Pour Philippe Roche, le directeur médical de crise, « le variant Omicron nous a juste destabilisé »

Alors que l’agence régionale de santé a recensé 6.601 cas entre le 1er et le 7 janvier 2022, le centre hospitalier de Mayotte retient son souffle pour éviter une nouvelle vague épidémique. Si le variant Omicron s’avère d’une contagiosité sans précédent, sa propagation suscite moins d’inquiétude que prévue selon le directeur médical de crise, Philippe Roche.

« Lors de la vague de février-mars, le nombre de cas doublait toutes les semaines… En ce moment, c’est tous les deux jours : il s’agit d’une progression fulgurante ! » Un constat indéniable qui met en alerte le centre hospitalier de Mayotte et son directeur médical de crise, Philippe Roche. Heureusement, la vérité d’hier n’est pas celle du lendemain. Et le mur épidémique tant redouté dans le 101ème département semble finalement se dissiper, à l’heure d’une troisième semaine « décisive », synonyme d’apparition de formes graves.

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Face à ce cas de figure qui pourrait provoquer une certaine saturation, le système de santé se prépare à réagir en conséquence depuis la fin du mois de décembre. « Le danger d’Omicron est qu’il peut mettre à plat les services publics », insiste Philippe Roche. Toutes les éventualités sont ainsi sur la table : déploiement de l’élément militaire de réanimation « dans les 48 heures », mise en place d’un pont aérien avec la métropole pour procéder à des évacuations sanitaires, installation d’hôpitaux de campagne en dehors du CHM et transformation des services en unités Covid-19…

30% des soignants en arrêt maladie

La difficulté majeure réside dans la gestion des ressources humaines : environ 30% des personnels soignants se trouvent actuellement en arrêt maladie ! « Pour les renforts de la réserve sanitaire, il y a une compétition féroce avec les autres départements », prévient le directeur médical de crise. « L’agence régionale de santé s’est battue pour [en] obtenir, même si c’est moins que précédemment. » Exemple lundi soir avec l’arrivée d’une quinzaine de sages-femmes. Il faut donc être en capacité de jouer des coudes et de trouver les bons arguments le cas échéant pour obtenir gain de cause et ainsi soulager des effectifs sous tension.

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Dans ces conditions, le motif de satisfaction se situe plutôt au niveau de l’activité « plutôt calme » des urgences, « sur un mois de janvier qui est d’habitude l’un des plus durs de l’année ». « Bien souvent, les patients qui se présentent ont une petit grippe avec des maux de tête et ont juste besoin d’aller voir un généraliste », rassure Philippe Roche. En témoigne le peu de malades en détresse respiratoire – seulement trois en réanimation et deux en médecine – sur les 81 hospitalisés pour cause de Covid-19 ce mardi 11 janvier. « Cela touche surtout les plus de 65 ans qui ne sont pas vaccinés ou qui ont un schéma vaccinal incomplet. »

« Ne crions pas victoire trop vite »

Toujours est-il que la vigilance reste de mise d’ici les dix prochains jours. D’autant plus que le centre hospitalier doit également prendre en considération l’épidémie de bronchiolite, qui « nous oblige à ouvrir des lits supplémentaires pour les enfants ». « Même si nous approchons du pic et si nous espérons une décroissance d’ici la semaine prochaine, cela joue dans les ressources allouées », dévoile le directeur médical de crise. Prudence donc car en parallèle, l’expérience des deux dernières années démontre un léger décalage entre l’infection au Covid-19 et le déclenchement de formes graves. Le nombre d’hospitalisations pourrait ainsi redoubler d’intensité sachant que le taux de positivité va « très vite » atteindre 50%. « À l’heure actuelle, nous pouvons dire que le variant Omicron nous a juste destabilisé, la crise est plus que contrôlée d’un point de vue logistique, mais cela ne veut pas dire que nous sommes sortis de l’auberge. Ne crions pas victoire trop vite ! »

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