Auditionné le vendredi 8 octobre par la mission commune d’information du Sénat destinée à évaluer les effets des mesures prises ou envisagées en matière de confinement ou de restrictions d’activités, le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu est revenu sur « les cycles épidémiques » dans les territoires ultramarins, sur le réhaussement du plan d’urgence sanitaire, sur les conséquences économiques « moins importantes » qu’en métropole et sur « l’échec » de la vaccination.
« La situation sanitaire est encore très préoccupante. La question du Covid-19 se conjugue toujours au présent dans les Outre-mer. » Auditionné ce vendredi 8 octobre par la mission commune d’information du Sénat destinée à évaluer les effets des mesures prises ou envisagées en matière de confinement ou de restrictions d’activités, Sébastien Lecornu, le ministre des Outre-mer, est revenu longuement sur l’évolution de la situation sanitaire dans les territoires ultramarins.
Tout d’abord, il a rappelé le décalage des cycles épidémiques par rapport à la métropole, en raison notamment des climats et des saisons. « Mayotte en est un premier exemple », a-t-il confié en préambule. Pour rappel, le 101ème département a subi une forte vague en début d’année, synonyme de six semaines de confinement. Situation que vit actuellement la Nouvelle-Calédonie, où il se trouvait en septaine au moment de cet entretien. « Ce rythme-là a rendu un stop-and-go, un système d’accordéon, dans la manière de gérer les choses qui a été très difficile à traiter, y compris dans la connexion avec l’Hexagone. » Mais surtout, cette crise « a réveillé les grandes fragilités du système hospitalier ». Qui a contraint l’envoi de pratiquement 8.000 professionnels de santé, dont 4.700 réservistes sanitaires, pour venir prêter mains fortes aux soignants locaux. Sans oublier le concours des armées et de la sécurité civile.
À la question du rapporteur Roger Karoutchi sur le rééquipement des installations sanitaires, Sébastien Lecornu a évoqué le déblocage, « rapidement », de 276 millions d’euros pour la restauration des capacités financières des centres hospitaliers et une enveloppe de 728 millions d’euros dédiée pour les investissements bâtimentaires. Un moyen d’enclencher une « remontada en matière d’offres de soins ». Pas un mot toutefois sur le projet de second hôpital prévu en Grande-Terre ! Parmi les autres promesses énoncées à la suite des prises de parole de Nassimah Dindar et Victoire Jasmin ? La révision du coefficient géographique des hôpitaux d’ici 2023 ainsi que la signature d’une petite dizaine de contrats locaux de santé afin de réduire les inégalités territoriales et sociales de santé.
6 milliards d’euros d’aides pour les Outre-mer
Autre préoccupation et non des moindres : les impacts économiques et sociaux. « Les effets de la crise à court ont été moins importants dans les Outre-mer qu’en métropole », a insisté l’ancien maire de Vernon. Notamment grâce à la « surreprésentation de la dépense publique ». Pour étayer son argumentaire, il a annoncé une baisse du produit intérieur brut comprise entre -3 et -6% dans les territoires ultramarins, contre -8% en Hexagone. Et a détaillé les chiffres de la politique du « quoiqu’il en coûte » : 3.5 milliards d’euros de prêts garantis par l’État, 1 milliard d’euros sur le fonds de solidarité, 830 millions d’euros de report de charges et 650 d’euros millions d’activités partielles. « Certains dispositifs sont encore adaptés à la réalité des économies. » Mais selon lui, cela a permis d’assainir beaucoup de secteurs d’activités – « nous avons fait preuve de discernement » – et d’accélérer certaines priorités, comme le BTP en Guyane, l’assainissement et l’eau potable en Guadeloupe, la transformation agricole à La Réunion et à Mayotte.
Toutefois, le faible taux de vaccination, que Sébastien Lecornu a comparé « en partie » à « un échec », inquiète toujours autant. « C’est un énorme cadenas pour réussir le plan de relance », a-t-il regretté. « En termes de moyens, le compte était là. Je n’ai pas de doute là-dessus. » À ses yeux, il s’agit davantage d’un « problème d’acceptabilité ». Avant de fustiger les fakes news et les discours ambigus : « Ce n’est pas sans enjeu, sans danger… » S’il ne s’est pas forcément montré « optimiste » sur l’évolution de l’épidémie dans les territoires récalcitrants, il a pointé l’importance de la sensibilisation « des élites culturelles, sociales, sportives, religieuses, et politiques » ainsi que « des différents groupes de médiation » pour faire évoluer les mentalités et balayer les doutes. « Nous ne ferons rien avec ceux qui font de la politique sur le dos de la vaccination », a-t-il mis en garde, histoire de renvoyer dans les cordes les détracteurs du gouvernement.
Un jeu de questions-réponses à bâton rompu qui aura duré au total un peu plus d’1h30 ! Si le ministre des Outre-mer a certainement apporté des éléments concrets aux sénateurs qui l’ont interpellé, on peut regretter le silence des parlementaires mahorais, qui ont brillé par leur absence… Dommage.