365 jours viennent de s’écouler depuis le début du premier confinement. Si Mayotte a d’abord pensé pouvoir passer entre les mailles du filet par rapport à la métropole, l’apparition du variant sud-africain lui a rappelé qu’elle n’est pas à l’abri d’une potentielle catastrophe sanitaire. Chronologie d’une année si particulière.
Mardi 17 mars 2020, 14h à Mayotte, Emmanuel Macron, le président de la République, siffle la fin de la récréation. La restriction des déplacements fait désormais partie du quotidien des Mahorais. Le confinement strict a pour conséquence la fermeture des établissements scolaires et de tous les lieux non indispensables. Finis, l’afterwork, les séances de sport collectives et les repas entre amis… L’adage « métro, boulot (ou télétravail), dodo » devient la norme dans le 101ème département. Ce virus, une grande partie de la population le prend avec des pincettes. Le guette du regard. L’appréhende….
Et comme ailleurs, les journées défilent au rythme des données chiffrées. Plus cinq cas, plus huit cas, plus treize cas, plus onze cas, plus sept cas… Avec un retard de six semaines sur le territoire national, l’île aux multiples spécificités sociales, économiques et sécuritaires, et surtout aux capacités hospitalières limitées retient son souffle dans l’espoir d’éviter une catastrophe sanitaire. La vague épidémique tant redoutée se fait attendre.
Envoyés sur place, les renforts de la réserve sanitaire et du service de santé des armées tournent presque en rond. Les personnels soignants restent sur le qui-vive. Le service de réanimation s’avère toutefois plus saturé qu’à l’accoutumée en raison de la plus importante épidémie de dengue jamais enregistrée. Les évacuations sanitaires vers La Réunion se mettent en place pour alléger des capacités hospitalières, déjà sous-évaluées en temps normal. Pas question de se prendre les pieds dans les tapis.
D(é)confinements en décalé avec la métropole
Et alors que la métropole se déconfine le 11 mai, Mayotte se classe quelques jours plus tôt parmi les départements situés en zone « rouge » et doit jouer les prolongations jusqu’au 2 juin avec ses quelque 1.000 cas recensés depuis le 14 mars, jour du premier cas détecté sur le territoire. De peur que le pic finisse enfin par jouer son rôle de trouble-fête, comme promis par Paris et les autorités locales. Que nenni ! Par contre, voilà qui donne du fil à retordre à une agence régionale de santé, de plein exercice depuis le 1er janvier 2020, qui aurait préféré meilleur début. L’approvisionnement en écouvillons et en réactifs l’empêche de dormir tranquillement sur ses deux oreilles…
Finalement, les Mahorais apprennent à sortir de chez eux masqués. À retrouver un semblant de normalité. À l’heure des vacances estivales (ou plutôt hivernales), les voyages reprennent de plus belle. Puis la rentrée scolaire suit son cours, toujours calquée sur les directives nationales. L’affolement métropolitain débouche sur un nouveau confinement national le 30 octobre 2020. Mais en plein cœur du canal du Mozambique, Mayotte y échappe. Et rit au nez et à la barbe de ce virus mondial.
Plus pour longtemps avec l’arrivée de son variant sud-africain… Plus virulent et surtout plus contagieux, notamment auprès de la jeunesse ! Cette jeunesse, qui selon les épidémiologistes, permet de croire à une immunité collective sans tracas. Plus accessibles, les tests se multiplient. Tout comme le nombre de cas. Les taux de positivité et d’incidence explosent, à l’aune du début de la campagne de vaccination, le 25 janvier 2021. Trois jours plus tard, les habitants de Bouéni, Dzaoudzi-Labattoir et Pamandzi reçoivent l’ordre de ne plus sortir. Rejoints par le reste de la population le 5 février. Bis repetita pour cinq semaines ! Déconfinée depuis ce lundi 15 mars, à deux jours d’un anniversaire inimaginable, Mayotte revient de loin, avec seulement 502 nouveaux cas sur la semaine glissante (contre 2.487 il y a encore un mois) et 21 patients en réanimation.
Quelques chiffres clés de la dernière année écoulée
1.049
C’est le nombre total de patients Covid hospitalisés en médecine et en réanimation en un an. Dans le détail, l’année 2021 s’avère bien plus sévère puisque la médecine a recensé par exemple 495 malades positifs entre le 25 janvier et le 15 mars, contre 335 du 13 mars au 24 novembre 2020. Idem en réanimation où la deuxième vague a été beaucoup plus critique que la première (156 entrées depuis le 21 janvier dernier pour une pneumopathie Covid contre 63 quelques mois plus tôt). Cette tension hospitalière a notamment poussé le centre hospitalier de Mayotte, avec le soutien de l’agence régionale de santé, à procéder à des évacuations sanitaires massives vers La Réunion. Depuis le 4 février, pas moins de 99 patients Covid ont été envoyés vers l’île voisine. À ce jour, 26 sont toujours hospitalisés en réanimation, 11 sont en hospitalisation conventionnelle, 4 sont en soins de suite et de réadaptation, 4 ont été transférés à Paris (3 sont maintenant en hospitalisation conventionnelle et 1 demeure en réanimation), 36 sont revenus à leur domicile dans le 101ème département et 18 sont décédés.
352.000
C’est le nombre de masques distribués par le rectorat avant le deuxième confinement pour les élèves. Chaque établissement en possède et peut donc en distribuer aux jeunes qui n’en ont pas. Des vols ont eu lieu lors de la distribution des premiers masques, ils sont donc conservés par le rectorat, qui assure avoir assez de stocks pour assurer sept semaines d’affilée.
98.1
C’est en millions d’euros le montant versé à 6.138 entreprises mahoraises qui ont bénéficié du fonds de solidarité. Cette aide a vu le jour dès le début de la crise sanitaire. Les entreprises perçoivent en moyenne 1.500 euros par mois pour combler la perte du chiffre d’affaires et payer les charges.
15
C’est en pourcentage le nombre de licenciés perdus par les ligues et comités sportifs mahorais entre 2019 et 2020. Dans les chiffres, la crise sanitaire entamée en mars 2020 a donc également frappé le monde du sport, et plus durement selon les structures. Ainsi, la Ligue mahoraise de football a compté près de 25% de licenciés en moins en 2020, comparé à 2019. « Nous aurions pu penser que ce soit bien plus encore », indique Aurélien Timba Elombo, son directeur. « Les compétitions n’avaient, pour la plupart, finalement pas repris en 2020. Mais c’était l’espoir des clubs durant toute l’année. Ce qui pourrait expliquer pourquoi les clubs ont pris les licences malgré l’arrêt des compétitions et que la baisse n’est pas aussi significative », estime-t-il. Outre la chute des licences, la crise sanitaire et les mesures restrictives qu’elle a impliquées n’ont pas permis la poursuite des compétitions. Pour rappel, en mars 2020, les ligues et comités sportifs mahorais ont été contraints de suspendre leurs activités. Ils n’ont été autorisés à les relancer que fin septembre 2020, soit sept mois sans compétitions. Qui plus est sous certaines conditions, notamment la mise en place systématique d’un huis clos.