Comores : le choléra en nette régression sur l’ensemble de l’archipel

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FI - Comores cholera
Depuis février, l’Union des Comores est frappée par le choléra, qui a touché plus de 10.000 personnes.

Alors que le taux global de la vaccination contre le choléra est de 59% dans l’Union des Comores, l’épidémie semble aller decrescendo, notamment à Anjouan, qui détient un nombre élevé de décès liés à la maladie. En effet, les services de santé enregistrent moins de victimes, sans pour autant crier victoire trop rapidement. 

L’information relatée ce week-end par le quotidien du service public Al-watwan n’est pas passée inaperçue. Après cinq mois d’épidémie, meurtrière, l’île d’Anjouan n’a enregistré aucun nouveau cas de choléra ce samedi 20 juillet. Ce seul fait montre à lui seul que l’archipel des Comores maîtrise progressivement l’épidémie importée de la Tanzanie, depuis le 2 février, après l’entrée au port de Moroni d’un bateau à bord duquel certains occupants présentaient déjà les symptômes. Très vite, elle s’est propagée sur l’ensemble du territoire.

Bien qu’elle soit la dernière à être touchée, Anjouan, a été frappée de plein fouet, enchaînant explosion de cas et de victimes. Mais selon un bulletin sanitaire du ministère de la santé, le pays n’a pas connu de décès ces dernières semaines. Du 2 au 11 juillet, seules deux victimes ont été répertoriées. Durant la même période, les centres de traitement n’ont pas connu un flux de malades. Une tendance qui s’est poursuivie jusqu’à hier, lundi, a fait remarquer le directeur régional de la santé au niveau d’Anjouan, le docteur Ansouffouddine Mohamed. « Ça fait près d’un mois que nous avons moins de dix cas par jour. Samedi on en a eu aucun. Les jours suivants, les nouveaux cas oscillent entre un et deux« , déclare, satisfait, le directeur régional de la santé, dans un entretien accordé à Flash Infos, ce 22 juillet. 

Décentralisation de la prise en charge 

À l’en croire, il y a déjà des localités, déclarées zone blanche du choléra depuis vingt jours, citant le cas de Tsembehou. En ce qui concerne les raisons de ce renversement de la courbe, notre interlocuteur en a énuméré quelques-unes. « Je pense que la décentralisation de la prise en charge y a contribué. On en avait quatre au total. Mais entre-temps, nous avions ouvert d’autres points de réhydratation orale. À Mutsamudu, par exemple, la population pouvait en trouver quatre. Ces petits centres ont permis de désengorger les plus gros sites. Si le malade venait avec un état moins grave, il pouvait y passer moins de 24 heures et repartir« , poursuit le docteur Ansouffouddine Mohamed. 

Le médecin, qui coordonne la riposte du choléra à Anjouan, explique également que l’épidémie régresse parce que les équipes médicales ont mis en place un dispositif de suivi des ménages. « Dès qu’un cas est détecté, la décontamination se poursuit dans le voisinage. À cela s’ajoute la vaccination« , précise le cardiologue qui a noté que sur les 10.288 cas cumulés (bulletin du 11 juillet), Anjouan en comptait près de 9.000 dont 126 décès. Raison pour laquelle elle fut la première à lancer la campagne de vaccination. Aujourd’hui, 80.000 Anjouanais (80% de la population de l’île) ont pris la dose qui assure une immunité durant une année. À la Grande Comore, le taux est de 40% contre 71% à Moheli. Sur le plan national, le nombre de vaccinés est estimé à 59% de la population, à un moment où l’on a besoin de 93% pour atteindre l’immunité collective. 

Maintien des pratiques d’hygiène 

Le directeur régional de la santé estime aussi que la maladie a pu être vaincue à Anjouan, en dépit des réticences, car les associations locales, ou encore les agents de santé communautaire, ont favorisé la collaboration entre la population et les équipes médicales. « Le terrain a été préparé en amont par les jeunes, les associations féminines, les scouts et les volontaires de la Croix Rouge. L’appropriation de la lutte par la communauté a fortement contribué« , affirme le docteur Ansouffouddine, qui a annoncé le début de la levée des points de réhydratation orale. Preuve selon lui que la situation n’est plus alarmante. « Les gens se présentent très tôt dans les centres. Toutefois, il faut maintenir les bonnes pratiques« , recommande-t-il fortement.

Sous forme d’alerte, le médecin, évoquant les expériences des derniers épisodes de choléra, appelle à ne pas crier victoire aussi vite en pensant que le danger est derrière.  « Il est important de maintenir les bonnes pratiques mises en place comme le lavage des mains. Car les facteurs sous-jacents, à l’instar du problème d’accès à l’eau, sont toujours là et peuvent faire le nid d’un retour du choléra« , prévient-il.

Le directeur régional de la santé souligne que si ce rythme de deux cas sporadiques continue jusqu’à la prochaine saison des pluies, les Comores risquent de faire face à une flambée, car après huit mois, l’immunité diminue dans l’organisme. « Donc dans l’intérêt des îles, même Mayotte, il faut encourager la vaccination pour atteindre l’immunité collective, car sans cela tout le monde est exposé surtout en raison de la circulation des personnes au niveau de l’archipel« , conseille, le directeur régional de la santé qui a tenu à remercier tous les partenaires qui ont aidé le pays à faire face au choléra. « Certes Médecins sans frontières, l’Unicef, l’Oms, étaient tous là, mais nous ne pourrons oublier les efforts consentis par l’Etat comorien qui a beaucoup apporté « , insiste-t-il. L’Union Européenne et la France ont apporté une enveloppe de 500.000 euros, remis à l’Unicef. L’Organisation mondiale de la santé, à travers l’alliance Gavi, a quant à elle débloqué deux millions de dollars (1,86 million d’euros) pour l’achat du vaccin.