Alors que la France connaît une résurgence de l’épidémie de coronavirus qui fait craindre de nouvelles restrictions dès cet été, l’agence régionale de santé de Mayotte suit de près la nouvelle souche, plus contagieuse, détectée en Inde. Le contrôle sanitaire aux frontières et la vaccination restent les seuls remparts pendant cette période de vacances scolaires propice aux voyages.
C’est l’heure ! Le bras piqué deux fois et le nez docilement présenté au coton-tige, des centaines de voyageurs s’apprêtent à décoller de Dzaoudzi en ce mercredi 7 juillet qui marque le top départ des vacances. Depuis lundi, le gouvernement a autorisé qui plus est l’ouverture progressive de la frontière avec les Comores voisines. Et, à en croire la foule qui patientait devant le laboratoire Mayobio de Kawéni hier, l’annonce a fait mouche. “8h30 ? La plupart ici sont arrivés même à 3h du matin ! Moi je suis là depuis 5h”, témoigne un candidat au test PCR, adossé contre un mur à l’ombre. Certaines pharmacies de Mamoudzou, qui peuvent réaliser les tests antigéniques, sont quant à elles bookées sur au moins deux jours. Les voyageurs entre Mayotte et les autres départements français ont en effet le choix entre les deux options. Pour se rendre sur l’archipel voisin en revanche, seul est accepté le test PCR. L’autre condition pour voyager ? Présenter la preuve d’un schéma vaccinal complet, ou bien les justificatifs du motif impérieux.
On l’aura compris, la population de l’île aux parfums attendait ce moment avec impatience. Surtout compte tenu des chiffres plutôt très rassurants de l’épidémie à Mayotte, qui reste l’un des départements de France le moins touché par le Covid-19. Selon le dernier bulletin de l’agence régionale de santé (ARS), le centre hospitalier n’accueille plus aucun patient, ni en médecine, ni en réanimation et seuls 15 cas ont été recensés sur la semaine du 28 juin au 4 juillet. Les taux d’incidence (5,4) et de positivité (0,4%) confirment aussi ce calme plat. Ces temps-ci, il n’y a guère que Saint-Pierre et Miquelon et leur 0 cas pour 100.000 habitants pour nous voler le podium !
Immunité et vaccination
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette bonne santé. En haut de la pile : la flambée du début de l’année et la campagne de vaccination. “Nous avons eu une grosse épidémie il y a quelques mois, et il y a donc une part d’immunité dans la population. Ensuite, la vaccination commence et continue à prendre tout son sens”, note ainsi Florine Clavier, cheffe de la veille et sécurité sanitaire à l’ARS. La grande enquête de séroprévalence, censée déterminer l’immunité collective du 101ème département est toujours dans les plans, mais n’a pas encore débuté, nous informe-t-elle. Quant au Pfizer, aux dernières nouvelles (bulletin du 7 juillet), 76.145 injections ont été réalisées, et 33.053 personnes ont été vaccinées à Mayotte. Et la tendance s’est accélérée à l’approche des vacances scolaires. “Plus de 27.000 injections ont été faites le mois dernier, c’est une progression très favorable”, ajoute la pharmacienne de profession.
Une dynamique qui s’explique aisément par la levée des motifs impérieux pour les personnes vaccinées. Un peu moins par l’ouverture de la vaccination dès l’âge de 12 ans, effective depuis le 15 juin. “Si vous allez dans un centre de vaccination, vous avez toutes les tranches d’âges, mais sur les dernières semaines, le 30-50 ans étaient plus présents”, nuance Florine Clavier. Un nouveau centre a par ailleurs été ouvert cette semaine à la MJC de Tsoundzou 2, qui sera accessible tous les mardis et mercredis de 9h à 15h, pour “permettre au plus grand nombre d’être protégé”, écrit l’ARS sur son compte Facebook.
La France face au risque d’une 4ème vague
Tout cela suffira-t-il à épargner Mayotte face à une nouvelle vague ? L’orage gronde en effet à l’horizon, surtout dans l’Hexagone, qui fait face à une forte recrudescence de l’épidémie, à peine un mois après la levée progressive des restrictions. En cause : le variant Delta, qui représente déjà 40% des tests positifs, d’après Santé Publique France. Face à cette souche “redoutable” et “extrêmement rapide”, “l’heure est à la mobilisation générale”, a souligné le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal à la sortie du conseil de défense sanitaire et du conseil des ministres, ce mercredi. En seulement une semaine, le taux d’incidence a grimpé de 20% en France et le ministre des Solidarités et de la Santé Olivier Véran a d’ores-et-déjà mis en garde contre la possibilité d’une quatrième vague dès la fin juillet.
“Nous sommes très en lien avec l’ARS de La Réunion et le ministère concernant le variant Delta”, explique Florine Clavier. Pour l’instant, aucun séquençage n’a permis de démontrer la présence de cette souche plus contagieuse du coronavirus à Mayotte. Mais sur l’île Bourbon, 28 cas ont déjà été recensés. “Nous sommes, et c’est bien normal, inquiets quant à l’éventuelle apparition du variant, c’est pour cela que nous essayons d’y répondre au mieux en augmentant la capacité de dépistage, en maintenant un contrôle sanitaire strict aux frontières, en renforçant nos systèmes de surveillance et en garantissant l’accès à la vaccination.” Pour les autorités sanitaires, la première arme contre ce variant reste le vaccin, qui, d’après les premières études disponibles, protège des formes graves, à condition d’avoir reçu les deux doses.