Comores : Une enquête de l’OMS alerte sur la négligence de la santé bucco-dentaire

Grâce à un financement du bureau de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) basé à Moroni, une ONG locale a pu procéder à des consultations bucco-dentaires gratuites à 4.500 sur l’île d’Anjouan. Des examens ont révélé, outre des maladies liées à la dentition, qu’une partie avaient développé des formes graves de maladies cardiaques.

Le monde a célébré mercredi dernier la journée internationale de la santé bucco-dentaire. Aux Comores, l’évènement est malheureusement passé inaperçu, signe que le sujet préoccupe peu, pas même les autorités. Seule l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a organisé une séance d’échange avec la presse pour aborder la question. Ce fut l’occasion pour le bureau de l’OMS de lever le voile sur ce problème sanitaire qui touche toutes les couches sociales, notamment les enfants. Faute de politique nationale sur les soins dentaires, le pays ne dispose pas de données sur l’hygiène bucco-dentaire. La dernière enquête remonterait à 1999. A l’époque, il était apparu que 48% des enfants sondés présentaient des tartres, tandis que 62% d’entre eux avaient des dents cariées. Il a fallu attendre le lancement du projet « Amélioration de la santé bucco-dentaire des élèves » dans trois villes à Anjouan, entre 2022 et 2023 pour avoir une idée de l’ampleur des conséquences engendrées par la négligence des soins dentaires. Avec l’appui du bureau-pays de l’Organisation mondiale de la santé, l’ONG Action pour le développement durable et l’environnement (Adde), a organisé avec la direction régionale de la santé des consultations gratuites sur 4.500 élèves dans les localités de Koni Ngani et Koni Djodjo. Et les résultats sont sans appel : 125 parmi eux étaient atteints de maladies bucco-dentaires.

Sources de maladies chroniques

Selon le représentant résident de l’OMS aux Comores, Abdoulaye Diarra, cette enquête a également révélé que 68% des 153 enfants qui avaient bénéficié d’une échographie Doppler représentaient des pathologies cardiaques. Ils ont tous reçu un suivi de l’OMS. Il n’est un secret pour personne que les accidents cardiovasculaires peuvent en partie être liés à un manque d’hygiène bucco-dentaire. C’est ainsi que le personnel médical déployé dans cette commune de Koni avait profité pour sensibiliser les parents quant aux maladies chroniques qui pouvaient être favorisées par une mauvaise santé bucco-dentaire. Pendant la première phase du projet, focalisé sur Mutsamudu, près de 1.900 écoliers âgés entre 5 et 12 ans ont reçu des kits sanitaires en plus des consultations. « Nous étions tous interpellés en découvrant ces statistiques. Mais cette expérience va servir de base pour accompagner le pays dans la mise en place d’une politique nationale sur la santé bucco-dentaire, qui comme partout en Afrique est victime d’une négligence », dixit Abdoulaye Diarra, qui par ailleurs occupe temporairement le poste de coordonnateur du système des Nations Unies. Pendant les consultations dont les résultats ont été présentés mercredi à la presse, des médecins ont révélé que de nombreux enfants de bas âge avaient plusieurs dents cariées.

Ces résultats ne sont que dans trois villes anjouanaises. Quid des autres îles de l’Union des Comores ? En plus de l’insuffisance de spécialistes en la matière, le manque de moyens constitue un frein pour de nombreuses familles qui peinent à assurer une consultation régulière. Même les adultes se rendent chez les dentistes seulement quand ils commencent à ressentir des douleurs intenses.

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