Cinq décès par noyade à Mayotte en 2018
L’agence sanitaire Santé publique France vient de publier une enquête de recensement de toutes les noyades, quelle qu’en soit la cause, répertoriées entre le 1er juin et le 30 août derniers. L’étude dénombre 492 décès sur cette période, soit une centaine de plus qu’en 2015 à la même époque. À Mayotte, les pompiers ont dénombré pas moins de 5 noyades mortelles depuis janvier dernier. Un chiffre qui augmente par rapport à l’an dernier.
Un peu plus d’un Français sur sept déclare ne pas savoir nager. Santé publique France, agence nationale de santé, a publié ce mardi une enquête intitulée « Noyades 2018 » recensant toutes les noyades, quelles soient intentionnelles ou accidentelles, suivies d’une prise en charge en milieu hospitalier ou d’un décès. L’enquête concerne toutes les noyades survenues entre le 1er juin et le 30 août dernier sur le territoire métropolitain et Outre-mer. L’agence constate notamment une forte augmentation des décès en 2018 par rapport à 2015. Sur la même période, le nombre d’hospitalisations et/ou de décès a plus que doublé avec 2 255 noyades* en 2018 contre 1 092 en 2015, soit 1 163 de plus en seulement trois ans. « Cette augmentation peut s’expliquer pour partie par les conditions climatiques en termes de températures et d’ensoleillement, particulièrement favorables à la baignade », indique Santé publique France. Ces noyades auraient été suivies de 492 décès (soit 22% du nombre total de morts durant cette période) dont 254 de manière accidentelle et 55 par intentionnalité (suicides ou agressions). Les causes des 183 autres décès ne sont, à ce jour, pas encore connues et pour lesquelles les investigations se poursuivent. Entre le 27 juillet et le 9 août 2018, pas moins de 122 personnes sont mortes noyées en France, soit une moyenne de huit décès par jour, relève l’organisme dans un rapport du 16 août.
Apprendre à nager, à tout âge
De manière générale, les tranches d’âges élevées sont les plus touchées par les cas de noyade. D’après le « baromètre santé 2016 », 95% des 15-24 ans ont déclaré savoir nager alors qu’ils n’étaient que 65% chez les 65-75 ans. Chez les 65 ans et plus, 213 noyades accidentelles ont eu lieu en juin, juillet et août derniers, dont 77 ont été suivies d’un décès. « Il est important de rappeler que l’apprentissage de la nage, facteur de prévention des noyades, peut se faire à tout âge. Cependant, il faut distinguer le fait de savoir nager en piscine (milieu ne comportant ni vague ni courant ndlr) et celui de savoir nager en milieu naturel (mer, lac, fleuve, etc) », insiste l’INPES. « Dans les autres classes d’âges, à ce stade de l’enquête, les évolutions pour les noyades accidentelles en 2018 par rapport à 2015 sont moins marquées », ajoute l’agence sanitaire.
37 noyades en Outre-mer
L’enquête révèle également que l’Occitanie, dans le sud de la France, est la région où sont recensées le plus de noyades accidentelles avec 202 (soit 17%) dont 30 suivies d’un décès, devant Provence-Alpes-Côte d’Azur (182), La Nouvelle-Aquitaine (175) et l’Auvergne-Rhône-Alpes (127). Pour l’Outre-mer, les noyades accidentelles sont plus complexes à comptabiliser « du fait d’une durée de consolidation et de validation des données plus longue qu’en métropole ».
« Nous sommes confrontés à un certains nombre de contraintes vis-à-vis de la métropole. La distance est un frein à l’actualisation des données mais la collecte pose aussi problème car les sources manquent à Mayotte. Il faut aussi souligner que le recensement des noyades n’est pas la priorité du département », déplore Aymeric Ung, épidémiologiste et responsable de l’enquête « Noyades 2018 ». Malgré ces difficultés de recensement, le rapport dénombre en trois mois 37 cas de noyades accidentelles, dont 12 suivies de décès dans les Outre-mer. « Ce sont les seuls chiffres que nous avons à ce stade de l’enquête. Nous ne pouvons pas faire mieux que d’avoir des données nationales et régionales pour le moment », justifie Stéphanie Champion, de Santé publique France. « Il faudrait créer une enquête spéciale pour regrouper toutes les données de l’Outre-mer », ajoute Aymeric Ung.
