Des clips en shimaoré pour sensibiliser au Covid-19

Gestes barrières, distanciation sociale ou encore respect du confinement : plus que jamais, la sensibilisation est nécessaire pour limiter la propagation du Covid-19. Oui, mais voilà : à Mayotte plus qu’ailleurs, celle-ci demande de tenir compte des spécificités locales, et notamment linguistiques. C’est désormais chose faite grâce à Clap, une boîte de production qui a pris l’initiative de réaliser une série de spots pour bien faire passer le message.

“Hey, mais dis-moi, tu fais tes ablutions ?” “Non ! Je me lave les mains comme c’est recommandé pour éviter le virus !” Entre 1 min et 1min30 pour faire passer l’indispensable sensibilisation sur le Covid-19 : voilà l’initiative que s’est fixée Clap Productions au début de la crise. Mission réussie puisque les clips réalisés – six en tout – sont aujourd’hui largement diffusés par Mayotte la 1ère à l’antenne, mais aussi sur sa page Facebook.

L’idée naît du constat fait par Jacqueline Guez, gérante de Clap Productions : “Lorsque la communication a débuté autour du Coronavirus, elle se faisait essentiellement en français. Il a fallu attendre pour que le shimaoré soit utilisé, et il ne s’agissait que d’une affiche en 4x3m et d’une diffusion dans les journaux télévisés. Dans un cas comme dans l’autre, cela n’était que la traduction des consignes en français”, se rappelle-t-elle. De fait, “les messages nous paraissaient très flous, car tout était regroupé”, continue-t-elle de développer en illustrant : “Même moi, avec pourtant un bac+5, cela me demandait un effort de déchiffrage et de recherche. Et je me retrouvais tous les jours à devoir expliquer en shimaoré à ma mère ce qu’il fallait faire. Elle ne rate jamais un journal TV, mais c’était à moi de lui expliquer.”

La communication autour des gestes barrières lui paraît donc peu adaptée pour une partie de la population. “Nous, on travaille dans la communication et dans la vidéo, nous savons donc ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Ici, plus de 40 % de la population ne sait ni lire ni écrire, alors il nous a paru peu probable que les gens perçoivent les messages”, souligne-t-elle. Dès lors, la gérante estime qu’il faut donner un coup de main : “Il fallait le faire de façon plus ludique. Et c’est notre spécialité chez Clap : faire passer des messages via un support pédagogique. Faire en sorte qu’ils rentrent dans la tête sans que les gens n’aient l’impression qu’on les force à apprendre quelque chose. Notre volonté a été de proposer un outil de communication tenant compte des codes de la société mahoraise, de sa culture et de sa langue.” Bénévolement, l’entreprise se lance dans le projet.

Six clips en shimaoré

Écriture du script, scénario, mobilisation de l’équipe de la boîte de production et une semaine de tournage plus tard, la série Ketsi Dagoni (Restez chez vous) est née. Six clips en shimaoré sous-titrés en français correspondant à six messages à transmettre – les numéros utiles, le confinement, les mesures de distanciations sociales, le lavage de mains, etc. – sont mis en boîte. On y suit les aventures d’un couple en confinement, joué bénévolement par le bien connu Khams et la jeune Julie Oiziri, pour qui c’est d’ailleurs là la première expérience télévisuelle. “Il nous a paru important d’utiliser le mode fictionnel pour sortir du trop institutionnel, trop rigide, un peu austère. Il fallait faire passer les messages via un support qui ne soit pas angoissant, car je ne pense pas que cela soit en faisant ainsi qu’on y arrive. Cela permet aussi d’offrir une bulle d’oxygène : c’est rigolo, court et efficace”, se réjouit Jacqueline Guez.

Le projet, s’il est mené en partenariat avec Mayotte la 1ère pour la diffusion et avec l’ARS pour la validation des messages transmis – une étape que la gérante jugeait indispensable en termes de crédits sanitaires – n’est “financé par personne” sinon Clap, pour qui la démarche est naturelle. “Nous nous sommes toujours considérés comme une entreprise citoyenne, ce qui arrive à Mayotte nous concerne”, estime la gérante. Et de conclure : “Nous ne sommes pas médecins ni infirmiers, nous ne sauvons pas des vies, mais on apporte notre savoir-faire et si grâce à lui on peut faire rentrer les messages directement dans chaque foyer, si on peut avoir un impact, alors on le fait.” De quoi contribuer à donner le clap de fin à la propagation du Covid-19 à Mayotte.

Mayotte Hebdo vise à contribuer au développement harmonieux de Mayotte en informant la population et en créant du lien social. Mayotte Hebdo valorise les acteurs locaux et les initiatives positives dans les domaines culturel, sportif, social et économique et donne la parole à toutes les sensibilités, permettant à chacun de s'exprimer et d'enrichir la compréhension collective. Cette philosophie constitue la raison d'être de Mayotte Hebdo.

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