CHM : La réanimation et la régulation du SAMU, les seuls indicateurs fiables du Coronavirus

L’ancien site des urgences devrait d’ici peu reprendre du service pour accueillir les patients qui ne sont pas concernés par le Covid-19. Cette mesure de précaution se justifie pour anticiper une éventuelle explosion du nombre de cas et un passage de l’épidémie en phase 3. Toutefois, les chiffres de la réanimation et de la régulation du SAMU démontrent que l’activité reste encore calme dans le 101ème département.

À l’entrée des urgences, la file d’attente est étonnamment dépourvue de monde en cette période de confinement. Une impression qui se confirme dans les couloirs ave une grande majorité des chambres vides. Constamment sur le qui-vive, le personnel soignant court, quant à lui, beaucoup moins dans tous les sens qu’à l’accoutumée. Confinement oblige dirons-nous… Mais ce calme anormal n’empêche pas la direction d’anticiper le passage en phase 3 de l’épidémie de Coronavirus. La principale mesure est le prochain transfert de manière temporaire des urgences sur son ancien site, devenu en 2009 le point de chute des consultations pour les anesthésies et les chirurgies viscérales et orthopédiques, pour ne pas mélanger les patients non contaminés et ceux positifs. Cette réorganisation est en effet possible grâce à l’activation du plan blanc le 14 mars dernier, qui a déprogrammé les interventions et les hospitalisations ainsi que les consultations de médecine générale et de spécialité. “Les médecins continuent de suivre une liste de patients actifs, mais le volume [des différents services en question] a été divisé par 4 ou 5 par rapport à l’activité journalière habituelle”, souligne Christophe Caralp, le chef du pôle URSEC (urgences, réanimation, SAMU-SMUR, Evasan, caisson hyperbare).

Ce futur dispositif a pour but de prévenir une aggravation de la propagation du Covid-19 sur le territoire. À l’instar de la montée en puissance des lits de réanimation. Aujourd’hui, l’établissement en comptabilise 29, contre 16 en temps normal. “Techniquement, l’élément indispensable est le respirateur. Nous en avons 49 et nous ne pourrons pas aller au-delà, c’est le chiffre maximal.” Si les hospitalisations venaient à s’envoler, il faudrait alors déloger de nouveaux services pour faire de la place aux malades. Mais cette hypothèse n’arrivera pas dans l’immédiat pour Christophe Caralp. Deux indicateurs le poussent à un certain optimisme. Le premier est la baisse drastique d’appels quotidiens au centre de régulation, après un pic historique de plus de 1.000 sollicitations du 17 au 27 mars pour des syndromes compatibles avec le Covid-19. “La seule difficulté rencontrée est que parmi les permanenciers du SAMU, c’est-à-dire ceux qui décrochent, certains ont été testés positifs. Et comme ils sont formés spécifiquement pour ça, ils sont irremplaçables. Heureusement, nous avions anticipé quelques jours plus tôt l’augmentation du flux d’appels. Et nous avons eu l’opportunité de former des étudiants en troisième année de l’institut de formation en soins infirmiers, qui en plus parlent bien souvent shimaoré et kibushi. Ils ont intégré le planning de roulement, ce qui nous a permis de soulager le personnel et de passer ce cap un peu difficile.” Et depuis cette suractivité, le directeur médical du SAMU note une baisse continue du nombre d’appels et de dossiers traités, qui coïncide avec celle vécue en parallèle aux urgences.

Le Covid-19, derrière la grippe et la dengue

Le deuxième indicateur est l’accueil de patients en réanimation : “ce chiffre ne peut pas mentir puisque les gens dans un état grave entrent forcément chez nous.” Le 101ème département réalise uniquement du dépistage symptomatique (les trois quarts sont faits dans les centres médicaux de référence par les infirmières de prélèvement à domicile), or cette manière de procéder ne reflète pas la valeur de l’épidémie selon Christophe Caralp. Et à ce jour, le service de soins critiques n’en compte que 3 – un quatrième, admis mardi, n’a pas été intubé et est ressorti hier. “Ils sont quasiment guéris du Covid. Mais ce sont les problèmes de réanimation, comme le réveil et l’extubation, qui les maintiennent dans nos locaux.” Autre statistique qui le pousse à rester confiant ? La jeunesse ne présentant aucun antécédent est épargnée, sachant que toutes les pathologies des virus respiratoires atteignent des personnes d’un certain âge et/ou avec des comorbidités (tension, diabète, obésité). Si Christophe Caralp a conscience que “la révélation du nombre de cas au grand public peut être très angoissante, il n’y a pas de données en faveur d’une explosion comme nous pouvons le voir actuellement dans les clusters de l’Italie du Nord ou le Grand Est en métropole”. Pour preuve, “l’activité réelle des urgences en lien avec le Coronavirus n’a rien à voir avec celle de l’épidémie de dengue qui recense 2.500 cas officiels, qui en réalité devraient être multipliés par 2 ou 3 d’après nos informations recueillies sur le terrain. Et à titre de comparaison, l’an dernier, nous avons eu sept hospitalisations pour cause de grippe et trois décès. Nous sommes dans la même lignée pour l’instant”.

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