Le centre hospitalier de Mayotte a inauguré vendredi son unité pharmaceutique de production d’oxygène médical. Une installation qui permet à l’établissement de réduire drastiquement sa facture annuelle, de devenir autonome et indépendant de la métropole mais aussi de s’outiller en prévision de la deuxième vague du Covid-19.
« Le centre hospitalier de Mayotte est outillé et paré pour la deuxième vague », souligne Issa Issa Abdou, en sa qualité de président du conseil de surveillance, pour évoquer l’inauguration de l’unité pharmaceutique de production d’oxygène médical. Une bouffée d’air sachant que quelque mois plus tôt, un bateau en direction de La Réunion avait été dérouté vers le 101ème département pour le réapprovisionner. Ou encore lorsqu’en février 2018, l’hôpital s’était retrouvé avec seulement trois jours de stock… Une dépendance respiratoire depuis la métropole qui n’est plus qu’un lointain souvenir. « C’est une installation particulièrement stratégique sur laquelle nous ne pouvons pas faire l’impasse en site insulaire », assure Catherine Barbezieux, la directrice du CHM, qui se réjouit de devenir le deuxième établissement public de santé français à gagner cette autonomie, après celui de la Guadeloupe.
Un projet vieux de deux ans, autorisé par l’ARS et l’agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), qui se justifie dans les chiffres. En moyenne, la structure consomme 100.000 mètres cubes d’oxygène par an. Quantité évaporée en seulement trois mois avec le Covid-19 en cette année 2020. La spécificité de ce nouvel outil est de pouvoir continuellement ajuster sa production aux besoins des patients, comme le démontre le cadrant sur lequel s’affiche la consommation de 10 mètres cubes par heure et les 7.200 mètres cubes en réserve. Et surtout, cet équipement représente un investissement intelligent puisqu’il n’en coûtera que 1.2 million d’euros sur les quatre prochaines années contre une facture annuelle évaluée à 600.000 euros précédemment.
Pureté supérieure à la norme
Concernant le procédé de fabrication, rien de plus simple. « L’air passe par différentes étapes, comme la purification qui permet d’extraire l’eau et l’humidité ainsi que les impuretés organiques, de type hydrocarbures. Puis par un système de mailles, nous enlevons les particules en suspension et procédons à une filtration stérilisante. Enfin, nous retirons les impuretés gazeuses par système de compression, comme le CO2 et l’azote pour ne garder que l’oxygène pur », déroule le chef du service phamarcie, Makrem Ben Reguiga, qui précise qu’un contrôle de pureté en temps réel est réalisé par l’équipe de pharmaciens et de préparateurs. « La norme européenne est 93%, nous nous sommes entre 97 et 98% minimum ! »
Réglementation oblige, le CHM garde tout de même ses deux anciennes cuves de 10 et 27 litres ainsi qu’un réservoir de 11.000 mètres cubes pour avoir un plan de secours en cas de défaillance. « Nos équipes techniques sont formées pour arrêter l’installation dans le cadre d’un souci électrique prévisible. Et si par hasard, nous avons une panne non prévue, nous avons une équipe de maintenance à Kawéni qui se déplace 24h sur 24. » Tout se gère en télémétrie : les téléphones portables et les ordinateurs possèdent un schéma scénoptique d’installation avec les alarmes, tout comme le centre de sécurité de l’hôpital. Pas de doute, les 411 lits approvisionnés sont entre de bonnes mains. Cerise sur le gâteau, le nouvel équipement est surdimensionné pour faire face aux épidémies diverses, telles que la bronchiolite, et à l’augmentation de la population. « Nous pouvons tripler notre capacité de production », conclut Makrem Ben Reguiga. « Le CHM va pouvoir respirer plus facilement ! »
Mayotte Hebdo vise à contribuer au développement harmonieux de Mayotte en informant la population et en créant du lien social. Mayotte Hebdo valorise les acteurs locaux et les initiatives positives dans les domaines culturel, sportif, social et économique et donne la parole à toutes les sensibilités, permettant à chacun de s'exprimer et d'enrichir la compréhension collective. Cette philosophie constitue la raison d'être de Mayotte Hebdo.