nous avons accompli un effort sans commune mesure en ce sens, ces six dernières années”, retrace son président, Soibahadine Ibrahim Ramadani, dans un clin d’oeil sans fard à sa mandature. Avant de rappeler le tableau maussade qu’un premier diagnostic des 22 centres avait permis de dresser en 2015 : 17 PMI et un centre médico-social (CMS) nécessitaient une reconstruction ou une réhabilitation. “Nous avons donc consenti les efforts nécessaires en ce sens”, abonde l’élu.
Mieux détecter le handicap
La plaque dorée dévoilée face aux caméras ce vendredi à Combani en est une preuve. Coût de l’opération : 1,4 million d’euros, dont 784.000 euros au titre du programme opérationnel FEDER. Il aura fallu deux ans de travaux pour faire sortir de terre la structure, qui offre entre autres à sa vingtaine de personnels des locaux plus spacieux, un accès pour les personnes à mobilité réduite, une salle d’orthophonie et une salle destinée à mieux détecter les handicaps chez les enfants de 0 à 6 ans. Soit l’une des missions phare de ce dispositif à la compétence du Département, destiné à accompagner les femmes enceintes et les familles, de l’accouchement aux premières années de la vie. “Cette inauguration illustre la volonté que nous affichons depuis le début du mandat, de prendre à bras le corps cette compétence clé du médico-social”, commente Issa Issa Abdou, vice-président chargé de l’action sociale, de la solidarité et de la santé.
25 millions d’euros pour dix opérations
Et la collectivité ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Après la PMI d’Acoua inaugurée le 26 septembre en présence du secrétaire d’État Adrien Taquet, huit autres opérations de constructions ou de rénovations doivent être ficelées, pour une enveloppe globale de 25 millions d’euros. Deux sont en cours d’achèvement des travaux pour une livraison avant la fin de l’année, à Bandrélé et Kani-Kéli, trois autres chantiers à Vahibé, Passamaïnty et Koungou et à Chiconi (là pour un CMS) sont attendus pour l’année prochaine. D’autres, comme la PMI de Tsingoni, sont programmées sur la période 2021-2027.
Dix PMI, un peu plus d’un million d’euros chaque… Cela laisse en effet de quoi faire un peu plus qu’une couche de peinture ! Voilà qui ne serait d’ailleurs pas de refus pour certains agents du nouvel établissement qui boudent déjà l’esthétique de leurs nouveaux bureaux. “Nous aurions bien aimé être consultés pour la couleur, ce noir, c’est un peu sombre, surtout pour des enfants”, tente ainsi la responsable de la visite face au préfet, au président du conseil départemental et au maire de la ville, Mohamed Bacar. Bien essayé !
Des chantiers semés d’embûches
Même sans s’attarder sur les goûts des uns et des autres, tout ne se passe pas toujours comme prévu sur les chantiers. “Pour qu’un projet voie le jour, il y a parfois des embûches”, reconnaît Issa Issa Abdou. Interrogé au sujet des retards sur la PMI de Passamaïnty, le vice-président botte en touche. “Nous sommes en train de surmonter ces embûches, et nous travaillons avec le CHM pour que la population soit bien prise en charge”, assure le responsable politique. “Nous avons bon espoir que la première pierre à Vahibé soit bientôt posée. Et la PMI de Passamaïnty fera partie de la seconde vague d’inaugurations.”
PMI submergées et manque de médecins
Et il vaudrait mieux ! Car dans ce village de la commune chef-lieu, les locaux actuels, apparemment vétustes et inadaptés, se retrouvent submergés par l’afflux des habitants de Passamaïnty, Mtsapéré, Tsoundzou ou Vahibé. La semaine dernière, un problème d’évacuation d’eau dans les locaux de Passamaïnty aurait même poussé les personnels à exercer leur droit de retrait… “Il y a urgence à construire la PMI de Vahibé, tout le monde descend à Passamaïnty en ce moment. Et depuis les destructions de bangas, c’est encore pire”, témoigne une cadre sage-femme du Département.
En clair, les chantiers sont encore nombreux pour la protection maternelle et infantile du 101ème département… Et si l’inauguration de Combani envoie un signal positif, des préoccupations demeurent. Comme le nombre de médecins, toujours insuffisant dans ces structures départementales. “La moitié de nos 10 postes demeurent à ce jour vacants depuis plusieurs années, en dépit de nos efforts d’information et de sensibilisation lors de congrès par exemple”, signale ainsi le président du conseil départemental. Le nouveau défi de la prochaine mandature ?
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