Après plusieurs mois d’accalmie, la circulation du Covid-19 a repris fortement à Mayotte. Le taux d’incidence (nombre de cas pour 100 000 habitants) est passé de quatre à près de 200 en seulement quelques semaines.
Avec 594 nouveaux cas sur la semaine du 14 au 20 novembre, contre 197 la semaine précédente, l’épidémie de Covid-19 progresse nettement à Mayotte. Le taux d’incidence s’approche de la barre symbolique des 200 cas pour 100.000 habitants (198.4), mais reste en deçà de celui constaté à l’échelle nationale (327 selon le dernier rapport de Santé publique France). Dans sa pharmacie du Lagon à Mamoudzou, Sofiane Kadri – représentant de la section des officines de l’ordre des pharmaciens de Mayotte – observe cette remontée des cas de Covid-19 depuis quelques semaines. Ce lundi matin, sur cinq tests réalisés dans son officine, quatre s’étaient révélés positifs. « Depuis un mois, il y a une forte recrudescence des cas. On fait une dizaine de tests chaque jour, et quasiment tous sont positifs », explique-t-il. « Cet été, on en faisait en moyenne deux par jour, presque toujours négatifs. » Autre phénomène révélateur d’un rebond épidémique à Mayotte souligné par le pharmacien : « les gens rachètent des auto-tests. Ce n’était plus du tout le cas ces derniers mois ». Le pharmacien regrette tout de même un relâchement dans les comportements. « Les gens viennent se faire tester lorsqu’ils ont des symptômes, mais pas forcément s’ils sont cas contact ».
Même son de cloche à l’Agence régionale de santé (ARS) de Mayotte : « On a l’impression que les gens ont tout oublié ! », déplore Maxime Jean, médecin infectiologue et chef du département de la sécurité et des urgences sanitaires de l’ARS de Mayotte. « En cas de symptômes, on ne rend pas visite aux personnes fragiles, et on se fait tester ! », rappelle-t-il. Face à la hausse de la circulation du virus sur l’île, l’ARS se prépare, d’abord en enjoignant les libéraux à renforcer l’offre de dépistage, et en s’assurant de la capacité du centre hospitalier de Mayotte (CHM) à déployer son « plan rebond » – un plan de réponse spécifique en cas d’explosion des cas de Covid-19 sur l’île. « Nous devons être certains que l’offre de soin sera en mesure de faire face à une nouvelle vague épidémique. […] On ne sait pas à quoi s’attendre », admet Maxime Jean.
Le nouveau variant en cause ?
« Nous ne sommes pas encore en mesure de confirmer que cette dégradation des indicateurs à Mayotte est liée au nouveau variant BQ1.1. Les prélèvements sont encore en séquençage », indique l’infectiologue. Le sous-variant BQ1.1, de la lignée Omicron, progresse à grande vitesse en métropole, et représente désormais 39 % des tests de dépistage positifs selon la dernière enquête flash de Santé publique France. « De même, il est trop tôt pour tirer des conclusions sur la contagiosité [de ce variant], ou sa propension à déclencher des formes graves », précise Maxime Jean. « Même si pour l’instant, le retentissement à l’hôpital n’est pas à la hauteur du retentissement au niveau des indicateurs. On observe beaucoup de nouveaux cas, mais peu d’hospitalisations. »
Ne pas rendre visite aux personnes fragiles
L’ARS rappelle les consignes élémentaires à suivre pour limiter la propagation du virus. Lors de l’apparition de symptômes ne pas rendre visite aux personnes fragiles, se faire tester (la carte des centres de dépistage est disponible sur le site de l’ARS de Mayotte, et actualisée régulièrement) et s’isoler en cas de test positif.