C’est dans les vieilles pratiques qu’on fait les meilleurs régimes

Les anciens ne comprennent pas les jeunes. et vice versa. cet adage est vrai même dans l’alimentation. l’ancienne génération se vante d’avoir mangé sain et bio pratiquement toute sa vie alors que la nouvelle ne voit pas l’utilité d’une alimentation équilibré. témoignages.

L’arrivée des produits industriels et de la malbouffe donne l’impression que l’on a toujours mangé ainsi. Mais ce n’est pas le cas pour les anciens, particulièrement à Mayotte. Le Mahorais est traditionnellement agriculteur. Les anciennes générations cultivaient ainsi elles-mêmes leurs terres agricoles pour subvenir aux besoins de la famille. « On faisait tout nous-mêmes. Et on travaillait nos champs sans tous ces produits chimiques qu’il y a aujourd’hui », se souvient Mogné Ali qui a aujourd’hui 85 ans. Sa femme, Amina, se souvient de son enfance rythmée par les virées quotidiennes au champ. « Quand on était petits, après l’école coranique on allait aux champs avec le foundi pour cueillir les bananes, maniocs, et beaucoup de fruits. » Amina le dit : elle adorait aller au champ parce qu’elle se nourrissait pratiquement que de fruits. Des souvenirs que partagent beaucoup de seniors aujourd’hui. Hamida, 81 ans, raconte-elle aussi ses aventures dans les champs de sa famille. « On avait de tout. Du blé, des bananes, du manioc, des tomates, de la salade, des brèdes, des fruits. À la maison on n’achetait presque rien. Même pas le riz. Tout venait de nos récoltes. Et on avait également un poulailler », se rappelle-t-elle. Les seuls aliments qu’ils se procuraient à l’extérieur étaient le poisson et la viande. Elle raconte d’ailleurs qu’ils mangeaient quotidiennement du poisson et très peu de viande. Et quand on leur demande de quelles façons ils consommaient tous ces aliments, la cuisson à l’eau et la grillade reviennent le plus souvent, même si Hamida avoue qu’ils leur arrivaient de faire frire les patates douces, parce qu’autrement elle ne les mangeait pas.

Cette ancienne génération prétend avoir eu la belle vie car tout ce qu’ils consommaient était frais. « Qu’est-ce qu’on mangeait bien avant Et surtout on ne mangeait pas de surgelés. Tous nos produits étaient frais. On n’achetait pas en abondance pour conserver après », soupire Mogné Ali, déplorant la surconsommation actuelle et se demandant pourquoi les gens ont besoin de tout acheter. Hamida quant à elle ne comprend pas l’apparition des maladies comme le diabète, l’hypertension ou l’obésité. « J’ai 81 ans, plus jeune je mangeais tout ce que je voulais et je n’ai jamais eu ce genre de maladies, Dieu merci. Ce n’est que récemment que j’entends parler de diabète ou d’hypertension. Et je suis persuadée que c’est à cause des modes de consommation et de conservation des aliments », affirme-t-elle. Amina pense que c’est également dû à la sédentarité des personnes. « Nous allions tous les jours aux champs. On bougeait beaucoup et ça c’est déjà du sport. Aujourd’hui les jeunes ne veulent rien faire », s’indigne-t-elle.

« JE N’AURAIS PAS ÉTÉ CAPABLE D’ALLER AU CHAMPS »

Les nouvelles générations sont justement à l’opposé de ce que faisaient ou mangeaient leurs grands-parents. « À la maison on mange souvent des pâtes et du riz. Mais on essaye de varier et manger mieux. Ce n’est pas évident parce qu’on n’est pas habitués mais ça vient petit à petit », raconte Noémie, 28 ans. Cette dernière avoue avoir pris conscience de l’importance de changer ses habitudes alimentaires à l’arrivée de son bébé il y a deux ans. « Pour lui je fais des efforts. Il mange des fruits et des légumes tous les jours. Je veux qu’il s’y habitue dès son plus jeune âge et qu’il ne soit pas comme nous. » Matie, une étudiante de 22 ans, affirme ne pas se soucier de cela. « Manger sain me coûte trop cher. Encore plus quand c’est bio. Alors je me contente de ce que je peux acheter comme les pâtes, les pommes de terre, les steaks et les cordons bleus. Tout ce qu’il ne faut pas », sourit-elle, consciente de ne pas avoir une alimentation équilibrée. Mais ces habitudes ne seraient pas seulement liées aux moyens économiques. Aurélie, 28 ans, travaille, et pourtant elle ne juge pas encore utile de se préoccuper de son alimentation. « Pourquoi manger sainement ? Des fois je fais des efforts mais cela dépend vraiment de mon humeur. Quand j’ai le temps, je prends des fruits au petit-déjeuner. »

Cependant, il serait injuste d’affirmer que tous les jeunes sont adeptes de la malbouffe. Certains essayent de varier leur alimentation et même de manger bio. « Je fais de plus en plus attention à ce que je mange. C’est très facile de manger les cinq fruits et légumes par jour recommandés. Au lieu de grignoter des chips je prends des fruits. Et à chaque repas je mange des légumes », explique Mia, 24 ans, qui se convertit par ailleurs au bio car elle est consciente des méfaits des pesticides sur la santé. Parmi tous ces jeunes, si certains font des efforts au niveau de l’alimentation, on constate que les plats traditionnels mahorais sont très peu présents dans la leurs habitudes. Les bananes, maniocs, brèdes, très peu pour eux. Et aucun ne souhaite vivre l’époque de leurs grands-parents où il fallait aller au champ pour manger. « Je ne pense pas que j’en aurais été capable. J’ai déjà du mal à aller à la salle de sport », confirme Matie

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