En seulement quelques semaines, la nouvelle souche du Covid-19 qui a débarqué à Mayotte est déjà majoritaire et se propage rapidement. Pour éviter une nouvelle vague meurtrière et des mesures de couvre-feu ou de confinement comme par le passé, les autorités de l’île ont décidé de prendre des mesures préventives.
C’est reparti pour un tour ! Alors que la plupart des restrictions avaient été levées sur le territoire depuis le 20 mai, avec notamment la fin du couvre-feu, le préfet de Mayotte Thierry Suquet a annoncé ce lundi un nouveau tour de vis. Objectif : freiner la propagation du variant Delta, qui représente désormais 95% des échantillons séquencés par l’agence régionale de santé. “Ce variant plus contagieux circule désormais très largement, et nous ne sommes pas sûrs que les gens qui ont déjà été atteints par le Covid, en particulier par la souche sud-africaine, soient aussi immunisés, c’est ce qui ressort d’un avis du conseil scientifique”, a mis en garde le délégué du gouvernement à l’occasion d’une conférence de presse.
Un patient admis en réanimation lundi
Preuve de la contagiosité de cette nouvelle souche, les voyants passent au rouge-orangé les uns après les autres. “Sur les quatre dernières semaines, tous les indicateurs sont en hausse avec une accélération particulièrement marquée la dernière semaine”, a présenté la directrice de l’ARS par intérim, Stéphanie Frechet. Ainsi, sur la semaine du 28 août au 3 septembre, le taux d’incidence est repassé au-dessus du premier seuil d’alerte, à 50 cas pour 100.000 habitants. “Compte tenu de l’accélération de l’épidémie, depuis la date du 3 septembre, ce seuil est très largement franchi”, a estimé la nouvelle responsable de l’autorité sanitaire. Le taux de positivité des tests, à 3.2%, suit la même pente, malgré des dépistages moins systématiques. Et le R0, qui indique le nombre de cas contaminés par une personne positive, est passé à 1.54. “Nous n’avions observé cette dynamique qu’une seule fois depuis mars 2020.” Pire, ces chiffres trouvent d’ores et déjà une traduction très concrète à l’hôpital, qui accueille à nouveau six personnes hospitalisées, dont une en réanimation depuis ce lundi matin. Il s’agit d’un patient non-vacciné et qui présente plusieurs comorbidités.
Des restrictions en vigueur dès mercredi
Face à ce rebond de l’épidémie, les autorités de l’île, en lien avec les maires, les élus du département et les responsables de cultes, ont décidé de prendre des mesures de freinage supplémentaires. Un arrêté préfectoral doit entrer en vigueur dès mercredi. Il prévoit le rétablissement du port du masque obligatoire dans l’espace public, en intérieur et en extérieur ; même chose dans les collèges, les lycées et en intérieur dans les écoles ; la réduction des jauges à 50% dans les commerces, et à une place sur deux dans les lieux de culte ; l’interdiction de la musique amplifiée dans l’espace public ; la présentation d’un passe sanitaire pour la pratique du sport en intérieur pour les personnes majeures, et, dans le cadre scolaire, une pratique encadrée par un protocole sanitaire strict et l’interdiction des sports de contact ; l’interdiction des rassemblements de plus de dix personnes, y compris pour les manzarakas et les voulés, sauf à appliquer le passe sanitaire et sous réserve d’une autorisation préalable à solliciter auprès de la préfecture dix jours avant l’événement ; enfin, la gratuité de l’eau aux bornes fontaines monétiques. Il est par ailleurs fortement recommandé aux employeurs d’encourager le télétravail et aux ménages de limiter le nombre d’invités extérieurs au foyer à six personnes.
La campagne vaccinale s’essouffle
Le rectorat, qui avait déjà opté pour le niveau 2 du protocole sanitaire dès la rentrée scolaire, reste sur la même lancée, avec une attention accrue sur le port du masque, les gestes barrières et le nettoyage des salles de classe plusieurs fois par jour, entre chaque rotation et entre chaque service pour la restauration. Si un cas est détecté dans une classe, tous les élèves sont isolés dans le premier degré. Dans le second degré, ils sont suivis et isolés en fonction des risques pour les cas contacts, et les élèves vaccinés peuvent revenir en classe à condition d’être testés. Pour rappel, les jeunes peuvent se faire vacciner dans les lycées, sur présentation de l’autorisation signée par les deux parents référents. Le dispositif sera étendu aux collèges dès la fin de la semaine prochaine.
Nerf de la guerre pour les autorités, la vaccination semble d’ailleurs montrer des signes d’essoufflement, après la bonne dynamique de la pré-rentrée. “Nous enregistrons plus de doses numéro 2, que de doses numéro 1, donc il y a moins de candidats à la vaccination”, a souligné Stéphanie Frecher. En outre, des primo-injectés manquent à l’appel pour la deuxième piqûre, avec un perte estimée à 1.800 doses numéro 2 par semaine. “D’après nos outils de projection, en l’état actuel et si aucune mesure de freinage n’est prise, la tendance montre un nombre de décès analogue à la vague de janvier-avril dernier”, a-t-elle alerté. Soit 113 décès en trois mois.