Covid-19 : l’indignation face aux essais thérapeutiques à Mayotte et en Guyane

L’infectiologue Karine Lacombe a annoncé sur la chaîne LCP, l’ouverture de centres d’essais thérapeutiques à Mayotte et en Guyane pour lutter contre la Covid-19. La nouvelle a enflammé la toile qui dénonce un nouveau mépris envers les Mahorais et les Guyanais.

Le 25 juin, le professeur Karine Lacombe, cheffe de service des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Antoine (Paris), était auditionnée au parlement par la commission d’enquête Covid-19. Lors de cette audition, elle a annoncé l’ouverture de centres d’essais thérapeutiques à Mayotte et en Guyane. “Nous allons ouvrir un centre à Mayotte et un autre à Cayenne, en Guyane, où l’épidémie fait rage et où le pic ne sera vraisemblablement pas atteint avant la fin du mois de juillet. Il est donc indispensable d’apporter une solution thérapeutique.” Cette solution thérapeutique consiste à prélever du plasma sanguin chez des personnes guéries de la Covid-19 et de le transfuser chez des personnes malades. L’objectif est de savoir si le plasma collecté rempli d’anticorps est capable d’immuniser le malade et éviter une forme sévère de la maladie ainsi qu’un passage en réanimation. Les essais se feront sur la base du volontariat. En métropole, ce test a été lancé par l’établissement français du sang (EFS) en avril, en Île-de-France, dans le Grand Est et en Bourgogne-Franche-Comté. 200 donneurs ont été sollicités mais selon la directrice de l’Agence régionale de santé de la Guyane, ce n’est pas suffisant. “Dans l’Hexagone, les personnes malades (sollicitées) ne sont pas assez nombreuses pour que l’on puisse vraiment confirmer tout l’intérêt de cette nouvelle thérapeutique. Donc le fait qu’en Guyane, on ait beaucoup de malades va pouvoir faire progresser très fortement cette recherche vraiment très prometteuse”, a déclaré Clara de Bort à Guyane la 1ère. Cette dernière ajoute également que c’est une “chance” de pouvoir participer à cet essai. Chez nous, l’ARS ne souhaite en dire plus car il est encore trop prématuré. Elle précise cependant qu’“une demande a effectivement été faite pour lancer cette étude à Mayotte mais nous ne sommes qu’en phase de discussion pour voir s’il y a un réel intérêt ou pas. C’est un processus très long et si cela se fait, ça ne sera pas aujourd’hui ni demain”, déclare Manon Rabouin, chargée de communication à l’ARS de Mayotte. Selon elle, la Guyane a précipité la communication sur cet essai thérapeutique.

Une annonce qui scandalise les Mahorais et Guyanais

La nouvelle du Pr. Karine Lacombe a rapidement enflammé la toile chez nos compatriotes Guyanais. “Prendre des Guyanais pour des cobayes, il est hors de question !”, “Pourquoi ne pas le faire dans les clusters de l’Hexagone ?” “Pas un seul essai sur les habitants de notre pays (Guyane)”, peut-on lire sur les réseaux sociaux. Une pétition a été lancée par Jean-Victor Castor, guyanais et secrétaire général du Mouvement de décolonisation et d’émancipation sociale. Il ne croit pas en la théorie du volontariat. “Les deux territoires qui vont être utilisés comme cobayes sont Mayotte et la Guyane et on sait que sur ces deux territoires, il y a beaucoup de populations précaires qui pourront être influençables.” À Mayotte, pour l’heure aucune personnalité ni aucun élu n’a commenté la nouvelle. Cependant, les voix des internautes s’élèvent petit à petit. “Mayotte n’est pas un rat de laboratoire à ciel ouvert. Ils font cela parce que nous sommes les départements les plus pauvres et parce que nous sommes noirs. Nous devons nous révolter contre ce mépris et refuser que ces tests se fassent chez nous, qu’ils les fassent ailleurs. À Paris ou à Marseille par exemple où il y a beaucoup plus de cas. Où sont les élus ? Pourquoi personne ne réagit ?”, s’indigne Gaillard Junior, fervent défenseur de la cause mahoraise sur la page Front départemental mahorais. L’ARS de Mayotte entend la colère de certains et affirme qu’il n’y aura “aucune différence avec les essais déjà faits en métropole”. Cette affirmation calmera-t-elle les esprits ? Nous le serons probablement à partir du 2 juillet, date à laquelle le Pr. Karine Lacombe se rendra en Guyane.

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