Mardi 6 juin, une conférence de presse dans les locaux de l’Agence régionale de santé (ARS) de Mayotte, à Kawéni, a réuni les principaux acteurs du milieu médical mahorais. Renfort de personnel, protection des soignants et désengorgement des urgences étaient au centre des discussions.
« Il faut être clairs et transparents, la situation est très fragile. Et on ne va pas vous promettre que tout va s’arranger maintenant », a déclaré Olivier Brahic, directeur général de l’Agence régionale de santé (ARS) de Mayotte, lors de la conférence de presse donnée au sujet de la crise des urgences. Depuis plusieurs semaines maintenant, le centre hospitalier de Mayotte (CHM) souffre d’un gros manque de personnel – particulièrement le service des urgences.
A ce problème, s’ajoutent le récent caillassage d’un bus transportant des soignants ou encore le blocage du CHM par des collectifs il y a quelques semaines. Face à cette pénurie de personnel de santé et cette insécurité permanente, l’ARS de Mayotte a annoncé une série de mesures visant à améliorer la situation dans le milieu de la santé. Car les désistements à la chaîne n’arrangent rien. Mayotte souffre d’une mauvaise réputation qui n’attire pas le personnel soignant qui craint pour sa sécurité en venant exercer sur l’île, une sentiment particulièrement exacerbé depuis le début de l’opération Wuambushu.
De nouvelles annonces attendues mais peu surprenantes
L’annonce principale à retenir de cette conférence concerne le renfort de personnel, en provenance de la Réunion et de métropole : deux urgentistes – dont un urgentiste déployé par le Service de Santé de l’Armée (SSA) – trois médecins généralistes et seize infirmières et infirmiers. Ils devraient rester sur l’île pour une durée comprise entre quinze jours et un mois. Ce renfort vise à soulager les effectifs travaillant actuellement au CHM mais aussi à épauler les équipes pendant la période estivale qui arrive – un moment particulièrement charnière pour le CHM. Olivier Brahic a conclu cette annonce en se félicitant d’une « mobilisation de l’ensemble des parties prenantes qui viennent appuyer le système de santé à Mayotte ».
Quant à la question de l’insécurité, Jean-Matthieu Defour, directeur général du Centre hospitalier de Mayotte, s’est voulu rassurant. Il a mentionné la mise en place d’un bus transportant le personnel soignant vers le CHM qui serait escorté par les forces de l’ordre. De plus, il a rappelé que, malgré les récents blocages du CHM par des collectifs, aucun acte de violence ne s’est reproduit depuis une dizaine de jours. Il n’a, en revanche, pas évoqué les mesures qui seraient prises en cas d’éventuels nouveaux blocages.
Les anciennes mesures toujours en vigueur
Quant aux mesures qui avaient déjà été prises par l’ARS il y a quelques jours, elles restent inchangées. Entre autres : le maintien au niveau 2 du plan blanc. Ce plan a été déclenché la semaine dernière dans l’objectif d’alerter et de remédier au manque criant de personnel soignant sur l’île. « Tous les jours, on organise des cellules de crise sur l’état des urgences afin de prendre des mesures en fonction de l’évolution », a déclaré Jean-Mathieu Defour.
En parallèle de ce plan, l’ARS avait insisté sur la nécessité de désengorger les urgences. Pour ce faire, la population a été fortement incitée à appeler le SAMU (numéro 15) en cas d’urgence. Le SAMU est ensuite chargé de réorienter les patients en fonction de la gravité du problème. « Grâce ce système, on a noté une diminution notable des venues aux urgences ces derniers temps », affirme le directeur général du Centre Hospitalier de Mayotte.
Enfin, Olivier Brahic comme Jean-Mathieu Defour ont rappelé à plusieurs reprises que la crise des urgences n’est pas propre à Mayotte mais bien une crise nationale. « De manière générale, il y a une très forte pénurie d’urgentistes au niveau national », a conclu le directeur général de l’ARS. Mais si cette crise des urgences est bien nationale, le personnel médical attend des mesures propres à Mayotte et sur le long terme.