Dans la perspective d’un déconfinement à Mayotte

Il reste plus de deux semaines avant la date fatidique du 11 mai, mais le déconfinement est dans la tête de tout le monde. Comment se passera-t-il ? Tout le monde pourra-t-il sortir en même temps ? Les réponses seront adaptées selon les réalités des territoires. Chez nous, afin d’éviter une catastrophe sanitaire, il faudra encore s’armer de patience.

Dans une visioconférence avec les maires tenue ce jeudi, Emmanuel Macron a définitivement mis un terme aux spéculations d’un déconfinement par région. Mais il affirme qu’il s’adaptera “aux réalités de chaque territoire”. À Mayotte, la situation est délicate et doit être rigoureusement étudiée par les autorités. De ce fait, l’agence régionale de santé, la préfecture et le rectorat ont fait des propositions à chacun de leur ministère, dans la perspective du déconfinement. “On va déconfiner par étape et s’il y a des signaux d’alerte trop graves sur le système de santé, on sera amenés à de nouveau proposer aux personnes de réduire leurs relations sociales. Le déconfinement ne signifie pas la vie d’avant, il faudra toujours respecter les mesures de sécurité”, préconise Dominique Voynet, la directrice de l’agence à Mayotte. D’autant plus que le pic de l’épidémie n’est pas encore atteint chez nous. Selon l’ARS, il risque d’arriver vers le 20 mai si le déconfinement a lieu le 11 mai. Dans ce contexte précis, 20 à 30 personnes pourraient être admises en réanimation. “Ce qui est absolument jouable à Mayotte”, assure Dominique Voynet. Cependant, elle reste sur ses gardes, car l’île n’est pas sortie d’affaire. “Je pense que l’épidémie n’est pas terminée. On a devant nous une situation sévère qui nous attend. La garantie de la sécurité sanitaire est incompatible avec un déconfinement qui serait trop rapide et trop brutal.” Mais on ne pourra pas retarder le déconfinement éternellement, cela serait contreproductif. “Si on ne déconfite pas, on retarde l’acquisition d’une immunité collective qui sera la seule protection en l’absence de vaccin”, précise la directrice de l’ARS.

La prise en charge des rapatriés

Le dénouement de la crise sanitaire va de pair avec une bonne gestion de la situation actuelle. Les cas contaminés sont surveillés par l’ARS, mais la question des rapatriés pose souvent problème. Nombreux d’entre eux sont montés au créneau dénonçant les conditions dans lesquelles ils sont confinés. Des propos qui indignent Dominique Voynet. “Personne ne dit que c’est agréable d’être confiné au RSMA, et c’est évident qu’ils préféreraient être dans des hôtels. Mais on ne le fait pas parce qu’ils sont occupés par les renforts de gendarmerie et ceux de l’opération Résilience. Et certains sont fermés parce que leurs propriétaires sont partis”, explique-t-elle. Et ceux testés négatifs au Covid-19 qui avaient espéré pouvoir rentrer chez eux plus tôt devront garder leur mal en patience et terminer leur quatorzaine au RSMA. Aucune autre issue n’est possible. Ils sont cependant pris en charge de manière à rendre leur confinement moins pénible. “Des bénévoles du comité olympique sont allés organiser des séances de sport en respectant une distance de 6 à 8 mètres entre les personnes. On a également beaucoup renforcé les mesures d’hygiène dans les WC”, indique la directrice de l’ARS. Que ce soit la prise en charge des rapatriés et des contaminés ou le futur déconfinement, les autorités devront prendre en compte une autre réalité propre à Mayotte : le ramadan qui commence.

 

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