Comores : De nouveaux décès liés au choléra, des enfants parmi les victimes

Durant la toute première semaine de l’épidémie, l’âge moyen des contaminés par la maladie était de 34 ans, selon le bulletin sanitaire publié le 8 février, par le ministère comorien de la Santé. Mais désormais, les patients jeunes affluent dans les hôpitaux a révélé une pédiatre, à travers un message audio diffusé sur les plateformes numériques. Deux enfants de 4 et 10 ans sont décédés en l’espace de deux jours.

Jusque-là épargnés, les enfants tout comme les adultes sont touchés dorénavant par l’épidémie de choléra, qui sévit aux Comores, depuis le 2 février. En moins de quarante-huit heures, le ministère de la Santé a confirmé le décès d’un jeune de 15 ans, puis d’un enfant de 4 ans, dont la mort a été annoncée, jeudi soir. De samedi à lundi, une petite fille de 10 ans et un jeune de 25 ans sont venus s’ajouter à la liste des victimes qui s’élèvent à six. Face à la situation, la responsable du service pédiatre de l’hôpital El-Maarouf, à Moroni, a lancé une alerte. Dans un message audio qu’elle a envoyé dans un groupe WhatsApp, la docteure Mohamed Saidi Yacine, qui a reconnu qu’elle en était bien l’auteure, appelle ceux qui écouteraient le vocal à prendre les choses au sérieux. « Nous vivons une vague de choléra ces temps-ci. La maladie touche même les enfants qui continuent d’affluer. Je lance cet appel pour que vous m’aidiez à sensibiliser le maximum. Je peux vous assurer que l’épidémie est là et fait des ravages », a alerté la pédiatre contactée par nos soins, vendredi. La médecin a regretté la disparition du môme de 4 ans, qui s’est malheureusement déshydraté pendant la nuit du jeudi où il a été admis à l’hôpital, avant de succomber, a-t-on appris. « Nous avons tout fait pour le réanimer, sans succès. Donc si quelqu’un constate qu’il a de la diarrhée, ou qu’il vomit, il doit se présenter sans perdre du temps à l’hôpital », a-t-elle vivement recommandé, dans son audio de cinq minutes. Lundi, le centre de Samba, au nord de la capitale, qui accueille les malades rattrapés par le choléra, comptait 22 patients au total.

83 cas confirmés

Depuis le 2 févier jusqu’à ce lundi, on constate une flambée des cas. Par exemple, en seize jours, les cas contacts sont passés de 3 à 241, pendant que les cas confirmés s’élèvent à 83 contre 16 recensés une semaine plus tôt. Selon le bulletin publié ce week-end, le nombre de cas augmente surtout en Grande Comore, plus particulièrement dans le district du centre de Moroni. Le ministère comorien de la Santé a identifié cinq districts à risque de transmission de la maladie dont quatre à la Grande Comore et un à Moheli. Sur 121 tests réalisés, 83 se sont révélés positifs. Au niveau de la tranche d’âge, toutes les catégories sont touchées alors qu’au tout début de l’épidémie, l’âge moyen était de 34,5 ans, d’après la cheffe du service pédiatrie dont l’audio a fait le tour des réseaux sociaux, de Facebook, jusqu’à X (ex-Twitter). La docteure Mohamed Saidi Yacine nous a confié que les patients jeunes qu’ils reçoivent sont des enfants de 6 ans et plus et ils viennent parfois dans un état grave. « Nous recevons des cas sévères. Or, je sais que des Comoriens nient l’existence de la maladie aux Comores. Je ne fais pas cette audio pour vous faire peur, mais étant membre du personnel soignant, j’ai le devoir de vous sensibiliser. Soyons unis pour vaincre cette maladie qui est capable d’entrainer la mort en quelques heures », a averti la pédiatre, qui appelle la population à éviter en cette période les légumes crus, tout en invitant les gens à adopter les mesures de protection, notamment le lavage régulier des mains avec de l’eau savonnée.

Déni, complot

Les autorités ont annoncé vouloir incessamment organiser une caravane de sensibilisation, poursuivre par géolocalisation la dynamique spatiale de la maladie, ou encore désinfecter les véhicules des particuliers qui transportent des patients dans les sites. Le ministère de l’Éducation compte présenter au gouvernement un plan de contingence. Une opération de désinfection a déjà été réalisée dans douze établissements scolaires dont trois écoles publiques. La maladie a été importée pour la première fois par des passagers venus d’un bateau en provenance de la Tanzanie, le 30 janvier. Une partie d’entre eux était directement admise à l’hôpital après que les résultats des analyses se sont avérés positifs.

Les autres ne présentant aucun signe bénéficiaient d’un suivi depuis le bateau et ont été autorisés à rejoindre la terre ferme, quelques jours plus tard. Si le pays déplore officiellement six décès en deux semaines d’intervalle, dont trois morts en moins 48 heures, les médecins grâce au traitement disponible en revanche sont parvenus à guérir 55 patients. Mais cela ne signifie pour autant que la population ait pris les choses au sérieux, dans la mesure où certains citoyens sont encore dans le déni, pensant que le choléra n’est qu’un mensonge, un complot ourdi par le gouvernement d’Azali Assoumani pour masquer la crise politique actuelle entre autres. Une thèse dangereuse qui prend de l’ampleur, alertent les médecins.

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