Contraception gratuite jusqu’à 25 ans : utile pour certaines, inaccessible pour d’autres

Depuis le 1er janvier 2022, la contraception est rendue gratuite pour les jeunes femmes de moins de 25 ans. L’Assurance maladie prendra en charge à 100% et sans avance de frais le coût de celle-ci et les actes qui y sont liés. Une mesure gouvernementale qui reste toutefois inégalitaire dans le 101ème département.

Qui dit nouvelle année, dit nouvelles mesures gouvernementales. Portée par le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, la gratuité de la contraception pour trois millions de femmes jusqu’à l’âge de 25 ans (contre 18 ans précédemment) est entrée en vigueur au 1er janvier 2022. Une décision motivée par le recul de la contraception en France qui serait lié pour une part importante des principales concernées à des raisons financières. “Rendre la contraception gratuite est une très bonne chose, mais il faut surtout qu’elle soit facilement accessible”, affirme Stéphanie, sage-femme au dispensaire de Dzoumogné.

contraception-gratuite-jusqua-25-ans-utile-pour-certaines-inaccessible-pour-dautres

Cette mesure permettra aux femmes de consulter leurs médecins et d’avoir des échanges sur la méthode de contraception la plus adaptée à leur situation et à leurs besoins. “Je pense que cela offre la possibilité d’avoir un meilleur suivi des patientes, bien que la sexualité reste encore un sujet tabou à Mayotte”, témoigne la praticienne. Pour Claire, elle aussi sage-femme dans le nord de l’île, le plus important est d’abord la prévention. “Pour démocratiser la contraception, en particulier sur l’île, il faut également se pencher sur l’information et la sensibilisation.

Gratuité et inégalités

Si en métropole la plupart des habitants ont accès à la sécurité sociale et à une mutuelle, dans le 101ème département la réalité est toute autre… En effet, le renouvellement d’une pilule coûte 10 euros tandis que la pose d’un stérilet ou d’un implant contraceptif s’élève à 25 euros. Face à ces montants, Charlène Ledoux, médecin généraliste au centre de consultation de Jacaranda, espère que des mesures similaires pourront être mises en place dans les dispensaires. “La plupart de nos patients n’ont pas de sécurité sociale ou de mutuelle. Les contraceptifs leur sont alors facturés et continueront à l’être. » Une situation “honteuse” que dénoncent les professionnels de santé.

Un pas pour la société

Le docteur Albert Ducastel évoque quant à lui un “geste en faveur de la santé communautaire”. Pour le médecin généraliste, la gratuité permettra d’accroître l’accès aux soins des jeunes femmes ainsi que leur suivi gynécologique. “En étendant la gratuité de la contraception, nous pourrons prévenir les potentielles répercussions des IVG sur la santé des femmes”, affirme le praticien. Par ailleurs, celui-ci souligne la nécessité de continuer à se protéger contre les maladies sexuellement transmissibles. “Il ne faudrait pas que les jeunes femmes oublient de se faire dépister car les moyens contraceptifs comme la pilule ou l’implant ne permettent pas de les protéger contre les MST”, s’inquiète le docteur.

À noter que tous les contraceptifs ne seront pas pris en charge par l’Assurance maladie. Seules certaines pilules contraceptives (de 1ère et 2ème générations), les implants contraceptifs, les stérilets, les diaphragmes et la contraception d’urgence hormonale pourront être remboursés. Ne sont pas concernés les préservatifs masculins et féminins, les crèmes spermicides, les patchs, les anneaux vaginaux et les pilules de 3ème et 4ème générations.

Les pharmacies, maillon essentiel de la chaîne de santé

Sensibiliser, alerter et diriger la patiente : voilà la mission des pharmaciens. Pour Youssef Ben Kouidar, docteur en pharmacie à la pharmacie du Lagon, la priorité est le suivi et l’écoute des patients. “Notre rôle est d’orienter les patientes et de leur proposer une solution adaptée. Il faut entretenir une relation de confiance avec elles et mettre en avant les différentes méthodes de contraception.” Tout comme ses confrères, le praticien rappelle que les grossesses ne doivent pas être subies mais bien désirées. “En matière de contraception, nous avons tous (pharmaciens, médecins, sage-femmes) un rôle à jouer et la gratuité peut être une chance de faire évoluer les mentalités.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1112

Le journal des jeunes

À la Une