Contactés par Flash Infos, les pompiers de Mayotte auraient de leur côté comptabilisé 15 noyades dans le département en 2017. Parmi celles-ci, quatre ont été mortelles dont trois, survenues dans un milieu naturel et une dans une fosse septique. En comparaison, et alors qu’il reste un peu plus de trois mois avant la fin de l’année, le nombre de décès a déjà augmenté en 2018 avec cette fois, cinq noyades mortelles – toutes survenues en milieu naturel – sur les 15 recensées en 2018. Le fait que la baignade ne soit surveillée – à l’heure actuelle – sur aucune des plages du 101ème département augmente le facteur de risque, relève par ailleurs Aymeric Ung.
Hausse du risque chez les plus jeunes
En France, la noyade est la première cause de mortalité par accident de la vie courante chez les moins de 15 ans. Face à ce constat, le ministère des Solidarités et de la Santé publique France mènent des actions de prévention des noyades et des accidents liés aux baignades et aux sports nautiques. « Il est sans doute hors de portée de vouloir changer le comportement des tout jeunes enfants, par nature curieux et immatures. Par contre, il faut faire comprendre aux parents qu’ente deux et quatre ans, on doit les surveiller sans cesse », a souligné l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES). En effet, dans les trois quarts des cas, les parents sont à moins de vingt mètres de la piscine (77% des décès ont lieu dans une piscine familiale). L’INPES rappelle également qu’un enfant peut se noyer dans seulement vingt centimètres d’eau, en quelques minutes.
Chez les enfants de moins de six ans, une « augmentation des noyades accidentelles » a été observée avec un nombre de 332 en 2018 contre 180 en 2015. Pourtant, dans ce cas présent, le nombre de décès n’est pas supérieur à celui de 2015 (22 en 2018 contre 23 en 2015). Tous les trois ans, l’agence sanitaire mène une enquête sur la période allant du 1er juin au 30 septembre. L’enquête n’est donc pas encore terminée et le rapport final sera publié au printemps 2019.
*1 169 noyades accidentelles, 109 noyades intentionnelles et 977 d’origine encore indéterminée et en cours d’investigation.
De plus en plus de victimes
Plusieurs événements tragiques concernant des Mahorais ont eu lieu récemment, sur le territoire ou en métropole. Le 8 juillet dernier, une petite fille de neuf ans et deux garçons de dix et treize ans – issus d’une même fratrie – originaires de M’stangamouji ont été retrouvés morts noyés à Chalon-sur-Saône. En début de soirée, les enfants étaient allés se rafraîchir au bord du lac des Prés-Saint-Jean alors que la baignade était interdite dans cette zone, en raison d’un à-pic situé à quelques mètres du rivage. Les deux plus petits ont glissé dans l’eau. Ne sachant pas nager, l’aîné est alors parti les secourir, en vain.
Plus récemment, le 17 août, un autre événement dramatique est survenu, à Mayotte cette fois. Une demi-douzaine d’enfants et un adulte se trouvaient à bord d’une barque traditionnelle qui s’est renversée à une vingtaine de mètres du rivage à Iloni. Deux fillettes d’une dizaine d’années ont été retrouvées mortes noyées. Un plongeur de la brigade nautique avait été envoyé sur place pour repêcher une des deux fillettes. Prise en charge par les pompiers et le SMUR, la fillette n’a pas pu être réanimée. La seconde, elle, avait été amenée au dispensaire de Dembéni par des habitants avant l’arrivée des secours. Malheureusement, elle aussi a perdu la vie.
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