La ville de Mamoudzou et son centre communal d’action sociale (CCAS) ont mis à la disposition des personnes âgées, un bus pour faciliter leur déplacement jusqu’au centre de vaccination qui se trouve à la MJC de M’Gombani. L’objectif est de faire vacciner un maximum de personnes, mais sur le terrain, peu de gens répondent à l’appel.
“Allô, je suis le chauffeur du CCAS de Mamoudzou. On m’a demandé de vous récupérer pour aller vous faire vacciner.” Assani Madi ne compte plus le nombre de fois où il pro-nonce cette phrase en une journée. Depuis maintenant deux jours, il se charge de trans-porter les personnes âgées de plus de 75 ans, originaire de la commune de Mamoudzou, afin qu’elles aillent se faire vacciner. Assani commence sa tournée dès 7h30. Installé dans sa fourgonnette de 9 places, il sait que la journée sera longue, mais garde le sourire. Muni de sa liste et de son portable, il passe les premiers coups de fil. L’objectif est de ne pas perdre de temps et pour cela, il doit s’organiser. “Pour chaque voyage, j’essaye de prendre les personnes qui sont sur le même trajet”, explique t-il. Mais son organisation est rapidement mise à mal puisqu’il rencontre beaucoup de difficultés à joindre les personnes inscrites sur sa liste. Le téléphone sonne dans le vide plusieurs fois ! Et lorsque quelqu’un décroche le combiné, la personne demandée n’est pas là…
Mais Assani ne désespère pas et persiste. Il n’a pas d’autre choix. Il ne peut pas abandonner car les instructions sont claires : toutes les personnes figurant sur la liste doivent pouvoir se faire vacciner. Lorsqu’il arrive à avoir quelqu’un au bout du fil, il est rapide-ment confronté à une autre difficulté “De temps en temps j’ai du mal à trouver les adresses. Je dois tourner plusieurs fois, questionner le voisinage avant de trouver l’endroit”, affirme-t-il. Cette fois-ci, il se perd dans les hauteurs de Passamaïnty. N’arrivant pas à joindre une dame prénommée Roukia, il demande à chaque passant si elle habite aux alentours. Au bout de 10 minutes… “Je ne l’ai pas trouvée, alors je continue ma tournée et je reviendrai plus tard la chercher.” La persévérance et la patience sont les maitres mots malgré les nombreuses tentatives qui n’aboutissent pas. “Transporter des personnes âgées requiert beaucoup de patience parce qu’on a souvent du mal à les contacter. Et quand c’est le cas, je dois attendre qu’elles finissent de se préparer. Elles prennent tout le leur temps”, sourit-il.
Après Passamaïnty, direction Vahibé où Ali Moussa, âgé de 76 ans, l’attend sur le bord de la route. Ce dernier est ravi d’avoir été appelé. “Je n’aurai pas pu aller à Mamoudzou par mes propres moyens alors que je veux me faire vacciner. Je sais que certains ont peur, mais ce n’est pas mon cas car j’ai confiance aux médecins et j’ai confiance en Allah”, ra-conte le vieil homme.
Les petits couacs
12 personnes figurent sur la liste du chauffeur. En principe, elles devraient toutes être âgées d’au moins 75 ans car seule cette catégorie est pour l’instant appelée au centre de vaccination. Mais la réalité est tout autre puisque des personnes qui n’ont pas l’âge re-quis se sont glissées sur la liste. Oili Ahamadi, originaire de Passamanïty en a fait les frais. Cet homme de 70 ans a fait le déplacement depuis son domicile jusqu’à la MJC de M’Gombani, mais une fois sur place, il tombe des nus. “Vous n’avez pas l’âge monsieur. On ne peut pas vous vacciner”, lui dit-on. Oili Ahamadi repart bredouille, lui qui se faisait une joie de se faire vacciner. “Ils m’ont dit que je vais devoir attendre mon tour parce que je n’ai pas 75 ans. J’attendrai et quand il le faudra, je viendrai me faire vacciner car j’ai des problèmes de santé donc je pense que ce vaccin peut me protéger”, dit-il. Ce septuagénaire n’est pas le seul dans ce cas. Une autre dame, également âgé de 70 ans, a été appelée par le CCAS de Mamoudzou et se retrouve dans la même situation. Malgré ce petit désagrément, aucun des deux ne s’indigne, bien au contraire. “Cela m’aura au moins permis de me balader”, relativise Oili Ahamadi.
Un centre de vaccination vide
Ceux qui ont l’opportunité de se faire vacciner, à l’exemple d’Ali Moussa, doivent passer par trois étapes. Une fois arrivé au centre de vaccination, un médecine le reçoit et relève toutes les informations nécessaires liées à sa santé. Ali Moussa s’installe ensuite dans un coin aménagé pour recevoir l’injection. Une étape cruciale qui ne dure que quelques secondes. D’un pas confiant, il se dirige ensuite vers le dernier stand où des femmes l’attendent pour lui fournir son certificat de vaccination. Un document important qui lui permettra de retourner au centre dans 6 semaines pour recevoir la deuxième dose.
Par mesure de précaution, toutes les personnes vaccinées sont ensuite surveillées pen-dant 15 minutes au sein de la MJC. Ali Moussa a pu passer toutes ces étapes sans se presser puisqu’il était seul lors de son arrivée. Au grand désespoir du personnel de l’ARS et des soignants… Pourtant, le centre est désormais ouvert à toutes les personnes de plus de 75 ans de toute l’île. Alors ont-elles peur du vaccin ? N’ont-elles pas eu l’information ? Est-ce par manque de moyen de transport ? Tout est possible, mais le coordinateur du centre de vaccination l’affirme : “Aucune dose de vaccin ne sera jetée.”