La ville de Koungou enregistre le taux le plus bas de vaccination du département. L’agence régionale de santé et la mairie mettent donc les moyens pour rattraper le retard. Mise à disposition de bâtiments, des agents, campagne de communication, tout est mis en oeuvre pour inciter la population à se faire vacciner.
Situé à l’école élémentaire, le centre de vaccination de Koungou était bien calme ce jeudi après-midi. Une accalmie qui arrive après l’effervescence de la matinée. « Les deux premier jours, il y a avait beaucoup de monde, et ce matin aussi. Maintenant, c’est un peu plus tranquille », évoque l’une des agents postée à l’accueil. Ses collègues et elle ont été mis à disposition par la mairie de Koungou pour accueillir les personnes souhaitant se faire vacciner. Atsem (agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles), ils sont appuyés dans leur tâche par les médiateurs sanitaires embauchés par l’association Mlézi Maorais. Ils représentent les moyens humains apportés par la ville pour optimiser la stratégie de vaccination puisque pour l’instant les chiffres de la commune ne sont pas exemplaires. « À Mayotte, nous sommes à presque 26% de personnes vaccinées complètement, alors que sur la commune de Koungou, seulement 7% sont venues se faire vacciner », révèle Maxime Jean, docteur infectiologue à l’agence régionale de santé.
Plusieurs freins ont été identifiés par les différents acteurs du système de vaccination. En effet, Koungou est une commune très étendue. Installé dans le village du même nom, le centre de vaccination n’est pas forcément accessible aux habitants de Trévani, Kangani ou Longoni qui n’ont aucun moyen de locomotion. « Le centre communal d’action sociale a un véhicule et il est possible de l’utiliser pour emmener les personnes âgées au centre de vaccination. Nous avons aussi évoqué le fait d’avoir des équipes mobiles pour aller dans les villages qui sont un peu éloignés d’un jour à l’autre », annonce Maylis Pouny Fagalde, chargée de mission et coordinatrice des centres de vaccination dans la ville de Koungou. À cela va s’ajouter un nouveau centre de vaccination fixe dès mardi 17 août dans le village de Majicavo Koropa.
La PAF, un frein majeur à la vaccination des habitants
Le taux de vaccination très bas enregistré à Koungou s’explique également par un phénomène évoqué par de nombreux agents du centre de vaccination du village lors de la visite de la directrice de l’ARS ce jeudi après-midi. « Il y avait du monde et lorsque la PAF est arrivée, ils se sont tous éparpillés », affirme l’une des médiatrices. Des propos confirmés par son collègue encadrant, Rachid Madi Saïd. « J’ai constaté qu’à Koungou une grande partie de la population est en situation irrégulière. Les personnes ont donc peur de venir quand elles voient la police et les gendarmes dans les parages. » Surprise d’entendre cela, Dominique Voynet affirme qu’elle « en touchera un mot au préfet ». Une petite phrase qui donne grand espoir au responsable du centre de vaccination de Koungou qui s’attend déjà à une grosse journée samedi.
« Il y avait besoin de renforcer les moyens »
Comme tous les autres, le centre de Koungou fait partie de la campagne vaccinale qui se décline en un système de rotation. « Nous avons cinq centres de vaccination gérés par l’ARS qui tournent de commune en commune. L’idée est de revenir dans chaque commune toutes les quatre semaines afin de faire la première dose pour les nouvelles personnes qui se présentent et injecter la deuxième à celles qui étaient venues quatre semaines avant », détaille Dominique Voynet. Une routine qui aide grandement l’ARS puisque « nous nous sommes rendus compte qu’il y avait besoin de renforcer les moyens, notamment à l’hôpital car nous y vaccinons très peu », précise la directrice de l’institution. À Koungou, au delà des moyens humains, la mairie a également mis à disposition ses bâtiments. La bibliothèque avait été réquisitionnée la semaine dernière, puis l’école élémentaire, et un autre établissement sera choisi à partir de la rentrée. « Nous avons voulu mettre l’accent dans cette commune où il y a le moins de personnes vaccinées sur tout Mayotte. Nous avons mobilisé la mairie et notre idée est de rattraper le retard ici », insiste Dominique Voynet. Et la mission ne semble pas impossible selon l’ARS puisque le nombre de personnes ayant reçues une première dose à Koungou augmente de plus en plus.
Romain Guille est un journaliste avec plus de 10 ans d'expérience dans le domaine, ayant travaillé pour plusieurs publications en France métropolitaine et à Mayotte comme L'Observateur, Mayotte Hebdo et Flash Infos, où il a acquis une expertise dans la production de contenu engageant et informatif pour une variété de publics.