Comores : Moroni en alerte après la découverte du virus Marburg en Tanzanie

Caractérisé par de la fièvre, des vomissements et des saignements, ce virus très dangereux selon l’Organisation mondiale de la santé a déjà fait cinq morts en Tanzanie, où se rendent en moyenne 240 Comoriens par semaine. Par prévention, Moroni compte déployer dans les brefs délai une équipe de surveillance dans les frontières.

Destination médicale très prisée des Comoriens, la Tanzanie fait face depuis une semaine, à une très dangereuse épidémie dénommée, Marburg, le nom du virus vecteur de la maladie. Selon les dernières informations rapportées par la presse régionale, le pays a enregistré cinq décès et compte près de 200 cas, tous des contacts avec des personnes contaminées. Ce virus proche de la famille Ebola, a un taux de mortalité de 80%, s’inquiète l’Organisation mondiale de la santé qui craint une propagation de l’épidémie. Si l’archipel est pour le moment épargné, les autorités ne comptent pas pour autant baisser la garde au contraire. Le pays est déjà en alerte avons-nous appris par le biais d’une lettre d’information adressée au corps médical. « Une épidémie a été détectée en Tanzanie le 21 mars, pays avec lequel, les Comores échangent beaucoup. Le pays se prépare à une éventuelle importation de cas. Ainsi nous appelons à votre vigilance et vous demandons d’imprimer et d’afficher les définitions des cas dans toutes les structures de santé et de continuer à sensibiliser les praticiens. Nous prions aux directions régionales de santé d’identifier et de nous partager la liste des équipes d’intervention rapides », précise le document, authentifié par le ministère comorien de la Santé.

 Discussions avec l’OMS

Côté prévention, le directeur général de la Santé assure que la surveillance déjà en place depuis l’avènement du coronavirus sera renforcée au niveau des frontières afin de suivre les voyageurs en provenance de Dar es Salam. Aucune date pour le déploiement des agents n’a été communiquée. Toutefois, le responsable national promet des affectations dans les plus brefs délais. « Nous avons élaboré les définitions de cas communautaires et cliniques à l’usage de nos différentes structures sanitaires. Les directions régionales de santé poursuivent les réunions de sensibilisation », a ajouté le Docteur Saindou Ben Ali Mbae. A l’heure actuelle, a-t-il poursuivi, les autorités sanitaires sont en discussions avec les partenaires notamment, l’Organisation mondiale de la santé pour renforcer le volet des laboratoires. Au-delà de ces actions, estime le directeur général de la Santé, il faudrait en pareille situation mettre l’accent sur la sensibilisation de la population pour qu’elle apprenne les gestes à adopter. Diplômé en médecine tropicale, le Dr Mohamed Monjoin a lui aussi partagé quelques conseils. « Les autorités sanitaires doivent mettre en place une cellule d’écoute et de recueil de tout cas suspect et communiquer avec tout le corps médical que compte le pays et pas seulement les centres de santé et les hôpitaux », a-t-il préconisé.

Trois rotations par semaine

Comme ebola, l’épidémie de Marburg, détectée aussi en Guinée-équatoriale, est transmise à l’homme via des animaux, souvent des chauves-souris frugivores. La transmission peut se faire directement ou par le biais d’un singe. La maladie est caractérisée par des vomissements, des saignements par tous les orifices, des maux de tête mais pas que. « Pour le cas des Comores, où le risque est minime selon l’OMS, la contamination peut intervenir par sécrétion d’une personne malade décédée ou vivante, c’est-à-dire des selles ou de la sueur, crachats », démontre Monjoin, le spécialiste des maladies tropicales que nous avons interrogés ce mardi. Pour éviter une importation du virus, ce dernier appelle le ministère de la Santé à se doter très rapidement d’un test PCR spécifique à la maladie en raison de la fluidité des échanges entre la Tanzanie et les Comores. Les deux pays voisins sont seulement séparés par quelques 1.096 km. Ce qui fait que de nombreux Comoriens se rendent régulièrement à Dar es Salam, la plupart pour des raisons médicales ou commerciales. Selon nos informations, la principale compagnie tanzanienne qui assure la liaison entre Moroni et Dar es Salam effectue trois rotations par semaine. Avec en moyenne un contingent de 80 passagers par vol, soit donc 240 Comoriens par semaine. Et ce sans compter les commerçants qui eux préfèrent parfois la voie maritime. C’est dire que le défi pour les autorités comoriennes est énorme face à ce virus qui à la moindre négligence peut engendrer des pertes humaines.

 

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