Les chiffres du Covid-19 à Mayotte ne sont pas bons. Et après les communes de Bouéni, Pamandzi, et Dzaoudzi-Labattoir, d’autres localités pourraient à leur tour être mises sous cloche si la situation continuait à se dégrader. L’agence régionale de santé fait le point.
Mayotte est sur le fil du rasoir. Et les derniers chiffres de l’agence régionale de santé (ARS) sur la propagation du Covid-19 à Mayotte ne font plus guère de doute sur la présence du variant sud-africain dans le département. Jeudi soir, ce sont pas moins de 798 cas supplémentaires qui ont été recensés, et surtout un taux d’incidence – le nombre de cas pour 100.000 habitants – de 285. Quant au taux de positivité des tests, de 14%, il figure “parmi les plus élevés de France”… “Avec 40% des prélèvements positifs au variant d’Afrique du Sud, (sur les 124 envoyés pour séquençage, NDLR), nous pouvons dire qu’il est présent de façon importante”, souligne Dominique Voynet, la directrice de l’ARS. Sans compter la découverte d’un premier cas positif au variant britannique, en la personne d’un voyageur anglais en transit à Dubaï.
Ambiance tendue donc, qui explique le reconfinement des trois communes de Bouéni, Pamandzi et Dzaoudzi-Labattoir dès ce jeudi 18h. Moins d’un jour après cette annonce coup de poing, l’ancienne ministre n’exclut pas de devoir en faire de même ailleurs sur l’île. Dans son viseur : Tsingoni et Sada où les taux d’incidence sont “aussi en train de monter”. “Nous préparons une grosse campagne de tests dans les communes concernées”, annonce-t-elle.
“Le confinement général serait le plus efficace”
La raison de cet emballement ? Potentiellement des rassemblements peu respectueux des protocoles sanitaires. L’agence régionale de santé évoque à ce titre deux cérémonies d’obsèques marquées par “une violation massive des gestes barrières malgré les efforts faits par certains”. Sans s’aventurer à donner plus de détails, tant le sujet est sensible. Pourquoi, alors, ne pas cloîtrer tout le monde chez soi une bonne fois pour toutes ? “Le confinement général serait le plus efficace, mais nous avons vu les dégâts que cela pouvait générer sur la société mahoraise.” D’où ce compromis, entre “efficacité” et “responsabilité sociale”.
Au CHM, en tout cas, on relève déjà les manches des blouses. Trois actions y sont menées pour répondre à une saturation éventuelle. Mobilisée dès dimanche, la réserve sanitaire déjà sur le pont pendant la première vague, arrivera à Mayotte dimanche matin. Une trentaine de personnels, notamment des infirmiers en réanimation et aux urgences viendront grossir les rangs de l’hôpital. Le service de santé des armées va aussi venir prêter main forte, et quatre militaires arrivés ce jeudi matin se chargent d’une mission de préfiguration “dans la perspective d’envoyer une trentaine de professionnels de santé capables d’armer cinq lits de réanimation supplémentaires”.
61 décès depuis le début de la crise, 5 ce mois-ci
Enfin, l’option des Evasan, pour des patients non-covid et “si nécessaire covid” reste sur la table. De quoi monter en puissance en réanimation, même si pour l’heure, les enseignements tirés de la première vague, comme les traitements par anticoagulants, ont déjà permis de limiter les branchements sous respirateur des patients atteints de forme grave et hospitalisés en service de médecine. Espérons que cela suffise ! Depuis le premier cas recensé en mars 2020, 61 personnes sont mortes du coronavirus à Mayotte. Dont 5 depuis le début du mois…
Les vaccins efficaces ?
Un point positif vient toutefois éclairer ce tableau morose : l’annonce ce jeudi par les laboratoires pharmaceutiques Pfizer et BioNTech de l’efficacité de leurs vaccins sur ces mutations. Des tests in vitro « n’ont pas montré la nécessité d’un nouveau vaccin pour faire face aux variants émergents« , ont assuré les compagnies, en s’appuyant toutefois sur une étude de chercheurs de l’université du Texas et d’un chercheur de Pfizer, qui n’a pas encore été relue par d’autres experts. À noter que la firme américaine Moderna, elle aussi engagée dans la course aux vaccins, avait également garanti l’efficacité de son produit contre les variants, quelques jours plus tôt. Voilà pour le verre à moitié plein.
1.170 bras à piquer
Pourtant, de notre côté du globe, les candidats à la vaccination ne se pressent pas vraiment aux portes de la MJC. Or l’heure tourne. Car il faut avoir consommé les 975 doses d’ici vendredi soir, soit cinq jours après la décongélation des flacons reçus lundi matin. “Nous aurons consommé les doses avant demain soir” assure la directrice de l’autorité sanitaire. Confiante, même si elle n’entend pas communiquer des chiffres tous azimuts.
“À la base, nous voulions organiser un système avec des bus en lien avec les maires (commune par commune NDLR) pour accompagner les plus de 75 ans jusqu’au centre de M’Gombani. Il est vrai que cela a moyennement marché, d’où l’ouverture dès cette semaine du dispositif à la ville de Mamoudzou.” Même bilan un peu magnegne pour la nocturne de ce mercredi dédiée aux professionnels de santé libéraux. Mais alors que le deuxième stock de 975 doses, déjà livré, patiente à Longoni, le compte devrait être atteint avec le centre hospitalier et désormais les patients en dialyse. Et plus si affinités, car “nous avons réussi à faire six doses sur la quasi-totalité des flacons, prévus théoriquement pour cinq doses”. Soit 1.170 bras à piquer en tout. Merci Pfizer !