Entre les tests négatifs demandés aux passagers par certains pays de destination, et le revirement de Madagascar sur la reprise des vols régionaux le 29 octobre prochain, la compagnie mahoraise peine à reprendre ses activités. Cette semaine, trois vols sont prévus au départ de Mayotte.
Difficile de remettre les gaz. Après presque huit mois d’activité quasi inexistante, la compagnie mahoraise Ewa Air a enfin pu opérer un vol commercial ce samedi, le premier depuis le mois de mars. En tout, 45 passagers ont embarqué dans l’ATR, direction Dar Es Salam. Au retour, l’appareil a volé à vide, étant donné la faible demande des voyageurs en sens inverse – une situation assez habituelle même en dehors du contexte de pandémie. Le prochain vol, qui aura lieu ce samedi, devrait repartir avec plus de passagers, pour la plupart des Mahorais de retour sur le territoire.
Mais dimanche, c’est la douche froide, pour la petite compagnie qui effectue surtout des trajets régionaux. Alors que l’État malgache a enfin levé l’état d’urgence sanitaire dans l’île voisine, son président Andry Rajoelina a déclaré au même moment renoncer à la réouverture des vols régionaux, prévue initialement le 29 octobre prochain. Le dernier vol de rapatriement à destination de la Grande Île décollera le 1er novembre. Désormais, seule Nosy Bé pourra continuer d’être desservie par les avions d’Ewa. “Cette décision va peser sur la compagnie, car Diego comme Majunga sont des destinations prisées pour nous. Donc nous n’opérons qu’une destination sur trois”, déplore Ayub Ingar, son directeur.
Etat d’urgence sanitaire
La raison de ce volte-face : la situation sanitaire toujours fragile dans les pays de l’océan Indien. Et Mayotte a peu de chance de bénéficier d’un passe-droit, même si le département reste pour l’instant plutôt épargné par la deuxième vague de Covid-19. Après à peine un mois de répit, le territoire est à nouveau passé sous état d’urgence sanitaire, à l’instar du reste du pays, frappé lui par une recrudescence de cas.
Heureusement, Ewa Air avait préféré jusque là jouer la carte de la prudence, malgré les annonces d’une réouverture prochaine des frontières. “Nous n’avions pas encore ouvert les réservations et bien nous en a pris ! Je pars du principe de ne pas relancer les vols tant que je n’ai pas reçu d’information officielle”, précise Ayub Ingar.
10% de l’activité normale
Reste que cette annonce ne fait pas les affaires de la compagnie, dont la reprise des activités est ainsi presque stoppée en plein vol. Pour l’instant, Ewa Air devra donc se contenter de ces quelques trajets hebdomadaires à destination de la Tanzanie ou de Nosy Bé. Cette semaine, deux vols vers l’île malgache sont ainsi prévus, un jeudi et un vendredi, en plus du vol de samedi vers Dar Es Salam. “D’ici la fin de l’année, on mise sur un maximum de 10% de notre activité normale”, poursuit le directeur.
L’épineuse question des tests
Avec une condition, cependant : les tests Covid, qui, s’ils ne sont pas demandés par l’État tanzanien, demeurent une obligation pour les passagers à destination de Nosy Bé. Ces derniers doivent effectuer le test PCR 72h avant leur vol. Le directeur d’Ewa Air s’est donc entretenu avec l’ARS pour s’assurer des stocks disponibles et pour discuter des éventuelles alternatives, comme le test antigénique. Réputé moins fiable, ce procédé technique doit en théorie permettre de désengorger les laboratoires, et permet d’obtenir un résultat en 30 minutes maximum. Encore faut-il que les différents pays de destination les acceptent, ce qui n’est pas encore le cas pour Madagascar. “Pour l’instant, nous avons eu la garantie que tous les voyageurs du vol de jeudi pourront effectuer le test PCR, mais nous ne sommes pas encore certains pour le vol de vendredi. J’ai donc aussi contacté le laboratoire privé”, explique Ayub Ingar. Si jamais les tests venaient à manquer, le vol pourrait être décalé. De son côté, l’ARS assure tout mettre en oeuvre pour garantir les stocks pour tous les passagers.
Mayotte Hebdo vise à contribuer au développement harmonieux de Mayotte en informant la population et en créant du lien social. Mayotte Hebdo valorise les acteurs locaux et les initiatives positives dans les domaines culturel, sportif, social et économique et donne la parole à toutes les sensibilités, permettant à chacun de s'exprimer et d'enrichir la compréhension collective. Cette philosophie constitue la raison d'être de Mayotte Hebdo.