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Les personnes qui consultent des médecins libéraux ne peuvent pas se faire rembourser s’ils se font opérer ailleurs en France alors qu’ils cotisent à la Caisse de sécurité sociale de Mayotte (CSSM). Une mesure injuste qu’Anchya Bamana veut réformer.

Un mois après avoir été élue députée, Anchya Bamana a présenté, mercredi 7 août, les mesures de santé qu’elle veut porter pour Mayotte à l’Assemblée nationale. L’ancienne maire de Sada veut réformer l’Evasan (évacuation sanitaire) et permettre aux patients de médecins libéraux de pouvoir se faire rembourser en cas d’opérations ailleurs en France.

Alors qu’aucun gouvernement n’est nommé à ce jour, les parlementaires se sont déjà mis au travail. Élue députée sous les couleurs du Rassemblement national, le 7 juillet, Anchya Bamana a intégré la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, lors de la première session parlementaire. Elle a été nommée rapporteur du volet santé du projet de loi des finances 2025. Mercredi 7 août, elle a organisé une conférence de presse au bar le 5/5 pour présenter les projets en termes de santé qu’elle veut porter pour Mayotte où on observe trop souvent « un phénomène de renoncement et de non-recours aux soins », regrette-t-elle.

Élargir l’Evasan

L’une de ses priorités ? Réformer le décret sur l’évacuation sanitaire (Evasan) qui date de 2004.  « Vingt ans après avoir été adopté, le dispositif doit être renouvelé, il y a des insuffisances », juge l’ancienne maire de Sada. Aujourd’hui, les médecins libéraux et les associations de malades ne siègent pas au sein de la commission d’évacuation sanitaire, elle souhaite qu’ils y soient intégrés. « Aujourd’hui, beaucoup de personnes consultent des médecins libéraux. S’ils détectent une suspicion de cancer de sein par exemple, ils peuvent suggérer d’aller se faire soigner ailleurs, car à Mayotte, il n’y a pas toutes les spécialités. Mais si elle est envoyée à La Réunion ou en métropole par son médecin libéral, la personne n’est pas remboursée. Pourtant, elle cotise à la Caisse de sécurité sociale de Mayotte » déplore la néo-députée qui souhaite mettre fin à cette injustice. Pour mettre en place cette réforme, celle qui était salariée de l’Agence régionale de Santé (ARS) jusqu’en juillet compte se rapprocher de l’agence de Corse. « Ils pratiquent les Evasan et ont inclus les médecins libéraux et associations de malades dans leur dispositif ».

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Anchya Bamana et son suppléant Mahamoud Sidi Moukou, lors de la conférence de presse au bar le 5/5.

Autre chantier qu’elle souhaite pousser : évaluer le coût des soins des personnes en situation irrégulière à Mayotte. « Cette évaluation n’a jamais été faite sur le territoire, il serait pourtant légitime que les Mahorais en sachent plus », affirme la parlementaire. A ce titre, elle souhaite l’audition du centre hospitalier de Mayotte (CHM). Pour rappel, l’aide médicale d’État (AME) n’existe pas à Mayotte, mais une compensation est octroyée au centre mahorais.

Opposée aux Padhue

Par ailleurs, face au désert médical que connaît Mayotte et pour améliorer la prise en charge des Mahorais, Anchya Bamana souhaite que soit impulsée « une politique pour permettre aux jeunes Mahorais de se former dans les différents champs de la santé ». En revanche, la députée a exprimé son opposition au recrutement de praticiens à diplôme hors Union européenne (Padhue). « Ce sont des médecins dont on n’a pas contrôlé les connaissances (N.D.L.R. le directeur de l’ARS Mayotte et une commission doivent déterminer si le patricien peut exercer à Mayotte). Je partage l’inquiétude de la population face à leur recrutement », critique-t-elle, estimant que le mode de recrutement qui sera mis en œuvre à Mayotte n’est pas le même que celui qui existe pour les médecins hors UE qui travaillent en métropole. Elle y voit à nouveau une « dérogation pour Mayotte » opposé au projet politique qu’elle défend qui vise « à se battre pour une justice sociale et une égalité républicaine parce que nous sommes des Français à part entière comme tous les autres ».