Passe sanitaire : “avec un taux de vaccination de 20%, quelle masse de clientèle va-t-on recevoir ?”, s’inquiète l’UMIH 976

Pour répondre à l’application du dispositif gouvernemental à Mayotte, l’Union des métiers et de l’industrie de l’hôtellerie a demandé à ses adhérents de centraliser les données d’accueil, afin de mesurer l’impact de ces nouvelles restrictions sur leur activité. Le monde de la restauration craint des surcoûts et une perte de clientèle. Sans compter le grand flou de la rentrée, quand les salariés qui n’auront pas de preuve sanitaire risqueront de voir leur contrat suspendu.

Il aura fallu attendre lundi soir pour avoir confirmation : le passe sanitaire étendu s’applique bien à Mayotte, comme ailleurs en France, sauf quelques rares exceptions liées aux spécificités du territoire. Relativement épargné par la vague de Covid-19 qui frappe plus durement d’autres régions, comme la Martinique et la Guadeloupe, le 101ème département espérait bien échapper à l’extension du dispositif, au moins tant qu’il ne repassait pas en état d’urgence sanitaire. “Nous étions restés dans cette optique optimiste, donc effectivement, c’est une surprise et une déception”, réagit Charles-Henri Mandallaz, le président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH) 976, et gérant du restaurant L’Orient Express.

Immédiatement concernés, les restaurateurs ont dû, bon gré mal gré, intégrer cette nouvelle consigne dès ce mardi. “C’est encore un coup de restrictions sur la profession, encore une obligation contraignante et délicate à mettre en place selon les établissements”, poursuit le représentant de la profession, qui s’inquiète du “casse-tête” pour ceux qui servent essentiellement en terrasses, “ouvertes aux quatre vents”.

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Un “refus net” d’une cliente

Parmi ses principales sources d’inquiétudes, le surcoût des potentielles embauches liées au filtrage, doublé d’un risque de perte de clientèle. “L’équation économique ne va pas ! D’autant que nous avons toujours un taux vaccinal très faible, de 20%, quelle masse de clientèle va-t-on recevoir ?”, s’insurge le patron, pour qui l’application du passe tombe pile le jour de la réouverture. Heureusement, son premier service s’est déroulé sans trop de heurts. “Le premier retour n’est pas trop catastrophique, même si nous avons tout de même eu un refus net de quelqu’un qui n’a pas du tout accepté l’idée de cette loi, qu’elle considérait comme liberticide”, rapporte Charles-Henri Mandallaz.

Pour avoir une idée de l’impact du dispositif sur les établissements de l’île, l’UMIH a conseillé à ses adhérents de faire remonter leurs données d’accueil, afin d’apporter des statistiques fiables aux services de l’État. “Nous aurons un peu plus de recul d’ici une dizaine de jours.” À noter que le passe sanitaire ne constitue pas une obligation vaccinale : il laisse en effet le choix de présenter un schéma vaccinal complet, un test PCR ou antigénique négatif, ou encore un certificat de rétablissement pour les personnes ayant contracté le virus.

L’heure tourne pour les salariés

Enfin, l’autre aspect à prendre en compte pour les restaurateurs concerne les employés. Pour les salariés des lieux et établissements recevant du public, un délai supplémentaire a certes été accordé, jusqu’au 30 août prochain. “Mais il se pose alors la question de l’embauche, quel type de contrat on propose, pour quelle durée… Et bien sûr celle de la poursuite des contrats de nos salariés qui ne sont pas vaccinés”, ajoute le président de l’UMIH. Un point qui inquiétait d’ailleurs aussi les syndicats du centre hospitalier de Mayotte, réunis jeudi dernier pour discuter notamment de la situation des contractuels.

Si les juges constitutionnels ont retoqué la possibilité introduite par la loi de rompre un CDD ou contrat d’intérim avant son terme par l’employeur, faute de passe sanitaire, rien n’empêche de ne pas le renouveler. À partir du 30 août, si l’employé n’a pas de preuve sanitaire à présenter, ne peut pas se mettre en télétravail ou être affecté sur un autre poste non soumis au passe sanitaire, il s’expose à la suspension de son contrat. Et, d’après le code du travail, “la suspension du contrat de travail à durée déterminée ne fait pas obstacle à l’échéance du terme”.

Romain Guille est un journaliste avec plus de 10 ans d'expérience dans le domaine, ayant travaillé pour plusieurs publications en France métropolitaine et à Mayotte comme L'Observateur, Mayotte Hebdo et Flash Infos, où il a acquis une expertise dans la production de contenu engageant et informatif pour une variété de publics.

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