L’association départementale des Pupilles de l’enseignement public, qui prend en charge des enfants en situation de handicap, a organisé des sorties en mer pour permettre à ces jeunes de découvrir le lagon. Un moyen d’éveiller leurs sens et de les sortir de leur quotidien.
Gonzales, le pilote maritime du bateau Némo, accueillait un public pas comme les autres dans son navire ce jeudi matin. Neuf enfants en situation de handicap, pris en charge par l’association départementale des Pupilles de l’enseignement public, ont eu le privilège de monter à bord de l’engin de 12 mètres de long à la découverte des merveilles qui se cachent dans le lagon de Mayotte. La structure s’occupe d’une soixantaine d’enfants vivant avec un handicap. Ils ne vont pas à l’école et sont isolés, alors les membres leur apprennent les bases du français et organisent des activités pour éveiller leurs sens.
Durant trois jours cette semaine, les enfants volontaires ont pu faire une sortie en mer. Une première pour eux. Arrivés au ponton de Mamoudzou à 9h, le petit groupe découvre la surprise qui les attend. « Ils pensaient sûrement qu’on allait prendre la barge. Ils ne savaient pas qu’ils allaient monter sur un bateau », indique Taoidoudi Chamssidine, l’accompagnant éducatif et social (AES) de l’association. Malgré l’appréhension, ils grimpent tous dans l’embarcation de manière volontaire. Sans plus tarder, le navire se dirige vers la passe en S, site de plongée connu pour sa richesse d’espèces sous-marines. L’association a expressément choisi le bateau Némo de l’opérateur nautique Randonnée palmée car il est doté d’une immense bulle. Les passagers peuvent ainsi observer les fonds marins sans plonger dans l’eau. Les enfants s’y approchent, craintifs. « Ils pensent qu’ils vont tomber dans l’eau », explique l’AES.
Après quelques mots rassurants, les jeunes acceptent de se pencher pour admirer les différentes espèces de poissons, les tortues ainsi que les coraux. « On peut manger le poisson ? », interroge l’une d’entre eux. Si le guide donne des informations et anime la sortie, force est de constater que son discours n’atteint pas sa cible… La plupart des enfants ne parlent pas français, alors les accompagnatrices essayent de traduire en langue locale, mais même ainsi, certains jeunes préfèrent regarder la toiture du bateau plutôt que d’écouter et regarder les spécimens qui défilent sous leurs yeux. « C’est compliqué de s’adapter à la clientèle, surtout à des enfants qui ont des problèmes. On n’y connait rien, on n’est pas formés pour cela. On ne sait pas si notre discours sert à quelque chose mais dans tous les cas, il faut le faire », selon le pilote du bateau.
« Ils peuvent vivre ce que les autres enfants vivent »
Après l’observation des poissons et autres espèces sous-marines, les enfants sont invités à aller dans l’eau un par un avec une bouée, un masque de plongée et le moniteur à leur côté. Contrairement à ce qu’avaient pensé les accompagnatrices, presque tous acceptent d’y aller. Seulement deux préfèrent rester sur le banc. Certains relèvent le défi avec le sourire, d’autres sont en panique une fois dans l’eau. « Ils n’ont jamais fait cela donc for-cément ça les secoue un peu. Mais on s’attendait à ce type de réactions. Malgré tout, ils ont fait un gros effort et ont été très courageux », soutient Halima Ali Youssouf, l’enseignante des jeunes.
L’équipe pédagogique est convaincue des bienfaits d’une sortie comme celle-ci pour ces enfants atteints d’autisme, de trisomie ou de problèmes mentaux en tout genre. « Même s’ils ne disent rien, je sais qu’ils sont contents. Ce sont des enfants qui ne quittent pratiquement jamais leurs domiciles. Une activité comme celle-ci les fait sortir de l‘ordinaire et ils peuvent vivre ce que les autres enfants vivent », précise Taoidoudi Chamssidine, l’AES. Et pour les aider à se surpasser davantage, une visite au centre équestre de Hajangua est prévue dans les prochains jours. Il s’agira également d’une première pour ces jeunes de l’association les Pupilles de l’enseignement public. Une chance pour les principaux concernés mais également un soulagement pour leurs parents qui « n’ont pas les moyens de payer des sorties comme celles-là ». Une chose est sûre, tous les enfants ont quitté le bateau les yeux émerveillés et le sourire aux lèvres. Mission accomplie pour l’association !